La grand-mère de l’otage Omer Wenkert, survivante de la Shoah, en appelle à Poutine
La famille de ce restaurateur de 22 ans, originaire de Gedera, est prête à tout pour aider au rapatriement du jeune adulte enlevé lors du festival de musique électronique Supernova
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Alors que la captivité d’Omer Wenkert, 22 ans, et des 136 autres otages encore détenus à Gaza se prolonge, jour après jour, son père, Shai Wenkert, a tenté d’essayer une nouvelle tactique – cette fois-ci avec le gouvernement russe.
La grand-mère d’Omer, Tsili Wenkert, 82 ans, est une survivante de la Shoah qui avait été libérée par l’armée russe alors qu’elle était emmenée à Auschwitz.
La famille a entendu dire que le président russe, Vladimir Poutine, s’efforçait d’aider les otages qui ont des parents survivants du génocide, a confié Wenkert au Times of Israel. « Les Russes ont une sensibilité à cet égard », dit le père.
La famille a ainsi rencontré l’ambassadeur de Russie et a eu connaissance de la conversation qui a eu lieu, dimanche, entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et l’homme fort du Kremlin – même si elle n’a pas eu accès aux détails de la discussion. Il leur a été dit que le nom de Wenkert figurait sur la liste russe des otages.
Trois captifs israéliens qui avaient aussi la citoyenneté russe ont précédemment été libérés.
« Je fais ce que je peux, c’est tout », a commenté Wenkert.
Il explique que sa mère, Tsili Wenkert, qui est la grand-mère d’Omer, estime que les événements du 7 octobre ont été pires que ceux qui sont survenus pendant la Seconde Guerre mondiale.
En cette matinée funeste du mois d’octobre, des milliers de terroristes ont franchi la frontière depuis la bande de Gaza lors d’une attaque barbare. Ils ont tué environ 1 200 personnes, des civils en majorité, dans les communautés du sud d’Israël, et enlevé 240 personnes.
« Ils ont tué de sang-froid ; ils ont attaqué, violé, brûlé les gens vifs », dit Wenkert.
Omer Wenkert a été kidnappé le 7 octobre à la rave-party Supernova, un festival de musique électronique organisé dans le désert, pris d’assaut par les terroristes. Ces derniers ont froidement exécuté les fêtards, utilisant aussi des grenades et des obus de mortier – un massacre qui a fait 360 morts.
Le jeune homme a été en contact avec ses parents pendant l’horreur – leur disant qu’il était « mort de peur ». Son père et sa mère ont tenté de trouver toutes les informations possibles, examinant les réseaux sociaux et appelant ses amis alors qu’ils cherchaient à savoir quel sort avait été réservé à leur fils.
À 11h11 du matin, ils ont reçu une vidéo d’Omer, ligoté sur le plateau d’un pick-up blanc, en sous-vêtements – la confirmation de sa prise en otage à Gaza.
Depuis, la famille et les amis d’Omer ont été activement impliqués dans les efforts visant à rapatrier tous les otages, confie Wenkert, qui a pris la parole lors du rassemblement organisé en soutien aux otages à Tel Aviv, samedi dernier.
Le Forum des familles des otages et des portés-disparus était entré en contact avec la famille dans les 24 heures qui ont suivi l’enlèvement d’Omer, note Wenkert, qui ajoute : « Ils sont une bouée de sauvetage en matière de soutien civil et ils nous ont soutenu pendant tout ce temps. Ils font un travail magique. »
Wenkert déclare ne pas avoir beaucoup communiqué avec le gouvernement depuis le kidnapping de son fils. Il a la certitude que les familles des otages devraient pouvoir obtenir des informations régulières et réactualisées de la part du cabinet de guerre « sans devoir se battre pour ça ».
« Je sais qu’ils n’ont pas énormément de temps », ajoute-t-il. Il souhaiterait pourtant qu’un membre du cabinet différent puisse rencontrer les familles du Forum, chaque semaine.
« Nous avons compris que nous, les citoyens, sommes en première ligne pour mener la guerre pour ramener les otages », dit-il.
La famille a aussi essayé d’exercer des pressions sur la Croix Rouge aux côtés des autres proches d’otages, Omer Wenkert souffrant d’une colite, avec des crises qui peuvent être très sévères.
« C’est un état qui empire dans les situations de stress. Il doit avoir accès à des toilettes et l’anémie peut devenir un réel problème », explique Wenkert.
Il a rencontré la Croix Rouge en Israël et à Bruxelles, il y plusieurs semaines, et il a demandé de manière répétée comment l’organisation humanitaire pouvait se rendre dans les hôpitaux palestiniens, à Gaza, sans aller voir les otages. Il lui a été répondu que la Croix Rouge ne pouvait pas entrer dans une zone de combat.
L’attente devient « plus dure que jamais », déplore Wenkert.
« Cela fait déjà 66 jours et le manque devient en permanence plus douloureux », déclare-t-il. « C’est important de continuer chaque jour à faire ce que je fais de manière à ce que le sujet soit toujours en Une des médias. De façon à ce qu’ils reviennent tous et à ce que personne n’oublie ce qui est arrivé ici. »
Son fils a beaucoup de projets, note Wenkert. Le jeune homme de 22 ans gère un restaurant, le Nina Bianca, à Kiryat Ekron. Il a commencé sa carrière dans la restauration il y a cinq ans en tant que serveur et a grimpé les échelons, devenant finalement manager.
« Il a l’accueil dans le sang et il a toujours voulu travailler dans le monde de la gastronomie », explique Wenkert, qui se rappelle d’un récent voyage familial, à Rome, où Omer avait invité toute la famille dans un restaurant étoilé au guide Michelin.
« Il l’avait réservé trois mois auparavant », dit Wenkert. « C’était très impressionnant. »
Omer Wenkert devait commencer un cursus consacré à l’administration hôtelière au Shenkar College au mois de novembre.
« Il accueillait toujours ses amis chez lui. Aujourd’hui, nous nous inquiétons aussi pour eux », indique Wenkert. « Au cours des deux premières semaines, après le 7 octobre, ils sont allés de shiva en funérailles et de funérailles en shiva. »
En plus de son amour pour les arts culinaires et le football, Omer Wenkert allait régulièrement dans des festivals de musique électronique et dans des raves, en Israël et à l’étranger. Il organisait également ses propres événements avec un groupe d’amis.
Ainsi, ils ont organisé, au printemps dernier, le festival « Jamais trop tard » et un autre a aussi eu lieu au mois de septembre, à Tel Aviv. Le suivant devait se tenir au mois de novembre.
« Ils avaient le budget, la production », commente Shai Wenkert. « Dorénavant, il ne manque qu’Omer. »