La Grande mosquée de Paris lâche l’imam de Toulouse au prêche antisémite
Le parquet de Toulouse a ouvert une enquête visant "des faits susceptibles de constituer une incitation à la haine"
Le recteur de la Grande mosquée de Paris (GMP) Dalil Boubakeur a lâché jeudi l’imam de Toulouse Mohamed Tataï, visé par une enquête pour « incitation à la haine » anti-juive, en exprimant sa « condamnation ferme et sans équivoque » de son prêche controversé.
« Nous condamnons très fermement ses propos relatifs à un hadith (propos attribué au prophète Mohammed, ndlr) rapporté par un auteur traditionaliste », rejeté par la dynastie de califes des Omeyyades au VIIe siècle, et qui n’aurait pas dû « être exhumé de son oubli », écrit le recteur de la GMP, liée à l’Algérie.
L’imam algérien de la Grande mosquée de Toulouse est au cœur d’une vive polémique depuis qu’a été relayée, fin juin, une vidéo d’un prêche de décembre 2017 dans lequel il cite un hadith évoquant la « bataille ultime et décisive » entre juifs et musulmans.
Le parquet de Toulouse a ouvert une enquête visant « des faits susceptibles de constituer une incitation à la haine ».
La GMP, dont la Grande mosquée de Toulouse est proche, avait invité l’imam Tataï à s’expliquer et l’avait tancé, tout en souhaitant alors qu’il « poursuive sa mission dans la paix, le dialogue et la sérénité ».
Interpellé par le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc, qui lui avait reproché de laisser planer une « gênante impression de non-dit », Dalil Boubakeur avait répondu : « Il va de soi, en ce qui nous concerne, que nous condamnons et regrettons vivement les propos totalement incongrus de cet imam ».
Mais le ministre algérien des Affaires religieuses Mohamed Aïssa avait défendu ce compatriote, en estimant que la GMP l’avait « disculpé » et en souhaitant « que les médias extrémistes arrêtent de porter atteinte à l’islam ».
Dans une mise au point mercredi pour dissiper « les malentendus », Dalil Boubakeur précise que l’imam Tataï n’appartient « pas à notre fédération nationale de mosquées » et qu’il « a été convoqué par nous-mêmes à Paris (…) aux seules fins de lui signifier notre totale désapprobation et notre condamnation ».
L’imam a présenté des excuses dans son prêche de vendredi dernier, selon la Grande mosquée de Toulouse, qui indique sur la vidéo du sermon postée sur YouTube que « notre cheikh (…) répare courageusement ce que les falsificateurs ont cherché à détruire : la paix publique ».
A « toute famille juive dans cette ville, et plus généralement en France, à qui serait arrivée cette falsification infâme (…), nous présentons nos excuses », dit l’imam selon le sous-titrage en français de son prêche en arabe.