La Cour rejette la demande de libération d’un prédicateur islamique
Sheikh Raed Saleh a soutenu que les sermons qui lui ont valu une arrestation pour incitation au terrorisme ont été sortis de leur contexte
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Le parquet de Haïfa a rejeté lundi la demande de libération d’un prédicateur islamique, accusé d’incitation au terrorisme, et ce jusqu’à la fin de son procès.
Sheikh Raed Saleh, membre de la branche nord du Mouvement islamique, désormais rendue illégale par Israël, a été placé en détention provisoire depuis son arrestation en août. Les procureurs l’avaient accusé d’incitation au terrorisme, entre autres, après qu’il a félicité trois arabes israéliens d’avoir tué deux policiers en juillet, devant le complexe du mont du Temple à Jérusalem.
Parmi ses appels à la haine, la plainte déposée à la Cour des Magistrats de Haïfa évoque un discours prononcé par Saleh à l’enterrement des trois auteurs de l’attentat du mont du Temple, qui comme Saleh, étaient originaires de la ville arabe israélienne d’Umm al-Fahm.
Le juge Erez Porat, qui a statué contre la demande de libération de Saleh, a écrit que le prédicateur avait « tenu de façon répétée des propos baignés de sang, dans un contexte tendu et explosif, et s’est ainsi révélé être une menace pour le bien-être public. »
« Cela s’avère d’autant plus vrai que l’accusé a un casier judiciaire truffé de crimes similaires, qu’il ne semble pas craindre les autorités, qu’il attaque à maintes reprises le gouvernement et les forces de l’ordre, et qu’il appelle à davantage d’actes terroristes contre eux », a déclaré Porat.
Dans son discours, Saleh avait salué les trois assaillants du mont du Temple, des « martyrs », et avait imploré « Dieu d’être miséricordieux envers eux ».
Les trois Arabes israéliens avaient abattu deux officiers de police grâce à deux armes qu’ils ont fait rentrer clandestinement sur le mont du Temple, grâce à un complice.
La plainte accuse également Saleh d’avoir soutenu une organisation illégale, et décrit la façon dont il a publié sur son compte Facebook personnel un contenu à teneur violente ou terroriste, a indiqué le ministère de la Justice dans un communiqué.
La prolongation de sa détention jusqu’à la fin du procès avait initialement été décidée par le parquet de Haïfa en réponse à une demande de la défense. Dans sa demande de libération, Saleh avait soutenu que ses propos avaient été sortis de leur contexte religieux, et qu’il n’a donc commis aucune infraction pénale.
Porat a rejeté cet argument, indiquant que les déclarations de Saleh étaient des paroles « d’encouragement et de soutien pour ceux qui choisissent de se confronter aux forces de l’ordre au mont du Temple ».
Il a également souligné qu’un arabe israélien a été arrêté alors qu’il s’apprêtait à commettre une attaque au couteau à Tel Aviv. Il avait dit aux enquêteurs qu’il avait été inspiré par les sermons de Saleh.
Après l’attentat de juillet, Israël a interdit aux musulmans de se rendre sur le mont du Temple, et n’a rouvert le site qu’après y avoir installé des détecteurs de métaux.
Les fidèles musulmans avaient réagi en boycottant le site jusqu’à ce qu’ils soient retirés.
En plus des affrontements quotidiens dans la Vieille Ville, cette mesure avait également déclenché de violents affrontements entre la police et les manifestants. Cinq palestiniens ont été tués durant ces affrontements.
Ces tensions avaient également motivé un terroriste palestinien, qui a poignardé à mort trois membres de la famille Salomon durant un repas de Shabbat, à leur domicile, dans l’implantation de Halamish en Cisjordanie.
Dans le cadre de cette plainte, les procureurs ont accusé Saleh de deux chefs d’accusation supplémentaires pour incitation au terrorisme, suite aux discours qu’il a donné dans ce contexte particulièrement tendu.
Salah a été accusé de faire partie d’une organisation illégale, en raison de ses activités pour la branche nord du Mouvement islamique. Ce mouvement a été rendu illégal en 2015, accusée d’entretenir des liens avec les groupes terroristes et d’alimenter la vague de violence qui a pris la forme d’attaques au couteau et à la voiture-bélier.