La marine déclare opérationnelle la flotte de navires de guerre de classe Saar 6
Trois des quatre corvettes de 2 000 tonnes sont opérationnelles et la quatrième est sur le point de l'être, après avoir été équipée de 20 capteurs, armes et systèmes de communication
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Plus de deux ans après avoir reçu le premier navire, la marine israélienne a déclaré dimanche que sa flotte de corvettes de classe Saar 6, chargées de protéger le champ gazier et les voies de navigation du pays, était opérationnelle.
Lorsqu’ils ont été livrés pour la première fois à la fin de l’année 2020 et au cours de l’année 2021, les navires n’étaient capables que de naviguer. Depuis, ils ont été équipés de capteurs, d’armes et de systèmes de communication avancés.
Trois des quatre navires ont été déclarés pleinement opérationnels, et le quatrième – livré en août 2021 – est très proche de ce stade, près de deux ans après sa réception.
Le délai de deux ans nécessaire pour que chaque navire soit déclaré opérationnel est considéré comme relativement rapide selon les normes de la marine, étant donné que la classe précédente de corvette, la Saar 5, a mis environ 10 ans pour être déclarée opérationnelle.
Les navires sont beaucoup plus grands et plus puissants que les navires de guerre de la classe Saar 5, et sont spécifiquement destinés à protéger le champ gazier et les voies de navigation du pays. Bien qu’il soit plus grand, le navire apparaît beaucoup plus petit sur les radars, grâce aux progrès de la technologie furtive au cours des dernières décennies.
Les corvettes de la classe Saar 6 sont nommées INS « Magen », qui signifie bouclier ; « Oz », qui signifie courage ; « Atsmaout », qui signifie indépendance ; et « Nitzahon », qui signifie victoire. Chaque navire est doté d’un équipage d’environ 80 marins.
Chaque navire de près de 2 000 tonnes est équipé de 20 systèmes, dont 18 sont de fabrication israélienne. Ces systèmes comprennent une version modifiée du système du Dôme de fer, connu sous le nom de C-Dome, ainsi que les systèmes de missiles Gabriel V et LRAD, ce dernier pouvant abattre des missiles de croisière et des missiles balistiques.
L’annonce intervient dans un contexte de tensions accrues dans la région et à la suite des récentes mises en garde du ministre de la Défense Yoav Gallant, selon lesquelles Israël serait probablement confronté à un conflit sur plusieurs fronts dans un avenir proche.
L’année dernière, le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah a menacé des installations gazières israéliennes dans le cadre de pourparlers menés sous la médiation des États-Unis au sujet d’un différend maritime. Le différend a finalement été résolu, mais le Liban a récemment tiré des roquettes et le Hezbollah a été à l’origine d’un attentat à la bombe dans le nord d’Israël.
Les menaces contre les installations gazières israéliennes comprennent une variété de missiles terre-mer de fabrication russe et chinoise, qui seraient entre les mains du Hezbollah libanais et du groupe terroriste palestinien du Hamas dans la Bande de Gaza.
La marine pense également que ces deux groupes terroristes développent d’autres capacités navales, notamment des submersibles autonomes, des drones suicides et des unités de commando en plongée sous-marine.
Certaines de ces armes ont déjà été déployées contre Israël lors de combats, par le Hezbollah lors de la Seconde guerre du Liban en 2006 et par le Hamas lors des guerres de Gaza en 2014 et 2021. Le Hezbollah a réussi à endommager gravement l’INS Hanit de la marine au moyen d’un missile terre-mer lors du conflit de 2006 ; le Hamas a fait appel à un commando naval lors d’une attaque côtière audacieuse – mais finalement inefficace – sur la plage de Zikim en 2014, et a tenté de lancer un drone sous-marin en 2021, qui a été détruit par la marine.
La marine a estimé que le Hezbollah était désormais en possession d’un grand nombre de missiles terre-mer, alors qu’il n’en possédait qu’une poignée en 2006. La marine a adapté ses méthodes et ses capacités à la lumière de ces menaces.
Outre la protection des plates-formes gazières, la marine doit également protéger les routes commerciales maritimes d’Israël, qui ne dispose pas de garde-côtes. Bien qu’entouré de terre sur trois côtés, Israël a une économie insulaire, et 97 % de ses importations sont acheminées par voie maritime plutôt que par voie terrestre.
Selon les statistiques officielles, la marine a mené 13 opérations depuis le début de l’année 2023, en plus de quatre exercices multinationaux.
Les opérations de la marine l’année dernière comprenaient l’escorte d’un navire de production flottant vers le champ gazier de Karish, près de la frontière avec le Liban.
La marine israélienne étant officiellement responsable de la défense des plates-formes et de ses navires, elle est également chargée d’identifier et de détruire les menaces potentielles, bien que la plupart des frappes effectives contre ces menaces soient effectuées par l’armée de l’Air, qui dispose d’une plus grande capacité à cet égard.
Par exemple, en 2021, un navire de guerre de classe Saar 4.5 a identifié un drone iranien, qui a ensuite été abattu par des chasseurs F-35.
En cas de guerre, le plan général de la marine consisterait à effectuer un bombardement massif des systèmes d’armes ennemis susceptibles d’être utilisés contre les plates-formes de gaz afin d’en détruire la majorité.
La décision d’acheter les navires Saar 6 à l’entreprise industrielle allemande Thyssenkrupp, ainsi qu’un autre accord avec l’entreprise pour l’achat de sous-marins, fait partie d’une enquête de corruption en Israël impliquant plusieurs hommes d’affaires israéliens de premier plan, y compris des contacts étroits du Premier ministre Benjamin Netanyahu, ainsi qu’un ancien commandant de la marine, l’amiral Eli Marom.
La marine maintient que l’achat du Saar 6 était nécessaire et que les décisions concernant ses spécifications ont été prises uniquement en fonction de considérations opérationnelles.