La manifestation pro-Israël à Washington réunira toutes les voix juives américaines
Pour le chef de la Conférence des présidents, la manifestation du 14 novembre évoquera les attaques du Hamas, la libération des otages et les dangers de l'antisémitisme
WASHINGTON (JTA) – Au rassemblement pro-israélien de masse prévu à Washington la semaine prochaine, Americans for Peace Now défilera aux côtés d’un groupe dirigé par une personne qui lui reproche des tweets racistes.
En effet, l’Organisation Sioniste d’Amérique accuse Americans for Peace Now de soutenir l’antisémitisme.
Les dirigeants des deux groupes ont déclaré qu’ils manifesteraient encore ensemble le 14 novembre prochain.
Selon une alerte de l’APN, organisation pro-israélienne de gauche, « Il est presque certain que certains orateurs diront des choses avec lesquelles nous ne serons pas d’accord, et ils ne diront certainement pas tout ce que nous pensons devoir être dit ». « Mais nous ne céderons pas ce terrain à ceux avec qui nous ne sommes pas d’accord. Nous serons là ensemble, comme une communauté, aux côtés d’autres organisations juives de notre Bloc de la paix et, oui, aux côtés de ceux qui ne partagent pas nos points de vue. »
Morton Klein, le président de l’Organisation Sioniste d’Amérique, de droite, ne dit pas autre chose : « Ceux qui, comme le Hamas, détestent les Juifs, ne nous laissent aucun répit, quelles que soient nos opinions politiques. C’est donc avec fierté que je serai aux côtés de mes compatriotes juifs, pour protéger tous les Juifs, quelles que soient leur position politique ou leurs croyances religieuses », a-t-il déclaré.
Garantir la présence de ces deux organisations – ainsi que d’autres -, fermement à droite et à gauche, était l’un des objectifs du rassemblement qui espère attirer des dizaines de milliers de manifestants favorables à Israël, à la libération des otages du Hamas et actifs contre l’antisémitisme.
L’objectif de ce rassemblement est en effet de galvaniser le soutien à l’effort de guerre israélien plus d’un mois après l’attaque du 7 octobre au cours de laquelle le Hamas a tué quelque 1 200 personnes et a pris 240 otages, conduisant Israël sur le chemin de la guerre contre Gaza pour en déloger le groupe terroriste. L’offensive israélienne, de plus en plus critiquée en raison du bilan des victimes civiles, fait face à de nombreux appels à un cessez-le-feu. Ce rassemblement entend également montrer que même si les Juifs américains sont toujours plus polarisés, nombre d’organisations juives – et leurs sympathisants – sont capables de s’entendre sur un message global de soutien à Israël et de refus de l’antisémitisme.
« C’est révélateur de la clarté née des événements du 7 octobre », explique William Daroff, le PDG de la Conférence des présidents des principales organisations juives américaines, organisatrice du rassemblement avec les Jewish Federations of North America. « Nous devons faire front ensemble, comme un seul homme, mettre de côté nos différences – grandes et petites – et nous concentrer sur ce que nous avons en commun, à savoir notre lien avec Israël et les uns avec les autres, en tant que Juifs, ici comme ailleurs dans le monde. »
À cette fin, les organisateurs ont conçu le rassemblement de façon à aligner des conférenciers et à présenter une image de nature à susciter le plus large consensus, en évitant les sujets susceptibles d’aliéner une partie du monde juif.
Le rassemblement n’a pas de parrains officiels, et les dirigeants des organisations ne prononceront pas de discours sur scène. L’accent sera mis sur la tragédie du 7 octobre et la nécessité d’obtenir la libération des otages, ainsi que sur les dangers de l’antisémitisme, sur le campus et ailleurs.
« Nous sommes en contact avec des familles d’otages, des rescapés, des personnes déplacées et d’autres, touchées d’une manière ou d’une autre par ce qui s’est passé le 7 octobre en Israël », a-t-il précisé, s’agissant de possibles intervenants. Le programme officiel n’a pas encore été publié.
« Nous sommes également en pourparlers avec des étudiants victimes de la haine sur nos campus », a-t-il ajouté. Des invitations ont été adressées aux principaux dirigeants du Congrès et aux hauts responsables de l’administration Biden, a-t-il précisé, « ainsi qu’à des artistes de tout premier plan et des personnalités du show business ».
Les principales organisations conservatrices, réformées, reconstructionnistes et orthodoxes font la publicité de ce rassemblement. Aux côtés de l’APN, la gauche pro-israélienne sera représentée par le lobby libéral J Street. Le président de l’APN, Hadar Susskind, a déclaré que l’absence de sponsors facilitait la plus large adhésion. Il n’a pas eu à s’inquiéter que le logo de l’APN apparaisse à côté de ceux des groupes auxquels elle s’oppose habituellement.
« Je pense que le fait que personne ne parraine l’événement est très intelligent », a-t-il déclaré. « Parce que, franchement, si on m’avait demandé de le co-parrainer, je ne suis pas certain que je l’aurais fait. Le coparrainage, pour moi, implique quelque chose de plus que le simple « Nous serons présents ».
Selon un sondage publié jeudi par les Jewish Federations of North America, une grande majorité des Juifs américains redoute la montée de l’antisémitisme et soutient l’aide militaire à Israël.
L’ensemble de la gauche juive ne sera pas représentée mardi, mais elle pourrait organiser sa propre manifestation. Les organisations juives qui accusent Israël de génocide et plaident, lors des manifestations, pour un cessez-le-feu immédiat, comme Jewish Voice for Peace et IfNotNow, n’ont pas répondu aux demandes de commentaires pour savoir si elles allaient contre-manifester.
Les organisateurs de ce rassemblement espèrent avoir le même impact que les rassemblements de masse organisés par les Juifs sur le National Mall en 2002, lorsque la Seconde Intifada faisait rage en Israël, ou encore en 1987, au nom de la communauté juive soviétique. Ces manifestations avaient alors rassemblé plus de 100 000 participants. À en juger par la demande d’autorisation, l’affluence devrait être moindre. Les organisateurs ont en effet demandé au National Park Service un espace susceptible d’accueillir 60 000 personnes.
Daroff est pourtant convaincu que la manifestation sera marquante.
« On entend parler de milliers de personnes bien décidées à effectuer le déplacement jusqu’à Washington – des écoles qui ferment et qui viendront avec leurs élèves, idem pour des universités. Des fédérations ont affrété des vols, des gens viendront de la côte ouest. Un grand nombre de personnes devrait aussi venir du sud de la Floride », a-t-il ajouté. « Cela ne me surprendrait pas si toutes les synagogues de Boca Raton se retrouvaient sur le National Mall mardi. »
Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de tensions politiques. Au moment de l’annonce lundi soir, l’administration Biden et Israël étaient plus ou moins en phase en termes de rejet de la pression de la gauche en faveur d’un cessez-le-feu. L’administration Biden ferait en ce moment pression pour obtenir une pause de trois jours dans les combats afin d’acheminer l’aide humanitaire. Si Israël résiste, ces déclarations politiques pourraient être entendues par les orateurs à la tribune. Jeudi, Israël a accepté des pauses de plusieurs heures par jour pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire.
Daroff a déclaré que les conditions de sécurité seraient strictes – une autre préoccupation primordiale des Juifs américains. « Le tout premier appel que j’ai passé, alors que nous envisagions d’organiser cet événement, a été pour le Secrétaire Alejandro Mayorkas au Département de la Sécurité intérieure ». Les agences de sécurité nationale assureront également la sécurité de l’événement.
« Nous aurons littéralement des centaines de responsables de la sécurité sur place, sans compter nos propres services de sécurité », a-t-il ajouté. « Il y aura des détecteurs de métaux, des magnétomètres et je suis convaincu que le 14 novembre, à treize heures, notre petite partie du National Mall sera l’un des endroits les plus sûrs de toute la planète. »
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