La mère d’un ex-otage réclame un accord avec le Hamas
La mère d'Almog Meir Jan demande au gouvernement d'approuver l'accord et à la communauté internationale de convaincre le Hamas. C'est la solidarité entre otages qui aurait sauvé son fils
La mère de l’ex-otage Almog Meir Jan – Orit Meir – ainsi que son oncle Aviram Meir ont demandé lundi au gouvernement de conclure un accord avec l’organisation terroriste du Hamas dans le but de libérer les 120 otages qui restent.
« La nuit dernière, j’ai bien dormi, pour la première fois en huit mois… J’ai de la chance. Il y a 120 familles qui attendent toujours, en retenant leur souffle, sans dormir, incapables de faire autre chose que de penser à leurs proches à Gaza », a déclaré Orit Meir.
« Les otages qui sont encore là-bas ont besoin d’un accord pour enfin rentrer chez eux. Il y a un accord sur la table. Nous demandons au gouvernement israélien d’accepter cet accord, et à la communauté internationale de convaincre le Hamas de l’accepte et de libérer les 120 otages qu’il détient », a-t-elle poursuivi.
Jan évoquait ainsi la proposition israélienne présentée par le président américain Joe Biden, le 31 mai dernier, avec son plan en trois phases – cessez-le-feu, libération des otages israéliens et des prisonniers de sécurité palestiniens et reconstruction de Gaza.
Pour convaincre le Hamas d’accepter cet accord, Biden a exposé les éléments clés de l’offre israélienne dans un discours qui a déclenché des ondes de choc jusqu’à Jérusalem, où les partenaires de coalition d’extrême droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu ont menacé de faire tomber le gouvernement si le Premier ministre validait cette offre.
Selon Biden, aux termes de cet accord, les femmes otages, les otages âgés et les otages malades seraient libérés lors de la première phase, d’une durée de six semaines. La deuxième phase de cet accord se traduirait par un cessez-le-feu définitif, sans que le Hamas puisse retsre au pouvoir à Gaza – Biden l’a réaffirmé, sans toutefois en préciser les modalités.
Meir et son frère ont donné une conférence de presse à l’hôpital Sheba de Ramat Gan, où Almog Meir Jan est hospitalisé depuis son sauvetage samedi, après huit mois de captivité aux mains du Hamas à Gaza, grâce à une opération héroïque des forces israéliennes.
Meir Jan a été secouru en même temps qu’Andrey Kozlov, Shlomi Ziv et Noa Argamani.
L’inspecteur en chef Arnon Zmora, 36 ans, membre de l’unité d’élite antiterroriste Yamam, a été tué lors de cette opération.
Selon Meir, ce sont les relations que son fils entretenait avec Kozlov et Ziv, avec lesquels il était détenu, qui l’ont aidé à tenir le coup.
« Ils ont été séquestrés ensemble pendant plus de six mois [sur les huit mois de captivité]… Leur relation leur a donné de la force. Ils n’ont pas perdu espoir, jusqu’au cours de leur sauvetage. Ils ont gardé le moral en s’aidant les uns les autres. Almog n’a jamais abandonné l’espoir de sortir de captivité », a déclaré Meir.
Elle a indiqué que son fils avait appris l’arabe, à Gaza, et entendu quelques nouvelles en écoutant de temps à autres – jamais en regardant – Al Jazeera. Il est revenu sans savoir vraiment ce qu’il en était de la guerre ou des otages, et sa famille, comme le personnel de l’hôpital, lui ont progressivement donné toutes les informations.
« Il a aussi appris le russe parce que c’est la langue que parle Andrey. Les trois hommes avaient beaucoup de temps devant eux pour parler. Ils continuent de se parler à l’hôpital et semblent avoir développé leur propre langage, avec des signes particuliers », a indiqué Meir.
Meir s’est dite soulagée que son fils soit revenu en bonne santé physique, tout en reconnaissant que son rétablissement complet prendrait vraisemblablement du temps.
« Ce ne sera pas facile. C’est comme si on l’avait privé d’identité ces huit derniers mois. On l’a privé de liberté. Ici, il aura tout le temps et le loisir de prendre ses décisions, C’est extrêmement important. Je sais qu’il lui reste du chemin à parcourir, mais il part du bon endroit », a confié Meir.
« N’oubliez pas ce que nous avons vécu avant cela. Mon fils fait shiva », a-t-elle ajouté, en parlant de la mort et de l’enterrement du père d’Almog Meir Jan, Yossi Jan, décédé quelques heures avant le sauvetage de son fils.
En évoquant l’anniversaire de sa sœur, dimanche, Aviram Meir a dit : « Orit a eu le plus beau cadeau. Nous sommes extrêmement heureux. »
Meir a remercié toutes les personnes ayant pris part à la préparation et à l’exécution de l’opération de sauvetage et dit que son neveu se trouvait dans un état « correct », encore sous le coup de tests et de traitements à Sheba.
« Nous craignions qu’il soit en moins bonne santé, donc nous sommes plutôt soulagés », a-t-il déclaré. « Nous souhaitons que les familles des autres otages puissent, elles aussi, enfin respirer, comme nous le faisons aujourd’hui. »
On estime à 116 le nombre d’otages enlevés par le Hamas le 7 octobre dernier encore à Gaza – bien que des dizaines d’entre eux soient considérés comme morts – depuis le libération de 105 civils à la faveur d’un cessez-le-feu d’une semaine, fin novembre, et de quatre autres, un peu avant. Sept otages ont été secourus vivants par des soldats, auxquels s’ajoutent les corps de 19 otages retrouvés à Gaza – trois d’entre eux tués par erreur par des militaires israéliens.
Sur la foi de nouveaux renseignements collectés par les soldats déployés à Gaza, Tsahal a confirmé la mort de 41 otages encore aux mains du Hamas.
Une autre personne est portée disparue depuis le 7 octobre, sans aucune information la concernant.
Le Hamas détient également deux civils israéliens entrés de leur plein gré dans la bande de Gaza, respectivement en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats de Tsahal tués en 2014. Cela porte à 120 le nombre d’otages israéliens à Gaza.