La Haute Cour confirme l’obligation d’ouvrir une piscine publique pendant Shabbat
L'administration de Har Homa, qui s'est battue contre l'ouverture de la piscine le samedi, estime que ce verdict porte atteinte aux droits des résidents, dont la plupart sont haredim
La Haute Cour a rejeté l’appel interjeté par l’administration de la communauté de Har Homa contre une décision d’un tribunal de première instance qui avait ordonné à une piscine publique locale de la communauté juive majoritairement orthodoxe de Jérusalem-Est de rester ouverte le samedi.
Depuis plus d’un an et demi, une bataille fait rage au tribunal entre des résidents laïcs, soutenus par un adjoint au maire de Jérusalem, et l’administration de la communauté au sujet de l’ouverture de la piscine le samedi, durant Shabbat, le jour de repos juif.
Expliquant leur décision lundi, le président du tribunal par intérim, Uzi Fogelman, et les juges Dafna Barak-Erez et Ofer Grosskopf ont déclaré que « l’activité de la piscine pendant Shabbat est une réalité donnée dans les quartiers résidentiels de Jérusalem, y compris ceux qui accueillent des résidents religieux ».
La municipalité de Jérusalem, ont-ils noté, « aurait dû prendre une décision administrative appropriée d’une manière qui reflète une vision large concernant l’ensemble de la ville ». La question est de savoir si la loi permet de laisser cette décision à l’administration de la communauté.
Shlomo Golbury, chef de l’administration communautaire de Har Homa, a déploré l’arrêt de la Haute Cour, qui porte un coup aux droits démocratiques des résidents et au caractère juif de Jérusalem.
Golbury a déclaré dans un communiqué que « le verdict rendu par la Cour est un incident extrêmement malheureux qui porte atteinte au caractère juif de Jérusalem, mais avant tout, il porte atteinte à la démocratie et à la volonté des résidents du quartier ».
« Les juges ont choisi d’annuler le choix et la volonté des habitants du quartier et de piétiner une fois de plus le judaïsme dans les rues de Jérusalem », a-t-il ajouté.
Les administrations communautaires, propres à Jérusalem, sont composées de résidents locaux élus et de fonctionnaires dont le rôle est d’assurer la liaison avec le conseil municipal et d’aider à la gestion de la vie de quartier, en particulier pour les loisirs, l’urbanisme et la culture. Il existe 31 administrations communautaires dans la capitale.
Le quotidien Haaretz a rapporté mardi que la piscine a été achevée il y a un an et demi mais qu’elle est restée fermée en raison de la bataille juridique relative à son activité le week-end. Le coût de la construction, qui s’élève à 40 millions de shekels, a été financé par des fonds publics, selon le quotidien.
Au moment de l’achèvement des travaux, la municipalité de Jérusalem avait informé l’administration communautaire que, conformément aux autres piscines municipales de Jérusalem, elle devait être ouverte le Shabbat.
L’administration a toutefois refusé de s’y conformer. Selon les données du Bureau central des statistiques (CBS) citées par Haaretz, Har Homa est composé à parts égales de résidents ultra-orthodoxes, orthodoxes et laïcs.
Les résidents, ainsi que le maire adjoint laïc de Jérusalem, Yossi Havilio, ont saisi la justice pour forcer la main de l’administration et, en janvier de l’année dernière, le tribunal de Jérusalem avait statué que la piscine devait être ouverte à Shabbat pendant une période probatoire de deux ans, au terme de laquelle la question sera réexaminée. Toutefois, l’utilisation de la piscine durant Shabbat était limitée à ceux qui étaient membres de l’association.
L’administration du tribunal a alors fait appel de la décision auprès de la plus haute juridiction du pays, qui a rejeté le recours.
Par le passé, les administrations des tribunaux de quartier sont entrées en conflit avec la municipalité ou même dans leurs propres rangs sur le sujet sensible du statu quo entre religieux et laïcs dans la capitale.