La Fédération des juifs noirs ouvre une antenne en Israël
Avraham Lincoln, futur directeur de l'antenne de la FJN en Israël, décrit une communauté noire israélienne au prise d'une multitude de problèmes économiques, sociaux, et culturels
La fédération des Juifs noirs de France, présidée par Guershon Nduwa, va ouvrir une antenne en Israël. Avraham Lincoln, son futur président, attend aujourd’hui le numéro d’agrément du ministère de la justice israélien pour officialiser la création de la Fédération des Juifs noirs d’Israël.
La nouvelle fédération mènera son action autour de trois axes principaux, détaille Lincoln : l’aide aux Juifs noirs en Israël, la reconnaissance d’Israël dans la communauté francophone, et la formation au leadership des juifs résidant sur le continent africain, « pour devenir des ambassadeurs d’Israël ». Pour cela, il veut favoriser leur accès à des études supérieures, et les pousser à entretenir des relations plus serrées avec les autorités.
Avraham Lincoln est arrivé en Israël en 1993, diplômé de gestion d’affaires, il travaille aujourd’hui dans un hôtel d’Eilat. D’origine guinéenne et éthiopienne, il explique intégrer sous le qualificatif de « juifs noirs », « non seulement les Israéliens d’origine éthiopienne, mais aussi les convertis, et les personnes issues d’un mariage mixte ». Selon Guershon Nduwa, « les Yéménites se considèrent également comme noirs ».
Il décrit une communauté noire israélienne au prise d’une multitude de problèmes économiques, sociaux, et culturels. « Aujourd’jui 40 % des prisonniers en Israël sont des juifs noirs; 30-35 % des enfants noirs ne vont pas l’école, et beaucoup de ceux qui ont obtenu leur baccalauréat ne continuent leur cursus pas à l’université, car ils ont besoin de travailler, » affirme Lincoln.
Si comme Guershon Nduwa, président de la FJN en France, Avraham Lincoln déplore des cas de racisme anti-noirs en Israël -il cite en exemple le cas d’un battoir refusant d’employer un homme noir pour couper de la viande – la majorité des problèmes qu’il évoque dessinent davantage le déclassement social frappant les juifs noirs en Israël.
Exemple : un couple avec enfant doit payer le tsaharaon – la garde d’enfant – après l’école, qui finit à 13h en Israël, autour de « 1 000 shekels, » explique Lincoln. « Si le père gagne un salaire modeste, la mère doit rester à la maison pour garder les enfants car la garde est trop chère ». Il compte militer pour qu’un système de bourse et d’aide se mette en place pour favoriser la reprise d’études de ces femmes, des études qui leur permettront d’accéder à un travail mieux rémunéré.
« Beaucoup de juifs noirs en Israël pensent que l’Etat d’Israël doit tout faire pour eux, continue Guershon Nduwa. Nous voulons les rendre actifs, responsables. En Israël, il faut mettre la main à la patte ».