La fleur sauvage « sang des Maccabées » devient très populaire pour Yom HaZikaron
Un projet familial a réussi à cultiver des plantes et à produire des pins commémoratifs reliant les héros légendaires d'hier aux martyrs d'aujourd'hui
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Un projet familial visant à cultiver et à faire porter aux Israéliens une fleur sauvage rouge sang associée aux anciens Maccabées lors de Yom HaZikaron, la Journée de commémoration des soldats tombés au combat et des victimes du terrorisme en Israël, a attiré des dizaines de milliers de commandes en cette deuxième année.
Le projet Dam Hamaccabim, qui fait écho au nom hébreu de la plante, « Sang des Maccabées » (nom botanique, Helichrysum sanguineum), a reçu
50 000 commandes cette année, contre 30 000 l’année dernière, et en prend déjà pour 2021. La journée de commémoration tombe cette année le mardi 28 avril.
Shabi Spero, un guide touristique de l’implantation de Nokdim en Cisjordanie, son frère Natan Spero et son cousin Ariyel Maresky, tous deux de Jérusalem, ont perdu un oncle et un cousin dans l’attentat-suicide au café Hillel dans la colonie allemande de Jérusalem en 2003. Parmi les victimes de cet attentat se trouvaient le Dr David Applebaum, responsable des urgences du centre médical Shaare Zedek à Jérusalem, et sa fille Nava, alors âgée de 20 ans, qui devait se marier le lendemain.
Aujourd’hui, Ariyel est marié à la sœur de Nava, Shira.
Mais, dit Shabi Spero, « Bien que notre oncle et notre cousin soient définitivement toujours dans nos cœurs, c’est l’importance nationale de la légende et du symbole que nous avons cherché à réhabiliter ».
Il a poursuivi : « L’autocollant (qui porte une image de la fleur, et qui est couramment porté aujourd’hui) n’a jamais vraiment réussi à transmettre le message. La fleur n’a jamais eu le respect qu’elle méritait. Nous avons un symbole national qui est si beau et qui s’intègre si bien dans le concept de notre construction d’un peuple et d’une culture à partir de la perte ».
Cette plante herbacée vivace sauvage fleurit d’avril à mai, principalement sur les collines d’Israël, mais aussi plus bas vers la côte, en fonction de la nature du sol.
Elle a des tiges et des feuilles grisâtres et poilues et ce qui semble être une fleur rouge sang (techniquement, des feuilles rouges modifiées ressemblant à de la paille et de minuscules fleurs qui sont en fait jaunes).
Le fait que sa couleur ne s’efface pas après séchage l’a non seulement rendu populaire auprès des cueilleurs, ce qui lui a valu un statut protégé, mais lui a donné un caractère immortel qui, pour les premiers sionistes, en a fait le symbole parfait des Maccabées et de leurs batailles héroïques contre les Grecs pour libérer la terre il y a un peu moins de 2 000 ans, et donc un outil de motivation idéal.
Selon la légende, une fleur rouge pousserait éternellement partout où le sang d’un guerrier des Macchabées est tombé sur le sol.
Ayant décidé de remplacer l’autocollant par le vrai, les trois hommes ont dû trouver un moyen de faire pousser ce qui était une espèce non cultivée.
Ils se sont associés à Sion Simantov, propriétaire de Seeds of Zion, basé au Moshav Kerem Maharal, dans le nord d’Israël. Il cultive des plantes sauvages israéliennes pour la réhabilitation des terres endommagées par les projets d’infrastructure, ainsi que pour la vente de semences.
Il a ensuite fallu « deux ans de deux pas en avant, un pas en arrière, sans l’aide d’aucune littérature académique », selon M. Spero, alors que M. Simantov procédait à des expériences, pour finalement aboutir deux mois avant le Yom HaZikaron l’année dernière. Depuis lors, Simantov a trouvé le moyen de faire fleurir la plante dès la fin du mois de janvier afin d’avoir le temps de faire sécher, de stocker et d’expédier les pins commémoratifs à temps pour Yom HaZikaron.
L’année dernière, il y a eu une ruée folle avec la distribution gratuite de 30 000 épinglettes à fleurs, dont certaines au Orange County JCC aux États-Unis.
Cette année, le coronavirus ayant fait dérailler les plans visant à faire fabriquer 100 000 pins pour Israël et les États-Unis, le projet à but non lucratif, qui bénéficie de l’aide de centaines de bénévoles, en distribue 50 000 rien que localement, tant à de grandes organisations telles que Bank Hapoalim, Ashdod Port et Yad Labanim, qu’à des particuliers. Le prix par broche varie de 5 à 8 NIS (1,25 à 2 euros), selon le nombre commandé. Les familles endeuillées ne paient pas et les organisations qui les représentent sont invitées à faire un don.
L’année dernière, l’agronome en chef du ministère de la Défense a contacté le projet pour demander si la fleur pouvait être cultivée dans tous les cimetières militaires d’Israël. « C’est quelque chose que nous aimerions faire », a déclaré M. Spero.
On ne sait toujours pas exactement quand l’espèce immortelle rouge a été choisie pour symboliser les héros tombés du pays. Elle a apparemment été précédée par une autre fleur sauvage rouge locale, un bouton d’or appelé œil de faisan (Adonis goutte-de-sang).
Selon un article sur la plante publié mardi (en hébreu) par la Bibliothèque nationale, elle figurait probablement sur un timbre émis pour la fête de Yom HaAtsmaout en 1954. Un an plus tard, les enfants des écoles primaires ont été invités à porter la fleur lors de Yom HaZikaron, d’où elle est devenue le symbole officiel de ce jour.