Israël en guerre - Jour 538

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La Knesset adopte un projet de loi prolongeant la date limite du budget

Netanyahu et Gantz ont soutenu la loi à la dernière minute ; Gantz a averti que "si nous retournons vers des élections, le sang pourrait couler dans les rues"

Le Premier ministre d'alternance et ministre de la Défense Benny Gantz (à gauche) et le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d'un vote pour repousser l'échéance budgétaire et ainsi éviter de nouvelles élections, à la Knesset, le 24 août 2020. (Oren Ben Hakoon / POOL)
Le Premier ministre d'alternance et ministre de la Défense Benny Gantz (à gauche) et le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d'un vote pour repousser l'échéance budgétaire et ainsi éviter de nouvelles élections, à la Knesset, le 24 août 2020. (Oren Ben Hakoon / POOL)

Le Parlement israélien a adopté lundi soir un projet de loi permettant de repousser le vote du budget de l’Etat, mais surtout d’éviter de nouvelles élections anticipées, cette fois en pleine crise du nouveau coronavirus.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé dimanche soir avoir accepté une proposition de compromis du député de la coalition Zvi Hauser de repousser l’adoption, mettant fin à une crise politique qui aurait conduit Israël à un scrutin anticipé.

Le budget devant être adopté avant le 25 août, les députés devaient voter le report lundi afin d’éviter la dissolution de la chambre et donc la tenue de nouvelles élections qui auraient été les quatrièmes en moins de deux ans. 

Lundi soir, à 21h58, deux heures et deux minutes avant que de nouvelles élections ne soient déclenchées, les députés ont voté en deuxième et troisième lecture ce projet de loi à 67 voix contre 37, pour repousser de 120 jours (au 23 décembre) l’adoption du budget sans toutefois régler sur le fond le différend entre Netanyahu et Gantz.

Avant le vote, Gantz, furieux, avait averti que « du sang pourrait couler dans les rues » si des élections étaient déclenchées, et avait fustigé Netanyahu pour n’avoir pas agi dans l’intérêt national. Il a ajouté qu’il ne voulait plus se taire face aux attaques du Likud à son encontre, accusant le parti de Netanyahu de se préoccuper de la survie politique du Premier ministre plus que du bien-être du pays et de ses citoyens, avertissant qu’il ne permettrait à personne de causer une érosion de la démocratie.

« Aucune attaque personnelle et aucune diffamation de sang ne parviendront à m’abattre », a déclaré Gantz. « Pendant 100 jours, j’ai fait savoir à mes partenaires politiques au sein du gouvernement que je cherchais un partenariat », a-t-il ajouté, en référence aux 100 jours depuis la formation du gouvernement de coalition, « que mes mains étaient tendues pour une coopération et que mon cœur était dévoué à un seul problème : assurer la sécurité, la santé et les moyens de subsistance des Israéliens. Pendant 100 jours, je suis resté silencieux face aux attaques personnelles et à un déluge de tentatives d’humiliation et d’exclusion. Je suis resté silencieux face aux blasphèmes et aux humiliations des hauts responsables du Likud. Ces 100 jours de silence, d’acceptation et de retenue sont terminés. »

Gantz a déclaré « qu’une terrible tempête faisait rage à l’extérieur », en référence à la crise du coronavirus et aux ravages économiques qu’elle a provoqués.

Il a ajouté que quiconque soutenait la tenue d’élections « ne me menace pas, mais menace plutôt les Israéliens. Je ne permettrai à personne de mettre Israël à genoux ».

Le ministre de la Défense Benny Gantz lors d’une conférence de presse, le 24 août 2020. (Oren Ben Hakoon / POOL)

Le ministre de la Défense a déclaré qu’il était entré dans le gouvernement de Netanyahu et en avait payé un lourd tribut politique parce qu’il souhaitait mettre fin à la crise politique.

« Sous ma surveillance, tant que je serai ministre de la Défense, je garderai Israël en sécurité de l’extérieur et de l’intérieur. Je ne permettrai à personne de menacer l’état de droit », a-t-il déclaré.

« Netanyahu, si vous recherchez la coopération au profit des citoyens israéliens, ma main reste tendue », a-t-il dit, ajoutant qu’il empêcherait le Premier ministre de chercher à affaiblir l’application de la loi.

Netanyahu a rétorqué qu’il « ne se souvenait pas » d’avoir dénigré Gantz, mais qu’il soutiendrait quand même le compromis.

Le Comité des finances avait avancé la mesure de compromis lors d’une séance nocturne dimanche.

Bien que la crise politique concernait apparemment le budget de l’État, les véritables points de discorde lundi semblaient être plutôt la question des nominations de hauts responsables des forces de l’ordre et l’équilibre des pouvoirs au sein de la coalition d’unité.

Malgré les demandes antérieures du Likud, le projet de loi final approuvé par le plénum de la Knesset lundi soir ne comprenait pas de clause, demandée plus tôt par le parti, pour former un groupe sur les nominations des hauts dirigeants. Netanyahu a été accusé d’avoir cherché à gérer la nomination de hauts responsables judiciaires – y compris un nouveau procureur d’État – qui pourraient être plus indulgents dans le procès pour corruption auquel il fait face. Le Premier ministre a nié un tel projet.

Selon la Douzième chaine, le parti Kakhol lavan a déclaré qu’il n’accepterait une telle clause que si le Likud acceptait également d’adopter des articles longtemps retardés officialisant l’équilibre des pouvoirs au sein du cabinet, comme convenu dans l’accord de coalition entre eux – ce que le Likud a refusé de faire.

D’autres différends entre les deux partis, y compris la question du groupe spécial pour les nominations de responsables, doivent encore être résolues. Ces questions n’ont pas été inclues dans l’accord de compromis budgétaire voté lundi, et les députés continueront à en discuter.

Bien que les élections ont été évitées, de nombreux analystes estiment que le gouvernement actuel reste menacé et ne survivra pas au-delà de la prochaine échéance. Si, à la nouvelle date limite du 23 décembre, la coalition ne parvient toujours pas à s’entendre sur un budget jusqu’à la fin de 2021, le pays se dirigera vers de nouvelles élections en mars, Netanyahu gardant son siège tout au long du processus.

Une session plénière de la Knesset, le 24 août 2020. (Oren Ben Hakoon / POOL)

Le compromis signifie qu’Israël terminera presque certainement 2020 sans budget d’État, soulignant la paralysie provoquée par la coalition d’unité Likud-Kakhol lavan, déchirée par une profonde méfiance mutuelle entre les partis et des querelles politiques quasi constantes depuis sa création en juin, après trois élections non concluantes.

En vertu de l’accord de coalition, Netanyahu doit céder les rênes du gouvernement à Gantz en novembre 2021, ou plus tôt si le gouvernement venait à être dissous – sauf dans le cas d’une dissolution de la coalition en raison de l’échec de l’adoption d’un budget jusqu’à la fin de 2021.

Dans cette nouvelle saga qui a passionné la presse locale, Benjamin Netanyahu était accusé par des analystes de chercher à faire éclater la coalition afin de provoquer de nouvelles élections et ainsi tenter de former un nouveau gouvernement sans Benny Gantz.

L’accord de coalition entre les deux partis stipulait toutefois que le gouvernement voterait un budget pour deux ans, mais le Likud de M. Netanyahu a proposé de voter deux budgets, ce que la formation de M. Gantz a refusé.

Le chef de l’opposition, le député Yair Lapid, a vivement critiqué l’accord de lundi soir, le qualifiant de « 120 jours supplémentaires d’échec ».

« Ils ne prétendent même pas qu’ils feront quelque chose de différent », a-t-il accusé lors d’une réunion de faction tard dans la nuit après l’approbation du report par le Parlement.

« Encore 120 jours sans budget, 120 jours supplémentaires de la catastrophe connue sous le nom de congé sans solde [qui a laissé de nombreux Israéliens sans revenus en raison de la pandémie] et toujours sans plan approprié pour le début de l’année scolaire. »

« Pendant une crise sanitaire et économique extrême, le gouvernement israélien a décidé que son seul plan était de tout retarder de 120 jours », a-t-il accusé. « Pendant une crise sanitaire et économique extrême, [le Premier ministre Benjamin] Netanyahu ne fait toujours qu’une seule chose : jouer à faire de la politique. »

Le parti d’opposition Yisrael Beytenu a également critiqué le report, tweetant mardi : « Un résumé des événements de la nuit dernière : l’État d’Israël est resté sans budget pour stabiliser l’économie pendant une crise économique, et encore une fois les partis ultra-orthodoxes ont obtenu l’argent qu’ils voulaient. »

Le ministre des Communications, Yoaz Hendel, dont la faction Derech Eretz disparaitrait probablement à la suite d’une nouvelle élection, a déclaré qu’un vote serait un « désastre » – « pas pour moi personnellement, mais pour le pays ».

Le deuxième député de Derech Eretz, Zvi Hauser, a rédigé le compromis de report adopté lundi soir.

« Nous ne devons pas aller vers des élections », a insisté Hendel dans un communiqué mardi matin. « Nous devons débloquer des budgets pour les ministères et les organismes sans but lucratif, nous devons faire face à la vaste crise économique que j’ai vécue de près, y compris dans ma famille immédiate. Nous avons choisi de rejoindre un gouvernement d’unité parce que je pensais qu’Israël n’avait pas d’alternative. C’était le compromis. »

« Je sais que ce gouvernement ne fonctionne pas bien, je n’ai pas l’intention de le cacher mais de le réparer et de l’améliorer », a-t-il ajouté.

Selon de récents sondages, le Likud de Benjamin Netanyahu reste en première place dans les intentions de vote, alors que le parti Kakhol lavan de Benny Gantz dégringole, et que les formations de centre-gauche Yesh Atid et de la droite radicale Yamina progressent.

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