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La Ligue arabe réintègre le régime syrien après plus de 11 ans d’absence

Il s'agit d'un retournement spectaculaire sachant qu'en 2013, l'opposition anti-Assad avait pu occuper le siège de la Syrie lors d'un sommet de la Ligue arabe à Doha au Qatar

Le président syrien Bashar al-Assad, à droite, reçoit une délégation représentant divers parlements arabes à Damas, le 26 février 2023. (Crédit : SANA via AP)
Le président syrien Bashar al-Assad, à droite, reçoit une délégation représentant divers parlements arabes à Damas, le 26 février 2023. (Crédit : SANA via AP)

Les ministres arabes des Affaires étrangères ont décidé dimanche au Caire de réintégrer le régime syrien à la Ligue arabe après l’avoir écarté en 2011 pour la répression d’un soulèvement populaire ayant dégénéré en guerre sanglante.

« Les délégations du gouvernement de la République arabe de Syrie siègeront de nouveau à la Ligue arabe », indique le texte voté par l’ensemble des ministres dans une réunion à huis clos au siège de la Ligue arabe au Caire.

Isolé diplomatiquement depuis 2011, le président syrien Bachar al-Assad est récemment sorti de son statut de persona non grata et certains observateurs estiment qu’il pourrait même assister le 19 mai à Jeddah au sommet annuel des chefs d’État de l’organisation pan-arabe.

Il s’agit d’un retournement spectaculaire sachant qu’en 2013, l’opposition anti-Assad avait pu occuper le siège de la Syrie lors d’un sommet de la Ligue arabe à Doha au Qatar.

Des pays arabes avaient soutenu des rebelles au début de la guerre, devenue depuis un terrain d’affrontement entre forces étrangères, et qui a fait environ un demi-million de morts et des millions de réfugiés et de déplacés.

Si le réchauffement diplomatique se préparait depuis des mois, M. Assad a bénéficié de l’élan de solidarité mondial après le tremblement de terre dévastateur du 6 février, qui a fait des milliers de morts en Turquie et en Syrie.

Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe lors de leur réunion annuelle au Caire, en Égypte, le 6 septembre 2022. (Crédit : AP Photo/Amr Nabil)

Normalisation

Le président et ses ministres ont ainsi vu défiler à Damas les représentants de nombreux pays arabes qui refusaient jusqu’alors de normaliser leurs relations avec la Syrie – certains faisant même de leur départ du pouvoir une condition sine qua non.

Damas mise désormais sur une pleine normalisation avec les pays arabes, notamment les riches monarchies du Golfe – un temps plus grands alliés de l’opposition à M. Assad –, pour financer la coûteuse reconstruction du pays aux infrastructures ravagées par les conflits à répétition.

Avec le temps et le soutien précieux de la Russie et de l’Iran, le régime de M. Assad a repris le contrôle de la majeure partie du territoire même si quatre millions de personnes vivent dans le nord-ouest sous contrôle des rebelles et des jihadistes.

Samedi à Damas, le président iranien Ebrahim Raïssi et son homologue syrien annonçaient renforcer leurs liens diplomatiques et économiques, mettant l’accent sur la reconstruction.

En outre, selon une enquête de l’AFP publiée en novembre, la Syrie est parvenue à rester à flot en exportant du captagon. Ce stimulant a donné naissance à une industrie illégale de plus de 10 milliards de dollars, faisant de la Syrie le narco-Etat le plus récent du monde.

Les Émirats arabes unis, premier État du Golfe à avoir rétabli ses relations avec Damas, ont rouvert leur ambassade en 2018 et reçu M. Assad en mars.

En novembre 2011, 18 des 22 membres de la Ligue arabe avaient suspendu la participation du gouvernement syrien à leurs réunions, suscitant l’approbation des pays occidentaux et de la Turquie, mais l’ire de la Russie, de l’Iran, de l’Irak et du Liban.

Le président syrien Bashar Assad, à gauche, et son ministre des Affaires étrangères Walid al-Moallem, au centre, assistent à la session d’ouverture du sommet annuel de la Ligue arabe au King Abdul Aziz Conventional Center à Riyadh, en Arabie Saoudite, le 28 mars 2007. (Crédit : AP Photo/Nasser Nasser)

Rapprochement irano-saoudien

L’organisation pan-arabe avait également imposé des sanctions économiques à la Syrie et la fin des liaisons aériennes, après des mois de mesures économiques américaines et européennes contre des dirigeants et intérêts économiques syriens.

En février 2012, les pays du Conseil de coopération du Golfe (Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, Arabie saoudite et Émirats arabes unis) avaient rappelé leurs ambassadeurs de Syrie.

Mais dès fin 2018, les Émirats arabes unis, qui multiplient les coups d’éclats diplomatiques et tentent de s’imposer en leader sur la scène arabe, avaient rouvert leur ambassade à Damas. Bachar al-Assad leur avait réservé en retour en mars 2022 sa première visite dans un pays arabe depuis le début de la guerre.

En 2023, la donne régionale change radicalement : l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite, grands ennemis, se réconcilient en mars.

Dans la foulée, le 12 avril, le ministre syrien des Affaires étrangères effectue une visite surprise en Arabie saoudite, une première depuis le début du conflit. Deux semaines plus tard, la Tunisie nomme un ambassadeur à Damas.

Avant cela, peu après le séisme, le chef de la diplomatie égyptienne – poids lourd de la Ligue arabe – avait été dépêché à Damas pour une visite « humanitaire ».

En dehors de la Ligue arabe, la Turquie, grand soutien des anti-Assad depuis 2011, amorce également un réchauffement.

Fin 2022, les ministres turc et syrien de la Défense se sont entretenus lors d’une réunion tripartite à Moscou. Mais M. Assad insiste : pas de rapprochement sans « la fin de l’occupation » turque du territoire syrien.

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