La fermeture des transports publics pénalise les réservistes rappelés pendant le week-end de fête
Le ministère des Transports tente de se défausser des problèmes d'hébergement des soldats. Certains sont bloqués à l'étranger par la suspension des vols des compagnies aériennes étrangères

Certains réservistes rappelés en raison de l’intensification des combats contre le Hezbollah libanais n’ont pas été en mesure de rallier leur base en raison de la suspension, par les autorités israéliennes, des moyens de transport public pendant les fêtes juives et le Shabbat et de celle des vols depuis l’étranger.
Les compagnies aériennes israéliennes n’assurant aucun service le week-end ou les jours fériés, de nombreux réservistes qui se trouvaient à l’étranger et dont les vols avec des compagnies étrangères ont été annulés en raison de la récente escalade n’ont aucun moyen de rentrer chez eux. Ceux qui se trouvaient en Israël pendant Rosh HaShana ont eux aussi éprouvé des difficultés pour rejoindre leur base, car bus et trains sont quasiment tous à l’arrêt depuis mercredi soir, jour du début des célébrations du nouvel an juif, et ne reprendront pas avant samedi soir.
Des initiatives privées ont vu le jour sur les réseaux sociaux pour pallier cette absence, les Israéliens offrant aux réservistes des trajets gratuits vers des bases à la frontière libanaise. Frères d’armes, le groupe de réservistes anti-gouvernement, a par exemple organisé le transport de réservistes, selon la chaîne publique Kan.
Le ministère de la Défense a critiqué le ministère des Transports pour son incapacité chronique, depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, à prendre en charge le transport des réservistes les jours fériés et les week-ends.
« L’armée israélienne et le ministère de la Défense sont occupés par l’effort de guerre et la défaite de l’ennemi », a-t-il déclaré dans un communiqué vendredi. « Le ministère des Transports doit faire quelque chose. »
Le ministère des Transports, à son tour, a déclaré avoir mis à la disposition de l’armée des dizaines de bus pour transporter les soldats, et s’est dit prêt à en fournir des milliers de plus.
« Toute réclamation et objection à l’égard des réservistes doit être transmise à l’armée israélienne », a accusé le ministère.

Le quotidien économique Calcalist cite le cas de responsables du ministère des Transports qui tentent de se défausser sur le ministère de la Défense en affirmant que ce dernier n’avait pas déclaré l’état d’urgence national permettant aux bus et trains de circuler le week-end.
Le journal précise que le service de navette de l’armée est insuffisant et que le ministère des Transports peut lui-même ordonner le maintien en service des trains et bus, en l’absence de directive du ministère de la Défense.
La question des transports publics le jour du Shabbat et des fêtes juives est depuis longtemps une question épineuse qui prête à polémique : les partis ultra-orthodoxes – souvent faiseurs de rois au niveau du Parlement et du gouvernement, notamment celui-ci – ne veulent en effet qu’aucun bus, train ou compagnie aérienne géré par l’État ne circule ces jours-là.
La règle affecte également les trois principales compagnies aériennes d’Israël – El Al, Arkia et Israir. Les contempteurs de cette ligne ont demandé au gouvernement d’utiliser sa position « d’actionnaire majoritaire » dans El Al, la plus importante des trois compagnies, pour l’obliger à opérer des vols le Shabbat.
On a par ailleurs reproché à la ministre des Transports, Miri Regev, dont l’adjoint, Uri Maklev, est issu du parti ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah – de ne pas @@trop écouter les demandes des soldats et de leurs familles.

Au tout début de la guerre, le 7 octobre dernier – lorsque des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël pour y tuer près de 1 200 personnes et faire 251 otages – Regev avait autorisé la circulation des trains le week-end, mais avait arrêté le programme à la mi-novembre.
Elle a par ailleurs été critiquée pour son incapacité à empêcher les annulations de vols de la part des compagnies aériennes étrangères effrayés par les menaces et attaques de missiles de l’Iran.
L’attaque de missiles balistiques de l’Iran, mardi, a conduit plusieurs compagnies aériennes de grande envergure, dont l’allemande Lufthansa, à suspendre leurs liaisons avec Israël. Israël a déjà connu pareilles annulations en raison des menaces iraniennes, en juillet, et de l’attaque d’avril dernier, auxquelles s’ajoutent celles, longues de plusieurs mois, imposées suite au 7 octobre.
Nombreux sont les passagers à ne pas pouvoir se permettre de voler sur les compagnies aériennes israéliennes, dont les vols ont effectivement été maintenus mais dont les tarifs se sont considérablement envolés avec la disparition de la concurrence, a rapporté jeudi Calcalist.