La dirigeante du Conseil démocrate juif d’Amérique traite Trump de « dépravé »
Selon Halie Soifer, le président, qui a qualifié de "très bonnes personnes" des manifestants anti-confinement, dont certains portaient des symboles nazis, encourage l'extrémisme
Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël
WASHINGTON – La présidente du Conseil démocratique juif d’Amérique [Jewish Democratic Council of America – JDCA], a qualifié vendredi le président Donald Trump de « dépravé » après que ce dernier eut qualifié de « très bonnes personnes » des manifestants d’extrême droite armés qui se sont rassemblés afin de s’opposer aux mesures de distanciation sociale.
Les manifestants, dont certains portaient des croix gammées et d’autres insignes nazis, ont envahi jeudi le Capitole du Michigan afin de faire pression sur la gouverneure de l’Etat, Gretchen Whitmer, afin qu’elle assouplisse les restrictions et rouvre l’économie.
Le tweet de Trump soutenant les manifestants fait écho au langage qu’il avait utilisé pour défendre les manifestants lors du rassemblement nationaliste blanc de 2017 à Charlottesville, en Virginie, qu’il avait qualifié de « gens très bien ».
« D’une certaine manière, c’est pire que Charlottesville », a déclaré Halie Soifer, qui dirige le JDCA. « Il a ensuite assimilé les néo-nazis qui scandent ‘Les Juifs ne nous remplaceront pas’ à ceux qui protestent pacifiquement contre eux. C’était une fausse équivalence. »
« Dans ce cas, vous avez un éloge similaire des extrémistes haineux, mais il s’agissait aussi d’une milice armée qui a pris d’assaut le Capitole d’un État et qui se tenait devant le bureau de la gouverneure du Michigan ».
The Governor of Michigan should give a little, and put out the fire. These are very good people, but they are angry. They want their lives back again, safely! See them, talk to them, make a deal.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) May 1, 2020
De nombreux manifestants jeudi possédaient des fusils d’assaut et faisaient partie de la Michigan Liberty Militia, que le Southern Poverty Law Center, une organisation à but non lucratif, considère comme un groupe extrémiste anti-gouvernemental.
« C’était un encouragement du même genre de haine et d’extrémisme que nous avons vu à Charlottesville, mais maintenant il leur donne tout bonnement le feu vert pour prendre d’assaut le Capitole de l’Etat avec des armes », a déclaré Soifer au Times of Israel.
« Quel genre d’élu dépravé qualifie de ‘très bonne personne’ une milice lourdement armée, classée comme groupe extrémiste anti-gouvernemental, qui bloque le bureau d’un gouverneur ? »
Il y a deux semaines, des milliers de personnes ont manifesté dans les capitales des États à travers le pays pour protester contre les mesures de distanciation sociale visant à arrêter la propagation du nouveau coronavirus, qui a déjà fait plus de 55 000 victimes américaines.
Les extrémistes d’extrême droite se sont rebellés contre les directives mises en place destinées à endiguer la propagation de la maladie, comparant les gouverneurs qui ont promulgué ces directives à Adolf Hitler, dans le but de semer la division et d’amplifier leur idéologie, selon les experts.
À Lansing, Michigan, par exemple, une femme a été photographiée tenant une pancarte qui disait « Heil Whitmer », en référence à Mme Gretchen Whitmer, la gouverneure du Michigan. À ce jour, le Michigan a confirmé plus de 41 000 cas de virus et plus de 3 700 décès.
Quelques jours plus tard, Trump a tweeté « LIBEREZ LE MICHIGAN ! » Les constitutionnalistes ont interprété le tweet comme une tentative d’incitation à l’insurrection.
Le président a également encouragé les gouverneurs du Minnesota et de la Virginie à « libérer » leurs citoyens dans des tweets séparés mais similaires.
Soifer, qui a grandi à Lansing, à 10 minutes du lieu des troubles de jeudi, a déclaré que les signaux de Trump indiquant qu’il approuve les groupes de protestation du Michigan pourraient avoir des conséquences dangereuses.
« Je pense qu’il considère à juste titre que ces gens font partie de sa base », a-t-elle déclaré. « S’il a démontré quelque chose au cours des quatre dernières années, c’est qu’il sait comment armer la haine pour son propre bénéfice politique. Et nous avons vu les résultats de cela à Pittsburgh et Poway. »