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La convergence Hanoukka-Noël cette année relance les dilemmes des familles mixtes

Alors qu'ils préparent "Chrisnoukkah" la semaine prochaine, les ménages juifs et chrétiens américains trouvent des moyens personnalisés d'honorer les traditions des deux conjoints

Une hanoukkiya allumée, et un sapin de Noël en arrière-plan. (Crédit : Photovs/iStock)
Une hanoukkiya allumée, et un sapin de Noël en arrière-plan. (Crédit : Photovs/iStock)

JTA – Lorsque Sarah Levitin a rendu visite pour la première fois à la famille catholique de son époux à l’occasion de Noël, elle ne s’attendait pas à voir une hanoukkiah dans leur maison.

C’était en 2016, et la première nuit de Hanoukka tombait la veille de Noël. Sarah, qui a grandi dans une école juive et qui s’est rendue en Israël dans le cadre programme populaire Taglit-Birthright, n’avait pas prévu d’allumer les bougies de Hanoukka lorsqu’elle a intégré la famille sicilienne et polonaise de son petit ami pour Noël. Mais dans la mesure où cette famille s’était efforcée de tenir compte de ses traditions, elle s’est pliée à ce rituel.

« J’ai été incroyablement émue par ce geste », s’est souvenue Sarah, 32 ans, lors d’une interview.

« Ce geste, en soi, était pour moi un signe que nous pouvions faire en sorte que cela fonctionne, que la mixité est possible et qu’il y a un moyen de se mélanger et de s’approprier les coutumes [de l’autre]. »

Huit ans plus tard, la convergence des fêtes que beaucoup appellent « Chrisnoukkah » est de retour, puisque la première nuit de Hanoukka tombe cette année le 25 décembre, soit le jour de Noël. Pour les familles mixtes, ce chevauchement offre une nouvelle occasion de combiner les traditions des fêtes ou d’en créer de nouvelles, tout en mettant en évidence les tensions qui peuvent accompagner la cohabitation de plusieurs religions.

Pour Laurie Beijen et sa famille, cette tradition a consisté à partir en voyage pendant les vacances scolaires – et à complètement éviter les fêtes.

Un sapin de Noël devant les marches ouest du Capitole de Californie, à Sacramento, Californie, le 6 décembre 2023. (Crédit : Adam Beam/AP)

Laurie, 50 ans, est originaire de San Francisco. Elle a grandi en étant agnostique et a épousé Ben, un Juif originaire de Caroline du Nord.

Lorsque le couple a commencé à se fréquenter, il y a près de 25 ans, il a été confronté à un dilemme courant dans les relations interconfessionnelles, comme l’a dit Laurie : « l’éternel débat : faire un sapin ou ne pas en faire ».

« Lorsque nous avons commencé à sortir ensemble, j’ai été étonnée qu’il ait une telle réaction à l’égard de Noël, car pour moi, ce n’était pas une fête religieuse », a expliqué Laurie.

« C’était [quelque chose de] laïc. Le sapin sent bon. Une fois par an, on peut installer un sapin à l’intérieur de sa maison. Où est le problème ? »

Laurie a essayé plusieurs approches différentes. Elle a acheté un petit sapin de table à base de romarin. Elle a décoré la cheminée avec des guirlandes vertes. Mais aucune de ses solutions n’était acceptable pour son mari juif.

Une année, alors qu’elle se trouvait dans un magasin qui passait de la musique de Noël en boucle, Laurie a réalisé qu’elle était elle aussi de plus en plus gênée par les accessoires de la fête. Elle a alors eu un déclic.

« Lorsque je me suis retrouvée à adopter son caractère grincheux, faute d’un meilleur mot, j’ai l’impression que cela a marqué un tournant dans notre relation et que nous avons compris que nous voulions que notre maison soit un espace sûr », a-t-elle expliqué.

« Si cela nuisait à son confort et à son humeur, cela ne valait pas la peine que j’essaie d’apporter quoique ce soit qui ressemblait à un sapin de Noël. »

De gauche à droite : Alden Van Dam, Jacob Tulchin et Bailey Tulchin fêtant Hanoukka, dans l’Utah, en 2019. (Crédit : Laurie Beijen)

Aujourd’hui, la famille de Laurie a sa propre tradition pour les fêtes de fin d’année : elle quitte la ville. Ils vont skier dans l’Utah, puis voyagent dans un endroit chaud – cette année, à Cozumel. Mais même cette coutume sans religion a une composante festive : la famille avec laquelle ils voyagent, bien que non juive, demande toujours à Laurie d’apporter de la pâte à latkes – galettes de pommes de terre – pour les faire frire ensemble dans l’Utah.

Laurie s’est convertie au judaïsme en 2015, dix ans après son mariage. Elle a expliqué qu’elle avait été attirée par l’idée d’officialiser ce qu’elle vivait déjà depuis de nombreuses années : ses enfants vont à l’école juive et sa famille est active à la synagogue. Cependant, même après sa conversion, Laurie a toujours l’impression d’être une famille mixte.

« J’ai toujours l’impression que nous avons des problèmes interconfessionnels, à cause de ma famille élargie et parce que je n’ai pas grandi dans la religion juive », a confié Laurie.

« Je n’ai pas vécu l’expérience de beaucoup de gens qui jouent à la ‘géographie juive’ lorsqu’ils rencontrent quelqu’un pour la première fois. Je ne suis pas allée en colonie de vacances. Je n’ai pas connu les groupes de jeunesse. »

Adam Pollack, responsable des programmes de 18Doors, une association juive à but non lucratif qui soutient les couples et les familles interconfessionnels, a expliqué que son organisation reçoit davantage de questions de la part des familles à l’approche des vacances d’hiver. Et ce ne sont pas seulement les jeunes couples qui demandent des conseils, mais aussi les jeunes parents, les couples qui souhaitent réimaginer leurs traditions de vacances après plusieurs années de relation et plein de grands-parents.

« En général, nous abordons les fêtes de fin d’année comme une aubaine lorsque nous en parlons avec les personnes qui viennent nous rendre visite », a déclaré Pollack.

« Il peut sembler difficile de réfléchir à la manière d’honorer et de respecter des identités et des origines multiples, mais c’est en réalité une richesse. Il n’y a pas qu’une seule façon de procéder. »

Pollack a ajouté qu’il ne s’agit pas seulement d’équilibrer les célébrations pour éviter le chevauchement des fêtes. C’est aussi une question de dynamique familiale, qui s’est compliquée depuis le 7 octobre 2023, date à laquelle le groupe terroriste palestinien du Hamas a perpétré un pogrom dans le sud d’Israël, tuant plus de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et enlevant 251 otages.

« Les effets du 7 octobre, de la guerre et de la montée de l’antisémitisme sont ressentis différemment dans les familles mixtes et dans les familles juives. »

« Il y a aussi des questions du type : comment puis-je voir ce membre de ma famille qui a mis ce genre de choses en ligne ? Je sais que je vais les voir, aidez-moi à y réfléchir. »

18Doors propose un certain nombre de ressources en ligne pour aider les familles à passer les fêtes de fin d’année, comme un guide des cadeaux de Hanoukka qui comprend des classiques de la fête – tels que des pyjamas de Hanoukka et des hanoukkiot adaptées aux enfants – ainsi que des offres pour les familles interconfessionnelles, comme un ornement de sapin de Noël « Jewdolph », le renne.

Le rabbin Nolan Lebovitz, dont la synagogue Valley Beth Shalom de Los Angeles, affiliée au courant Massorti, supervise des dizaines de conversions chaque année, adopte une approche différente.

Un chandelier de Hanoukka, des latkes, et un sapin de Noël en arrière-plan. (Crédit : 500/iStock)

Lorsqu’il conseille les familles mixtes sur la manière de gérer les fêtes, il leur recommande d’honorer leurs obligations familiales à l’occasion de Noël, mais de pratiquer Hanoukka indépendamment.

« Je les encourage souvent à créer un espace juif avec un chandelier de Hanoukka, les latkes et tout cet espace traditionnel à la maison, avant d’aller chez les beaux-parents pour célébrer leur tradition de l’arbre et l’histoire de la foi qui fait partie intégrante de Noël », a-t-il expliqué.

« Je pense que le judaïsme a toujours été gêné par le mélange de deux catégories différentes, qu’il s’agisse de la viande et du lait, ou des fêtes de deux traditions religieuses différentes. »

En d’autres termes, a déclaré Lebovitz, « je ne pense pas que Chrisnoukkah soit la bonne approche, même si elle présente un avantage certain en matière de marketing ».

Illustration : Une famille célébrant Hanoukka. (Crédit : Drazen Zigic/iStock Images)

Pour certaines familles, cependant, les objets rituels associés à chaque fête représentent l’occasion idéale de mélanger les traditions. Anthony Witte, qui s’est lié d’amitié avec Laurie lors d’un cours centre communautaire juif pour les couples interconfessionnels à San Francisco, décore par exemple l’arbre de Noël de sa famille avec une étoile de David.

Witte, 57 ans, a grandi dans une famille mixte et a maintenant sa propre famille. Il a déclaré que, bien qu’il n’ait pas célébré sa bar mitzvah, il se sent toujours lié à ses origines juives, qu’il souhaite transmettre à son fils.

« Lorsque notre fils est né, ou avant, nous avons convenu que, parce que le judaïsme comptait plus pour moi que le protestantisme pour ma compagne, nous éleverions notre enfant dans la religion juive », a indiqué Witte.

« C’est donc devenu ma tâche, ma mission impossible, d’apprendre tout ce que je pouvais. »

La famille Witte célèbre Hanoukka et Noël. Il se souvient d’une phrase prononcée lors d’un précédent cours, à l’intention d’un conjoint juif qui ne se sentait pas à l’aise à l’idée de célébrer Noël : « Tu es d’accord pour avoir un chrétien à la maison, mais pas un sapin ? »

« Pour moi, c’était une sorte de cristallisation – absolument, je prends cette personne et ses traditions. C’est ça la mixité », a noté Witte.

« On ne peut pas avoir l’un sans l’autre. Alors non seulement je suis d’accord avec ça, mais je le soutiens. Et maintenant, c’est vraiment notre histoire. Nous faisons tout cela. Nous avons un arbre de Noël et nous le décorons. Nous avons une hanoukkiah, nous faisons des latkes et tout ce que nous pouvons trouver. »

Chaque année, Sarah décore la cheminée de son salon en y ajoutant des éléments de Hanoukka et de Noël. Cette année, elle a installé des petites pancartes sur lesquelles on peut lire « Joyeux Chrisnoukkah » et « Décorez les couloirs avec des boulettes de matzah », ainsi que de petits sapins de Noël et d’autres éléments de Hanoukka.

Les décorations de Noël de Sarah Levitin, qui comporte des clins d’œil à Hanoukka, Noël et leur chevauchement en 2024. (Crédit : Autorisation)

Pour faire un clin d’œil aux racines de sa famille originaire de l’ancienne Union soviétique, Sarah décore également un arbre du Nouvel An – dans le cadre d’une célébration appelée Novy God – qui ressemble à un arbre de Noël, mais qui, chez elle, est décoré d’ornements bleus, blancs et argentés, ainsi qu’une coiffe ukrainienne.

« En soi, c’est un mélange », a déclaré Sarah.

« Oui, Dan a un sapin, mais nous pouvons l’orner de choses qui sont importantes pour moi en raison de mon héritage, et nous allons essayer d’en faire un sapin culturel laïc, plutôt qu’un sapin de Noël et du Père Noël. »

Sarah a expliqué qu’elle et son mari avaient connu une sorte d’évolution dans leur approche de Noël. Pendant des années, alors qu’ils célébraient Noël avec la famille de Dan, elle a dit qu’elle minimisait inconsciemment l’approche juive classique de la fête : manger de la nourriture chinoise et regarder un film.

« Dans ma tête, ce n’était pas vraiment notre fête, même si nous avions nos traditions, parce que c’était sa fête à lui. Sa famille allait à la messe. Je voulais vraiment honorer cela », a déclaré Sarah.

Mais tout a changé l’année dernière, lorsque Sarah est tombée enceinte et qu’ils ont décidé de ne pas voyager pour les fêtes. Au lieu de cela, Dan s’est rendu à Brooklyn, une banlieue très juive de Boston proche de leur lieu de résidence, pour acheter de la nourriture chinoise.

« Il s’est dit : ‘Je n’ai jamais vu autant de monde et un restaurant aussi bondé à Noël’ », a raconté Sarah.

« C’est à ce moment-là qu’il s’est rendu compte que notre famille ne fêtait peut-être pas Noël, mais que nous avions aussi des traditions, que nous les avions ignorées pendant six ans et qu’il était temps de les réintégrer, même si elles ne correspondaient pas à la signification religieuse de Noël. »

Puis, nouvelle surprise : leur fille Esther est née le jour de Noël, avec quatre semaines d’avance.

« Cela met vraiment en perspective la priorisation des choses importantes à mes yeux », a souligné Sarah.

« Par-dessus tout, je vois l’anniversaire de ma fille avant les fêtes, même si Dan est allé à l’église, à la messe et au catéchisme, même si j’ai été en contact avec ma foi juive, culturellement, religieusement, et ainsi de suite. Notre fille est notre priorité. »

Sarah a expliqué que cette année, Dan et elle fêteront la veille de Noël avec sa famille, puis le premier anniversaire d’Esther, en commençant par un petit-déjeuner composé de latkes. Selon elle, le fait d’inclure l’anniversaire de sa fille dans les considérations relatives aux vacances les obligera à faire preuve de souplesse.

« Il se peut que nous ne fassions pas moitié-moitié chaque année », a déclaré Sarah.

« Certaines années, nous mettrons davantage l’accent sur Noël. D’autres années, ce sera plus sur Hanoukka. Et parfois, nous mettrons davantage l’accent sur son anniversaire. Ça n’a pas vraiment d’importance. »

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