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La ‘drogue de l’amour’ peut aider à traiter les personnes atteintes de SSPT

L'ocytocine donne un sentiment de bien-être, un sentiment qui fait défaut aux victimes de traumatismes, selon une étude israélienne

David Shamah édite notre section « Start-Up Israel ». Spécialiste depuis plus de dix ans en technologies et en informatique, il est un expert reconnu des start-up israéliennes, de la high-tech, des biotechnologies et des solutions environnementales.

Les soldats de Tsahal lors d'une cérémonie (Crédit : Miriam Alster / Flash90)
Les soldats de Tsahal lors d'une cérémonie (Crédit : Miriam Alster / Flash90)

Parmi les symptômes que les personnes souffrant de troubles de stress post-traumatique (SSPT) ressentent, il y a le sentiment d’isolement social, la dépression, le sentiment de désespoir et de détresse – et une incapacité à faire preuve d’empathie envers les autres, ne montrant aucune compassion pour ceux qui sont dans la douleur, physique ou autre.

Mais il pourrait y avoir un nouvel espoir pour les patients souffrant de la maladie – une dose de « drogue de l’amour » connue sous le nom de l’ocytocine, une hormone que les chercheurs considèrent de plus en plus comme un possible traitement pour un certain nombre de maladies, y compris le SSPT et l’autisme.

Les recherches sur la façon dont l’ocytocine peut être utilisée pour soulager le stress psychologique des patients atteints de SSPT, en aidant à modifier leur comportement social, ont été menées à l’université de Haïfa, et il s’agit de la toute première étude du genre qui démontre que ce traitement était prometteur.

« Notre étude a montré que l’ocytocine peut améliorer la compassion envers les femmes chez les patients souffrant du SSPT », a déclaré la Professeure Simone Shamay-Tsoory du département de psychologie de l’université de Haïfa.

Basée sur les recherches qu’elle dirige, il y a « une nouvelle preuve que l’ocytocine peut être en mesure d’améliorer le comportement social des personnes souffrant du SSPT ».

Dans l’esprit de la population, le SSPT est plus étroitement associé aux anciens combattants qui ont vécu des expériences traumatisantes comme voir leurs amis mourir au combat ou vivre un combat difficile. Mais vous n’avez pas besoin d’être un soldat pour être atteint de SSPT.

Les survivants de catastrophes naturelles, des incidents terroristes, d’accidents graves, ainsi que les victimes d’agression physique ou sexuelle (à l’âge adulte ou enfant) peuvent potientiellement ressentir la détresse permanente post-traumatique, ce qui laisse les personnes souffrant de cicatrices émotionnelles, et souvent émotionnellement vides.

Ce vide se manifeste souvent comme une incapacité à faire preuve d’empathie, et une incapacité à ressentir de la compassion envers les autres.

Les chercheurs ne savent pas avec certitude quel mécanisme psychologique déclenche cette réponse mais des études suggèrent que de nombreuses personnes souffrant de stress post-traumatique, qui font preuve d’un manque de compassion, n’ont pas le sentiment de contrôler leur vie – qui est secouée par des événements auxquels, estiment-ils, ils ne peuvent pas faire face, qui peuvent les conduire à ne pas prendre soin d’eux-mêmes, de ne pas se préoccuper de leur sort et du sort des autres.

L’ocytocine est une hormone produite dans l’hypothalamus, qui se situe dans le cerveau, et qui stockée dans la glande pituitaire, à partir de laquelle elle est libérée pendant des événements « créant des liens » importants chez l’homme, comme lors de l’accouchement ou l’allaitement chez les femmes.

La recherche a démontré que l’ocytocine est la cause hormonale qui provoque l’adoration de son nouveau-né chez une mère et est une source de motivation importante pour assurer l’allaitement à 3 heures du matin.

Le rôle de l’ocytocine chez les hommes est moins clair mais les chercheurs ont établi que des doses de l’hormone sont libérés pendant les rapports sexuels, en particulier lors de l’éjaculation.

Des niveaux plus élevés de l’hormone ont été observés chez les hommes et les femmes dans les premiers mois d’une relation et des études ont également montré que les enfants relâchent une dose quand ils étreignent leurs mamans. De plus, une étude de 2010 a démontré que les enfants atteints d’autisme ont développé de meilleures compétences sociales quand ils ont reçu une dose d’ocytocine à inhaler.

Il a même été observé que l’ocytocine joue un rôle dans les situations où un groupe très uni est menacé, comme quand une unité de soldats est attaquée.

Ainsi la réputation bien méritée de l’ocytocine comme la « drogue de l’amour », également connue sous le nom de l’ « hormone du câlin » et la théorie qui se développe parmi de nombreux chercheurs que les personnes souffrant de stress post-traumatique – dont la capacité à ressentir ou à donner de l’amour et de l’affection a été altérée et dont les compétences sociales en général ont été endommagées – pourraient être aidées par une dose d’hormone.

Pour tester l’efficacité de la théorie, les participants à l’étude de l’université de Haïfa ont reçu des doses inhalables d’ocytocine et placebo pour mesurer leurs niveaux de compassion.

Les participants ont été choisis au hasard pour recevoir soit l’hormone soit le placebo pendant l’une des deux sessions, chaque groupe recevant l’un ou l’autre au cours des deux semaines de l’étude.

Quarante-cinq minutes après que la dose a été administrée, les participants ont été invités à écouter deux histoires différentes choisies au hasard avec des personnages (une histoire avec un garçon, la seconde avec une femme) décrivant des conflits émotionnels stressants.

Ensuite, ils ont été invités à fournir des conseils aux protagonistes. Les niveaux de compassion affichée par les participants (basés sur une échelle de réponse compassionnelle couramment utilisée par les psychologues) ont été analysés par deux psychologues qui ne savaient pas si le patient avait reçu l’ocytocine ou le placebo.

Les résultats ont montré que les patients souffrant d’un trouble de stress post-traumatique ont montré moins de compassion envers les autres mais que leur niveau de compassion a été renforcé par des doses d’ocytocine, de même que leurs compétences sociales.

L’étude a montré que le score moyen de la compassion pour les patients souffrant de SSPT était de 3,39, tandis que celui des participants en bonne santé était de 5.05. Les patients souffrant de SSPT ont également été moins bavards, en moyenne leurs réponses ont été faites avec 31 mots, alors que les participants en bonne santé ont répondu aux questions ou aux commentaires, avec une phrase qui faisait en moyenne 47 mots.

L’ « écart » dans les niveaux de compassion entre les participants ayant reçu des doses de placebo par rapport aux doses d’ocytocine était d’environ d’un point et avec une différence d’environ 7 à 10 mots, avec une meilleure compassion et de meilleures compétences sociales lorsque l’hormone a été administrée.

Fait intéressant, la compassion améliorée par l’hormone tant pour les patients atteints de SSPT que les sujets sains (et aussi bien pour les hommes et les femmes) a été dirigée vers le personnage féminin – pas le personnage masculin.

Du point de vue de l’évolution, a fait valoir l’étude, l’un des rôles de l’ocytocine est de modérer le comportement pro-social, y compris la compassion, principalement envers la survie de ceux qui sont perçus comme étant les plus vulnérables.

Cela, a précisé Shamay-Tsoory, pourrait probablement s’étendre à d’autres groupes vulnérables. « Si nous avions inclus des histoires d’enfants en détresse, nous aurions probablement vu des niveaux encore plus élevés de compassion induite par l’ocytocine, puisque les enfants sont perçus comme étant encore plus vulnérables que les femmes », ont expliqué les chercheurs.

Bien que loin d’être concluante, l’étude montre qu’il y a beaucoup de possibilités avec les traitements à l’ocytocine pour les personnes souffrant de stress post-traumatique – et pour leurs épouses, a signalé Shamay-Tsoory.

« Jusqu’à présent, plusieurs études théoriques ont proposé l’idée que le système oxytocinergique fonctionne anormalement chez les patients atteints du SSPT et que les traitements intra-nasals d’ocytocine peuvent potentiellement être une intervention pharmacologique efficace pour atténuer les symptômes du syndrome de stress post-traumatique, mais très peu d’études ont examiné les effets de l’administration de l’ocytocine chez ces patients. A notre connaissance, les effets de l’ocytocine sur l’empathie et la compassion chez les patients atteints du SSPT n’ont jamais été évalués. Pour cette raison, les résultats de la présente étude sont à la fois importants et innovants », selon le professeur et son équipe.

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