La créatrice israélienne d’Exelon prévoit la fin de la maladie d’Alzheimer
Le prochain grand défi de la médecine est d'aider les gens à avoir une meilleure vie, explique Marta Weinstock-Rosin
David Shamah édite notre section « Start-Up Israel ». Spécialiste depuis plus de dix ans en technologies et en informatique, il est un expert reconnu des start-up israéliennes, de la high-tech, des biotechnologies et des solutions environnementales.
Marta Weinstock-Rosin, la créatrice d’Exelon, un médicament qui améliore la mémoire et ralentit son déclin chez les sujets atteints de la maladie d’Alzheimer, croit fermement en la capacité de la médecine à aider les gens à vivre plus longtemps en ayant une meilleure qualité de vie.
« C’est triste de voir quelqu’un qui est atteint d’une maladie comme la maladie d’Alzheimer », a déclaré Weinstock-Rosin au Times of Israel. « D’autre part, la maladie d’Alzheimer est un phénomène moderne ; Il y a 100 ans vous n’auriez jamais vu des gens comme ça parce qu’ils mourraient d’autres maladies avant que leur cerveau ne se dégénère. »
Elle est persuadée qu’un traitement préventif sera trouvé pour la maladie d’Alzheimer et les autres maladies du cerveau, ainsi que le cancer, les maladies cardiaques, et les autres grands défis médicaux de l’ère moderne. Exelon, le médicament qu’elle a créé pour traiter la maladie d’Alzheimer, n’est qu’un début.
« Un jeune d’aujourd’hui pourra vivre le moment où la maladie d’Alzheimer et la plupart des autres grands défis deviendront évitables », prédit-elle.
La rivastigmine, commercialisée sous le nom Exelon, est l’un des médicaments les plus importants qui a émergé des laboratoires de recherche médicale israéliens au cours de ces dernières années.
En reconnaissance de ce fait, son développeur en chef, Weinstock-Rosin, a reçu le Prix Israël de la médecine l’an dernier. De plus, Weinstock-Rosin a reçu l’honneur d’être choisie cette année pour allumer l’un des douze flambeaux qui inaugurent le Jour de l’Indépendance d’Israël.
Les torches sont traditionnellement allumées par des individus qui ont apporté une contribution significative à la vie israélienne. Cette année, l’accent a été mis sur les personnes qui ont fait « des innovations révolutionnaires » dans le domaine de la science, de la technologie, des affaires et de la culture.
À bien des égards, Exelon et son inventrice ont ouvert de nouvelles voies dans la médecine et la société israélienne. Weinstock-Rosin, qui est orthodoxe, est née à Vienne et a fui avec sa famille en Grande-Bretagne en 1939, échappant de peu aux Nazis.
Elle est venue s’installer en Israël avec sa famille en 1969, et est devenu professeure à l’université hébraïque en 1981. En 1983, elle est devenue chef du département de pharmacologie de la Faculté de médecine de l’université hébraïque (qui fait maintenant partie de l’Institut de recherche sur les médicaments).
La molécule de la Rivastigmine, mise au point par Weinstock-Rosin, a été reconstituée par Novartis dans l’Exelon Patch, le premier et seul patch transdermique approuvé par la FDA pour le traitement de la maladie d’Alzheimer.
De nombreux chercheurs sont persuadés que cette maladie est la conséquence du déclin cognitif dû à une perte d’un neurotransmetteur du cerveau appelé acétylcholine. L’acétylcholine est nécessaire pour la communication des cellules nerveuses entre elles.
La Rivastigmine prévient la dégradation de l’acétylcholine grâce à une enzyme appelée acétylcholinestérase. La recherche menée par Weinstock-Rosin a démontré qu’en faisant cela, il est possible de ralentir la progression de la perte de mémoire dû à la maladie d’Alzheimer.
Comme il n’existe actuellement aucun traitement pour lutter contre la maladie d’Alzheimer, Exelon est considéré comme l’un des traitements les plus efficaces pour combattre la maladie. Utilisé par les patients, deux fois par jour sous forme de capsules ou une fois par jour sous forme de patch, Novartis a vendu l’équivalent de plus d’un milliard de dollars d’Exelon en 2013.
Novartis a acquis Exelon grâce à la société de transfert technologique de l’Université hébraïque, Yissum, qui a établi de nombreuses entreprises depuis 1964 sur la base des recherches effectuées par des scientifiques de l’université hébraïque, comme l’innovation en matière de la sécurité routière Mobileye.
Au total, les produits basés sur les technologies développées par l’Université Hébraïque qui ont été commercialisés par Yissum ont généré 2 milliards de dollars en ventes annuelles. Yissum a enregistré plus de 8 100 brevets couvrant 2 300 inventions et a aussi enregistré 700 licences technologiques. Les start-ups issues de Yissum se sont associées ou ont été acquises par des sociétés comme Syngenta, Monsanto, Roche, Novartis, Microsoft, Johnson & Johnson, Merck, Intel, Teva et bien d’autres.
Elle a eu la chance de pouvoir effectuer ses recherches dans un cadre universitaire, a déclaré Weinstock-Rosin. « Une bonne recherche demande du temps et de l’engagement, ce qui fait bien souvent défaut dans les entreprises pharmaceutiques, alors que l’argent manque dans les universités. »
Les recherches actuelles de Weinstock-Rosin se concentrent sur un médicament appelé Ladostigil, qui, à l’origine, a été développé en collaboration avec le professeur Moussa Youdim de Technion et Teva Pharmaceuticals pour traiter la maladie d’Alzheimer.
Weinstock-Rosin a découvert qu’avec une dose beaucoup plus faible, il peut empêcher la détérioration de la mémoire chez les rats vieillissants grâce à un mécanisme d’action différent de la rivastigmine. Il peut également être en mesure de le faire pour les cas de déficience cognitive légère (MCI), l’un des premiers stades de la maladie d’Alzheimer chez les humains.
Le médicament est actuellement en phase II d’un essai clinique de trois ans en Israël et en Europe chez les sujets atteints de MCI pour la prévention de la maladie d’Alzheimer.
Pour les médecins, la recherche sur les maladies du cerveau est le prochain grand défi, a déclaré Weinstock-Rosin.
« Nous avons fait beaucoup pour maintenir les gens en vie plus longtemps, mais maintenant nous devons les aider à avoir une vie de meilleure qualité en découvrant les moyens de ralentir ou même de prévenir la détérioration mentale. Quel est l’intérêt de vivre 150 ans sans faculté mentale ? »