La Douzième chaîne veut poursuivre le journaliste qui la présente sous le nom de « Al Jazeera 12 »
La chaîne réclame des excuses publiques à Eli Zipori, commentateur pro-Netanyahu, et le versement d'un million de shekels suite à des posts sur les réseaux qui s'apparentent, selon elle, à de la diffamation

La Douzième chaîne a annoncé, dimanche, qu’elle avait envoyé un courrier à un journaliste israélien l’informant qu’elle allait le poursuivre en justice pour diffamation. Eli Zipori avait fait référence à la chaîne, dans de multiples posts publiés sur les réseaux sociaux, sous le nom de « Al Jazeera 12 ».
Dans le courrier, la chaîne demande que le journaliste d’investigation supprime toutes les publications où il fait le parallèle entre la Douzième chaîne israélienne à Al-Jazeera ; elle réclame des excuses publiques et le versement d’un million de shekels de dommages et intérêts.
« La comparaison entre notre chaîne d’information et Al Jazeera, une chaîne qatarie qui a couvert la question d’Israël de manière partiale et violente depuis le jour de sa fondation et dont les bureaux ont récemment été fermés en Israël après un jugement qui a statué qu’elle relayait la propagande du Hamas, est une diffamation sans égal, une diffamation grave qui a un seul objectif : celui de porter atteinte à la chaîne et à ses journalistes », écrit la Douzième chaîne dans sa missive.
Le gouvernement avait décidé d’interrompre temporairement les opérations d’Al-Jazeera au sein de l’État juif, le mois dernier, expliquant qu’elles portaient préjudice à la sécurité nationale. Les équipements de la chaîne qataris avaient été saisis et sa diffusion sur le sol israélien a été momentanément arrêtée au mois de mai.
Al-Jazeera présente des reportages qui sont souvent anti-israéliens – et cela a été le cas en particulier dans le cadre de la guerre qui est actuellement en cours à Gaza. Les membres du gouvernement ont accusé la chaîne de servir de porte-parole au groupe terroriste du Hamas.
La lettre affirme que Zipori s’est rendu coupable de diffamation, à de nombreuses reprises, à l’égard de la Douzième chaîne « alors que l’État d’Israël est actuellement en guerre dans le sillage d’une attaque cruelle et sans précédent du Hamas » et au moment même où ses journalistes couvrent le conflit.

Zipori, qui est journaliste, blogueur et animateur radio, écrit régulièrement sur X et sur Facebook des publications où il se réfère à la Douzième chaîne sous le nom de « Al Jazeera 12. » Il évoque également la Treizième chaîne et la chaîne publique Kan en utilisant la même formule – « Al Jazeera 13 » et « Al Jazeera 11 » respectivement.
Dans un post sur X, Zipori avait accusé la Douzième chaîne (ainsi que la Treizième chaîne et Kan) d’avoir lancé « une campagne criminelle » qui, avait-il affirmé, avait été lancée par le Bureau du Procureur. Zipori avait affirmé que cette campagne visait à censurer certains témoignages présentés pendant le procès relatif à « l’affaire des sous-marins » – Un procès pour corruption relatif à l’achat, par Israël, de sous-marins à un fabricant naval allemand dans le cadre d’un accord qui a attiré l’attention de la justice.
Dans un autre post, il accusait la Douzième chaîne d’avoir menti sur le coût représenté, pour Israël, par les réservistes sur le terrain pendant la guerre à Gaza.
Peu après l’annonce faite par la Douzième chaîne, Zipori a écrit sur X que « Al Jazeera 12 cherche à me faire taire ».
Il a ensuite publié la réponse envoyée à la Douzième chaîne par le biais de son avocat.
« Il est malheureux qu’en pleine guerre, une compagnie médiatique s’efforce de réduire au silence un journaliste et de violer son droit sacré à la liberté d’expression », écrit l’avocat de Zipori, Ohad Mehraz, dans sa missive.

Il ajoute, dans le courrier, que Zipori ne versera « pas un seul shekel » à la Douzième chaîne et que « cette tentative de le réduire au silence » sera vaine. Il affirme également que son client a une défense forte face aux accusations de diffamation mais qu’il se refusera à révéler les détails de cette défense avant le dépôt d’une plainte officielle.
Ce ne serait pas la première fois que Zipori serait aux prises avec la justice pour ses activités sur les réseaux sociaux. Au mois de décembre, Hadas Klein, témoin clé dans le procès pour corruption dont fait l’objet Netanyahu, avait porté plainte pour diffamation contre Zipori suite, avait-elle précisé, à une campagne calomnieuse qu’il avait lancée à son encontre alors qu’elle témoignait devant les juges.
Klein avait accusé Zipori, qui est un fervent soutien de Netanyahu, d’avoir tenté de la discréditer, d’avoir fait d’elle une cible aux yeux des Israéliens et d’avoir « nui au bon déroulement de son témoignage ».