La fondation de Kraft diffusera une pub critiquant l’antisémitisme sur les campus lors de la NBA
Le clip de 30 secondes de la Foundation to Combat Antisemitism comprend des images des manifestations récentes contre la guerre à Gaza avec un message : Amenez de la "passion" dans les rassemblements, "pas de la haine"
Une vidéo dénonçant l’antisémitisme qui a sévi dans le cadre d’une vague récente de campements pro-palestiniens et anti-israéliens sur les campus sera diffusée pendant les matchs éliminatoires de la NBA, cette semaine, la dernière initiative en date prise par une organisation juive pour mettre l’accent sur les menaces qui ont pu être proférées à l’encontre des membres de la communauté juive lors de ces rassemblements.
Ce clip de 30 secondes, qui a été produit par la Foundation to Combat Antisemitism (FCAS), une organisation créée par Robert Kraft, comprend des images des récents mouvements de protestation, avec notamment un drapeau israélien déchiré et un panneau montrant une croix gammée dessinée sur une étoile de David. Des images qui sont accompagnées de visuels plus anodins et habituels dans le cadre des manifestations : le sigle de la paix, des mégaphones ou des poings levés.
« Quand vous manifestez, amenez avec vous votre passion », dit une voix off au début de la séquence. « Amenez votre ténacité. Amenez votre colère. Mais n’amenez pas de haine ».
La voix encourage ensuite les protestataires à « hurler jusqu’à en avoir le visage rougi, mais ne hurlez pas sur ce petit juif qui va à l’école », ajoutant encore : « Menacez de changer l’Histoire, mais ne menacez pas votre voisin juif ».
Les manifestations anti-israéliennes des étudiants pro-palestiniens, dans un contexte de guerre à Gaza, se sont propagées comme une traînée de poudre dans tous les États-Unis et des campements ont été dressés sur de nombreux campus. Les protestataires réclament notamment la rupture des liens tissés entre leurs établissements d’enseignement supérieur et Israël.
Les critiques de ces campements – des critiques qui vont du président Joe Biden aux présidents des universités, en passant par les étudiants et par les leaders juifs – ont condamné des manifestations d’antisémitisme lors des rassemblements. Des étudiants juifs ont fait savoir qu’ils avaient été harcelés.
Dans son communiqué de presse annonçant sa publicité, la FCAS a indiqué que les visuels de la vidéo « incluent des exemples de haine issus des récentes manifestations ».
En réponse à une demande de la Jewish Telegraphic Agency, l’organisation a indiqué que les images figurant dans le clip provenaient des mouvements de protestation qui ont eu lieu sur les campus, sans préciser où elles avaient été filmées ni quand.
La publicité contient des photos d’au moins deux campus qui ont connu des agitations : La première montre deux personnes arborant des drapeaux israéliens tombant de leurs épaules, en face de la librairie de l’université de Columbia. Une autre semble montrer une fenêtre brisée de Hamilton Hall, le bâtiment de Columbia qui a été occupé par les protestataires. Une autre encore montre des heurts dans une rue située aux abords de l’Université de la ville de New York.
Le film ne suggère pas que l’objectif poursuivi par les manifestants serait à condamner. Mais Kraft, qui est propriétaire des New England Patriots, a dénoncé les rassemblements, en particulier à l’Université de Columbia dont il est lui-même ancien élève – et où un terrain de sports et un centre pour les étudiants juifs portent son nom. Il a depuis annoncé qu’il ne ferait plus de dons financiers à l’école tant que cette dernière ne s’attaquerait pas au problème des menaces qui ont pu être faites aux jeunes Juifs.
« Je n’ai plus la certitude que Columbia soit en mesure d’assurer la protection de ses étudiants et de son personnel et je suis mal à l’aise à l’idée de soutenir l’université tant que la situation n’aura pas été corrigée », avait écrit Kraft dans un communiqué qui avait été partagé par la FCAS, peu après l’installation du campement pro-palestinien sur le campus.
La publicité se termine en montrant un carré bleu – un logo créé par la FCAS qui symbolise l’opposition à l’antisémitisme – et répète une thématique qui est au cœur de l’approche qui a été adoptée par la fondation : « Apporter la haine n’engendrera que plus de haine ».
Ce clip est le plus récent à avoir été produit par la Fondation, que Kraft avait fondée en 2019. Toute une série de publicités similaires avaient déjà été diffusées pendant des événements sportifs de premier plan. La lutte contre toutes les formes de haine avait été aussi au cœur d’une vidéo projetée pendant le Superbowl, une vidéo qui avait obtenu un accueil mitigé. La voix off était celle de celui qui, dans le passé, écrivait les discours de Martin Luther King, Clarence B. Jones.
Tara Levine, la présidente de la FCAS, avait indiqué à la Jewish Telegraphic Agency, au mois de février, que la vidéo diffusée lors du Superbowl « se concentre sur le concept suivant : Toute haine fleurit grâce au silence des autres, et cela place carrément l’antisémitisme en dialogue avec les autres formes de haine ».
La Fondation a aussi diffusé d’autres publicités au cours d’autres événements de premier plan. Ainsi, un clip projeté lors de la cérémonie des Oscars a raconté, sous forme de fiction, une menace à la bombe très réelle dont une synagogue avait été victime. Comme d’autres, il évoquait les relations entre les Juifs et les autres groupes confessionnels.
Le nouveau clip sera projeté en première mardi soir, pendant un match de playoffs de la NBA qui opposera les Boston Celtics aux Cleveland Cavaliers, et il sera à nouveau présenté mercredi, quand les New York Knicks affronteront les Indiana Pacers. Selon Sports Media Watch, le premier tour des éliminatoires de la NBA rassemble, en moyenne, plus de trois millions de spectateurs par rencontre.
La semaine dernière, la FCAS avait fait paraître une publicité dans la presse écrite de tout le pays qui a pris la forme d’une lettre écrite par Kraft, où il tentait de transmettre le même message que dans sa vidéo diffusée à la télévision.
« Je crois que les questions politiques doivent être débattues – et, plus important, qu’on doit en débattre », écrivait Kraft dans son courrier. « Elles doivent être débattues avec vigueur. Mais les discours de haine pervers et l’intimidation physique, qui empêchent les autres de se sentir en sécurité, de poursuivre leurs études ou de faire entendre leur voix sont complètement inacceptables ».