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La Grande-Bretagne définit l’ensemble du Hezbollah comme groupe terroriste

Le ministre britannique de l'Intérieur a déclaré que la branche armée, déjà interdite, n'était pas dissociable de la branche politique du groupe chiite soutenu par l'Iran

Le dirigeant du Hezbollah Hassan Nasrallah fait une déclaration le 29 juin 2018 (capture d'écran YouTube)
Le dirigeant du Hezbollah Hassan Nasrallah fait une déclaration le 29 juin 2018 (capture d'écran YouTube)

Le gouvernement britannique a décidé d’interdire le groupe libanais du Hezbollah et de le classer, dans sa totalité, sur sa liste des groupes terroristes, selon un communiqué.

Le puissant groupe terroriste chiite soutenu par l’Iran fait partie du gouvernement récemment formé au Liban. Si le cabinet est dirigé par Saad Hariri, un sunnite qui bénéficie du soutien de l’Occident, en poste depuis 2016, le Hezbollah a gagné en puissance aux dépens du plus grand parti sunnite et détient actuellement trois ministères.

Le groupe terroriste est impliqué dans plusieurs conflits avec Israël depuis des décennies, notamment lors de la meurtrière seconde guerre du Liban en 2006, et son chef Hassan Nasrallah menace régulièrement de cibler l’État hébreu avec des missiles sophistiqués qui pourraient atteindre les grandes villes israéliennes.

Le Hezbollah est considéré comme une organisation terroriste par Israël et les Etats-Unis, mais seule sa branche armée est classée comme telle par l’Union européenne. La Grande-Bretagne reconnaissait donc la branche politique du Hezbollah.

« Le Hezbollah poursuit ses tentatives de déstabiliser la situation fragile au Proche-Orient », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Sajid Javid, dans un communiqué.

« Nous ne pouvons plus faire de distinction entre leur aile militaire, déjà interdite, et le parti politique. Pour cette raison, nous avons pris la décision d’interdire le groupe dans sa totalité », a-t-il ajouté.

Sajid Javid en conférence de presse près de Finsbury Park, où il a visité la scène d’une attaque véhiculaire, à Londres, le 19 juin 2017. (Crédit : Tolga Akmen/AFP)

« Ma priorité, en tant que ministre de l’Intérieur, est de protéger le peuple britannique », a-t-il dit. « A cet effet, nous identifions et interdisons toute organisation qui menace notre sécurité, quelle que soit sa motivation et son idéologie, et c’est pourquoi je prends des mesures contre plusieurs organisations aujourd’hui ».

Etre membre du Hezbollah ou promouvoir le mouvement sera passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 10 ans d’emprisonnement.

Un projet de loi sera soumis au Parlement lundi et entrera en vigueur vendredi si elle reçoit l’aval du Parlement, ce qui ne devrait être qu’une formalité. Le texte interdit le Hezbollah, Ansarul Islam et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin – GSIM, la principale alliance jihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda), deux groupes actifs en Afrique du nord.

En tout, 74 organisations sont actuellement interdites au Royaume-Uni en vertu de la législation anti-terroriste, outre 14 groupes liés à l’Irlande du Nord.

En 2017, plusieurs pays arabes, notamment ceux du Golfe, avaient qualifié le parti de « terroriste ».

« Nous sommes de fervents partisans d’un Liban stable et prospère », a déclaré Jeremy Hunt, ministre britannique des Affaires étrangères. « Cependant, nous ne pouvons pas rester complaisants quand il est question de terrorisme. Il est clair que la distinction entre les branches armée et politique du Hezbollah n’existe pas, et en interdisant le Hezbollah dans son ensemble, le gouvernement envoie le message clair que ses activités déstabilisantes dans la région sont totalement inacceptables et portent atteinte à la sécurité nationale du Royaume-Uni. »

Jeremy Hunt, le chef de la diplomatie britannique, à New York, le 27 septembre 2018 (Crédit : AFP)

« Cela ne change en rien notre engagement envers le Liban, avec qui nous entretenons de solides liens », a ajouté Hunt.

Le chef du Parti travailliste, dans l’opposition, avait ouvertement qualifié le Hezbollah et le groupe terroriste palestinien du Hamas d’ « amis ». Il avait présenté des excuses par la suite.

L’interdiction du Hezbollah rendrait illégaux certains messages et banderoles lors de rassemblements inspirés de la Journée d’Al-Qods, qui ont lieu chaque année à Londres.

Le ministre israélien de la Sécurité intérieure Gilad Erdan a remercié le gouvernement britannique.

Dans un communiqué, Erdan a déclaré avoir abordé la question avec Sajid Javid et lui avoir dit que c’était « une façon importante de combattre le programme meurtrier du groupe. Nous ne pouvons pas permettre aux groupes terroristes de se cacher derrière le voile d’une légitimité politique ou d’une entité gouvernementale ».

Le chef du parti Yesh Atid Yair Lapid a également remercié le gouvernement britannique.

Dans un tweet, il a exprimé sa « gratitude au Royaume-Uni, qui rejoint les Etats-Unis, le Canada et les Pays-Bas et reconnaît que le Hezbollah est une organisation terroriste. Je suis confiant que l’aval du Parlement ne se fera pas attendre. »

Le ministre des Affaires étrangères par intérim, Yisraël Katz, a aussi félicité le gouvernement britannique. M. Katz a déclaré qu’il n’y a pas de différence entre le dirigeant du Hezbollah Hassan Nasrallah et les « terroristes qui poursuivent ses objectifs ou ceux qui mènent la mission de l’Iran contre Israël et les autres États arabes dans la région ».

M. Katz exhortera les agences des Nations unies à adopter une politique similaire à l’égard de l’organisation terroriste soutenue par l’Iran lors de sa rencontre avec le Secrétaire général Antonio Guterres, la semaine prochaine à New York.

Le Premier ministre libanais Saad Hariri avait fait savoir au début du mois que son nouveau gouvernement permettrait au Hezbollah de garder ses armes, qui, depuis la guerre de 2006, ont régulièrement été utilisées pour menacer Israël. Il a ainsi déclaré que les citoyens libanais avaient le droit de « résister à l’occupation israélienne et de repousser ses agressions ».

En vertu de la résolution 1701, qui mit un terme à la Seconde guerre du Liban de 2006 entre Israël et le Hezbollah, Beyrouth s’était engagé à démilitariser le groupe terroriste soutenu par l’Iran.

L’administration américaine, entre autres, a exprimé son inquiétude de voir le Hezbollah à la tête de trois portefeuilles ministériels et a appelé le gouvernement à s’assurer que le groupe n’était pas soutenu par les ressources du ministère.

Le « Parti de Dieu » a été créé en 1982 à l’initiative des Gardiens de la Révolution d’Iran pour combattre Israël. Il représente le plus gros investissement iranien à l’étranger et sert de représentant de la République islamique aux portes d’Israël.

Le Premier ministre libanais Saad Hariri pendant une conférence de presse avec le président français Emmanuel Macron à l’Elysée, le 1er septembre 2017. (Crédit : Ludovic Marin/AFP)

Le groupe domine le paysage politique et militaire du Liban et compte des dizaines de milliers de combattants entraînés ainsi qu’un arsenal conséquent. Son intervention en Syrie aux côtés du président Bashar el-Assad a également renforcé son influence et sa portée dans la région.

Au pays du cèdre, le Hezbollah reste une force sans égal et a renforcé sa position lors des dernières élections parlementaires. Le groupe a réussi à se placer suffisamment haut pour obtenir ses ministères au sein du nouveau gouvernement, notamment le puissant ministère de la Santé, qui détient l’un des plus gros budgets du pays.

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