La FIFA reporte la décision sur les clubs des implantations
Après avoir entendu le rapport du président du comité de surveillance consacré à Israël et à la Palestine, le Conseil a estimé qu'à ce stade “il est prématuré que le Congrès prenne une décision”

Un an et demi après son arrivée à la tête de la FIFA, Gianni Infantino préside à Barheïn un Congrès où il va tenter d’affermir son pouvoir, mais doit finalement élargir le processus de candidature pour le Mondial-2026 qui semblait acquis au ticket USA/Canada/Mexique.
Dans un premier temps, Infantino voulait accorder à cette candidature nord-américaine une période d’exclusivité d’un an pour ficeler son dossier technique.
Le ticket aurait ensuite pu être validé dès le prochain congrès en 2018.
Mais devant l’insistance « de la Confédération africaine et de l’UEFA », selon une source proche de la FIFA, le processus a finalement été élargi aux autres confédérations, à l’exception de l’Europe et de l’Asie qui accueilleront le Mondial-2018 en Russie et l’édition 2022 au Qatar.

Si le processus a finalement été élargi, c’est parce que certains membres du Conseil « tiennent à ce que la FIFA montre qu’elle veut rompre avec son passé et donner des garanties de transparence », a ajouté cette même source proche de l’instance.
La candidature USA/Canada/Mexique demeure cependant « la grande favorite », ajoute cette source. Le Mondial-2026 nécessite de fait de solides infrastructures et devra se dérouler dans des pays en bonne santé économique.
Cet élargissement à 48 pays voulu par Infantino, qui permet d’attribuer des places supplémentaires à chaque confédération, a été largement promu par les fédérations nord-américaines qui avaient au préalable fortement contribué à l’élection de l’Italo-Suisse en février 2016.
Lanceurs d’alerte
Au-delà du Mondial-2026 se discute déjà en coulisses l’attribution de la Coupe du monde 2030 que l’Uruguay, associée à l’Argentine, se verrait bien organiser, 100 ans après le tout premier Mondial disputé à Montevideo.
A moins que la Chine et ses immenses moyens et ambitions ne rafle la mise.
Après avoir soutenu ou adoubé les nouveaux présidents de plusieurs confédérations, dont le Malgache Ahmad Ahmad porté en mars à la tête du foot africain après les 29 ans de règne du Camerounais Issa Hayatou, Gianni Infantino, déjà en campagne pour sa réélection en 2019, veut aussi asseoir son pouvoir durant ce Congrès.
La FIFA a également scellé le sort des deux magistrats présidents de la Commission d’éthique, le tribunal interne chargé de suspendre des membres. Les mandats du Suisse Cornel Borbély, président de la Chambre d’instruction et de l’Allemand Hans-Joachim Eckert, à la tête de la chambre de jugement, ne seront pas renouvelés.
Le congrès devra entériner jeudi leur remplacement respectivement par la magistrate Colombienne Maria Claudia Rojas et par le Grec Vassilios Skuris, ancien président de la Cour européenne de justice.

Déjà mis en cause par des lanceurs d’alerte en début de mandat et objet d’une première enquête préliminaire qui n’avait pas eu de suite, le président Infantino est désormais soupçonné par certains d’ingérence dans l’élection d’Ahmad.
Mais selon le porte-parole de la chambre d’instruction de cette Commission d’éthique, aucune procédure formelle n’a été ouverte contre Infantino, ce qui n’exclut cependant pas une enquête préliminaire.
Le congrès n’aura pas en revanche à se prononcer jeudi sur le différend Israël/Palestine. Après avoir entendu un rapport du Sud-Africain Tokyo Sexwale, président du comité de surveillance consacré à Israël et à la Palestine, le Conseil a estimé qu’à ce stade, « il est prématuré que le Congrès prenne une décision ».
Selon la Fédération palestinienne de football, la présence de six clubs israéliens en Cisjordanie enfreint les statuts de la FIFA, qui interdisent aux clubs d’une fédération de jouer sur un autre territoire sans permission.
Mais d’après Israël, ces règles de peuvent pas s’appliquer car il n’existe pas de frontière définie.
En mars dernier, le comité de surveillance présidé par Sexwale avait présenté plusieurs options possibles, mais celles-ci ont toutes été rejetées par Rajoub.
Lundi, le président de la Confédération asiatique, le Bahreini Sheikh Salman bin Ibrahim al-Khalifa, a affirmé que l’instance travaillerait « toujours main dans la main avec nos frères » palestiniens.
« Finances solides »
Concernant les finances de l’instance, loin d’être florissantes – 369 millions de dollars de pertes en 2016 – en raison notamment des frais de justice, du retard dans la signature de contrats de droits marketing et de télévision et de la hausse des aides versées aux fédérations, Infantino ne devrait pas être mis en difficulté.
« En dépit de ce que certaines personnes essaient d’écrire ou de dire, les finances de la FIFA sont extrêmement solides », a pris soin de déclarer lundi le successeur de Blatter. Le Suisse, suspendu et mis en examen, avait laissé 1,5 milliard de dollars de réserves dans lesquelles Infantino a déjà largement puisé, tout en promettant de les reconstituer.
Il est normal que la FIFA enregistre des pertes pendant trois ans puis des gains les années de Coupe du monde, « c’est comme ça que notre modèle économique fonctionne », a-t-il affirmé. La FIFA touche de fait l’essentiel de ses ressources les années de Mondial.
Les présidents des fédérations africaines ne risquent pas de mettre Infantino en difficulté, eux qui ont obtenu lundi de la part de leur Confédération une mesure totalement inédite, le versement d’un salaire annuel de 20 000 dollars par an, pris sur les subventions de la FIFA.
Il devrait en être de même avec les « légendes » du football, Maradona, Cafu, Valderrama, Trezeguet ou encore Okocha, qu’Infantino invite à grands frais à chacune de ses sorties pour redire que « le football est de retour à la FIFA et la FIFA de retour au football ».