La Cour suprême gèle la démolition du village bédouin de Cisjordanie
L'État a une semaine pour répondre à la plainte de Khan al-Ahmar ; l'administration civile aurait refusé d'examiner les propositions des habitants pour légaliser leur logement
La Cour suprême de justice a émis jeudi soir une injonction temporaire empêchant l’État de réaliser des opérations de démolition d’un village bédouin de Cisjordanie.
Suite à une procédure en référé présentée par Alaa Mahajna au nom de la communauté bédouine de Khan al-Ahmar, le tribunal a gelé la démolition du village, donnant à l’Etat jusqu’au 11 juillet pour y répondre.
La requête indique que l’administration civile, responsable des permis de construire en Cisjordanie, n’a jamais proposé de mesures pour légaliser le village et a refusé d’examiner une proposition soumise par les villageois.
Après des années de batailles juridiques, la Cour suprême avait approuvé la démolition en mai. L’État affirme que les structures ont été construites sans permis de construire et représentent une menace pour les résidents en raison de leur proximité avec une autoroute.
Mais les militants affirment que les villageois – qui vivent sur le site depuis les années 1950, après que l’État les a expulsés de leurs maisons du Néguev – n’avaient guère d’autre choix que de construire sans permis de construire israélien, car ceux-ci ne sont presque jamais délivrés aux Palestiniens pour construire dans certaines parties de la Cisjordanie, comme Khan al-Ahmar, où Israël a le contrôle total des affaires civiles.
Le village se compose principalement de structures de fortune en fer blanc et en bois, comme c’est traditionnellement le cas dans les villages bédouins.
Israël s’est engagé à réinstaller les résidents, dont le nombre, selon l’ONU, est de 180 personnes.
Israël dit avoir offert aux occupants un autre emplacement, près d’une décharge appartenant à la ville palestinienne d’Abu Dis. Les villageois bédouins disent que l’endroit n’est pas adapté à leur mode de vie et ont affirmé que les habitants d’Abu Dis les ont avertis de ne pas y aller.
Mardi, des militants ont déclaré qu’Israël a émis des ordres autorisant le contrôle des routes d’accès au village.
Depuis, des engins de chantier y ont été vus et, jeudi, on a pu voir des bulldozers élargir la route d’accès au village, laissant supposer que la route était en cours d’aménagement pour faciliter l’évacuation et la démolition.
Mercredi, des affrontements ont éclaté entre la police et les manifestants au village. Les résidents et les militants ont tenté d’empêcher la progression des véhicules de chantier, ce qui a donné lieu à des bagarres violentes.
La police a déclaré dans un communiqué que 11 personnes ont été arrêtées lors de troubles sur le site et que des pierres ont été lancées sur les policiers. L’ONG israélienne de défense des droits de l’homme B’Tselem a déclaré que parmi les personnes détenues figurait le responsable des enquêtes sur le terrain de son organisation.
Et jeudi, des diplomates européens ont tenté de rendre une visite de solidarité au village, mais la police leur a interdit de se rendre dans une école.
Des diplomates de Belgique, de Finlande, de France, d’Irlande, d’Italie, d’Espagne et de Suisse ont voulu visiter l’école financée par plusieurs pays européens, mais ils ont été refoulés à l’entrée du village.
La police sur les lieux a déclaré que la zone avait été déclarée zone militaire fermée.
« Nous avons été informés par les dirigeants locaux, mais les forces de sécurité nous ont refusé l’accès à l’école », a écrit le bureau de représentation irlandais en Cisjordanie sur son fil Twitter officiel.
« Nous voulions témoigner notre solidarité avec ce village menacé de destruction, pour des raisons humanitaires et parce qu’il s’agit d’un enjeu majeur du droit international », a déclaré le Consul général de France à Jérusalem, Pierre Cochard, aux journalistes présents sur place.
Il a dit que démolir le village serait une violation de la Convention de Genève, énonçant les obligations d’un occupant [sic] envers ceux qui sont sous son contrôle.
Cela compliquerait aussi considérablement la recherche d’une solution à deux états au conflit israélo-palestinien, a-t-il ajouté.
Les opposants à la démolition affirment qu’elle s’inscrit dans le cadre d’un effort visant à permettre l’expansion de l’implantation voisine de Kfar Adumim et à créer une région de contrôle israélien continu de Jérusalem à la mer Morte.
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