La communauté druze reprend les manifestations contre la loi sur l’État-nation
Selon les Druzes, cette loi entérine les inégalités en Israël ; un député druze la qualifie de "honte" et de "trahison"

Des dizaines de Druzes ont manifesté devant la Knesset lundi pour protester contre la loi sur l’État-nation. Ils estiment que ce texte les relègue au rang de citoyens de seconde catégorie.
Alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu ouvrait la session parlementaire d’hiver, les manifestants à l’extérieur scandaient « Nous n’allons nulle part. La loi sur l’État-nation doit être amendée ». D’autres brandissaient des panneaux sur lesquels on pouvait lire « Les frères ne s’abandonnent pas » et « L’égalité est la plus haute des valeurs ».
Saleh Saad, un député druze du parti d’opposition Union sioniste a déclaré que la loi adoptée par la Knesset lors de la dernière session parlementaire est « une honte » et une « trahison pour la communauté druze ».
Il a déclaré que les événements de lundi marquent la reprise des manifestations contre cette loi.
Saad a appelé des soutiens contre cette loi qui, dit-il, « porte atteinte à l’égalité, aux minorités, et contredit la Déclaration d’Indépendance ».

La loi sur l’État-nation adoptée par la Knesset en juillet consacre Israël en tant que « foyer national du peuple juif » et stipule que « le droit d’exercer l’autodétermination nationale dans l’État d’Israël est propre au peuple juif ». Elle a été vivement critiquée par les minorités, par l’opposition, par la communauté internationale et par les groupes juifs à l’étranger.
Ses détracteurs estiment qu’elle contrevient aux fondements du système légal israélien et à la Déclaration d’Indépendance, en officialisant l’inégalité entre les citoyens.
La minorité druze a été particulièrement ébranlée par ce projet de loi. Ses membres, qui sont nombreux à servir dans l’armée israélienne, estiment que les dispositions de la loi font d’eux des citoyens de seconde classe.
En août, un groupe de Druze israéliens a déposé une pétition devant la Cour suprême pour faire abroger la loi. Ils affirment qu’elle crée « une discrimination basée sur la race, qu’elle exclut 20 % des citoyens de la nation et qu’elle crée des castes au sein de la société israélienne ».
Plusieurs officiers druzes ont démissionné de l’armée israélienne en réaction à l’adoption de cette loi.
Des dirigeants arabes et bédouins, des groupes de défense des droits de l’Homme, des universitaires, et les partis politiques du Meretz et de la Liste arabe unie ont également demandé à la Cour de faire abroger cette loi.

En août, 50 000 personnes ont participé à un rassemblement organisé par la communauté druze à Tel Aviv, notamment des responsables de l’armées israélienne. De la même manière, un rassemblement organisé par la communauté arabe à Tel Aviv a réuni 30 000 manifestants.
Le gouvernement Netanyahu affirme que la nouvelle loi ne fait que consacrer le caractère existant du pays. Selon lui, la nature démocratique d’Israël et les dispositions en faveur de l’égalité sont déjà ancrées dans la législation existante.
Le mois dernier, le procureur général Avichai Mandelblit a déclaré que la loi ne viole aucunement les droits des minorités parce qu’elle ne contourne pas les lois fondamentales qui garantissent l’égalité.
Netanyahu a tenté d’apaiser la colère des Druzes en leur octroyant certains avantages. Il a aussi souligné qu’il s’oppose à l’amendement du texte de loi.
La législation sur l’État-nation a été adoptée sous forme d’une loi dite fondamentale qui, à l’instar d’une Constitution, sous-tend le système juridique israélien et est plus difficile à abroger que les lois ordinaires.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.
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