La méthode des élus israéliens pour débattre de l’antisémitisme aux États-Unis
Les évangéliques ont été invités ; Savoir si Trump est lié à l'environnement propice à la haine a été discuté par les Israéliens et les juifs qui n'ont pas les mêmes réponses
JTA – Suite à la fusillade meurtrière qui a eu lieu le 27 octobre dans une synagogue de Pittsburgh, les députés israéliens se sont réunis pour une réunion spéciale consacrée à l’antisémitisme en Amérique.
Le débat a parfois été enflammé : les politiciens ont crié et ont débattu sur la définition de l’antisémitisme, de l’occupation et du mouvement de boycott d’Israël, le BDS. Ce qu’ils n’ont pas fait, c’est de consulter l’avis des juifs américains.
L’assassinat de 11 juifs à la synagogue Tree of Life a suscité non seulement une angoisse en Israël et aux États-Unis, mais aussi une série de débats sur Israël et la Diaspora. Certains ont accusé de hauts responsables israéliens qui ont assisté à des commémorations à Pittsburgh d’avoir profité de l’occasion pour soutenir le président américain Donald Trump. Les responsables ont suggéré en réponse que les juifs américains étaient injustes en accusant Trump, un allié proche d’Israël, d’être responsable du climat dans lequel le tireur s’était radicalisé.
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Les juifs américains et israéliens étaient également en désaccord entre eux sur ce qui représente la plus grande menace pour les juifs américains : l’antisémitisme d’extrême-droite ou l’anti-israélisme virulent à l’extrême-gauche.
C’est dans ce contexte que le comité de la Knesset sur l’Immigration, l’Intégration et la Diaspora s’est réuni lundi.
À un moment donné, Mossi Raz du parti d’extrême-gauche Meretz a demandé avec colère au président du comité, Avraham Neguise, qui avait parlé d’antisémitisme dans le mouvement BDS s’il pensait que Raz était un antisémite parce qu’il soutenait le boycott des implantations.
Alors que des représentants des fédérations juives d’Amérique du Nord, du Comité juif américain et de la Ligue anti-diffamation (ADL) assistaient à la session, aucun d’entre eux ne s’est adressé aux députés israéliens. Au lieu de cela, le comité a entendu les témoignages de la Communauté internationale des chrétiens et des juifs (CMI) qui recueille en grande partie des fonds pour Israël parmi les chrétiens évangéliques, ainsi que du Congrès juif israélien, ou IJC.
“Je n’ai pas de réponse et d’autre part, je ne pense pas qu’il soit approprié pour nous, en tant qu’Israéliens, de dicter ou d’offrir des solutions”, a déclaré le directeur exécutif de la CMI, Arsen Ostrovsky.
“Nous devons être ici avant tout pour montrer notre unité et notre solidarité. Quand j’ai parlé avec des collègues, des partenaires et d’autres dirigeants juifs d’Amérique en leur demandant quel message nous pouvons vous transmettre ici aujourd’hui, la réponse a été retentissante : ‘Écoutez, écoutez, écoutez. S’il vous plaît, écoutez-nous’.”
Bien que les députés n’aient pas eu de nouvelles de leurs coreligionnaires américains, plusieurs, dont Nachman Shai de l’Union sioniste, ont appelé à une action israélienne contre l’antisémitisme, affirmant que “l’État doit agir et protéger les communautés juives du monde entier”.
Cependant, peu ou pas de propositions concrètes ont été avancées. Plusieurs participants, y compris des représentants du gouvernement et de la société civile, ont qualifié la réunion de perte de temps, soulignant quelques problèmes qui n’ont pas été abordés : la rhétorique discordante de Trump, son incapacité à nommer un émissaire juif à la Maison Blanche et les promesses de longue date encore retardées de nomination d’un envoyé spécial américain chargé de surveiller et de combattre l’antisémitisme.
Sous la direction du Premier ministre Benjamin Netanyahu, le gouvernement israélien a été “très timide dans sa critique de l’administration Trump”, s’est plainte la députée de l’opposition à la Knesset, Ksenia Svetlova. Elle a appelé Netanyahu à se montrer plus franc sur la teneur du discours aux États-Unis et dans d’autres pays, en particulier en Europe de l’Est.
“Nous devons être plus fermes dans nos déclarations au sujet de ce qu’il se passe, ce à quoi nous nous attendons”, a déclaré Svetlova. “Notre gouvernement est en train de se taire.”
On ne peut pas s’attendre à ce qu’Israël assure la sécurité physique des juifs à l’étranger, mais l’Etat juif peut utiliser ses bonnes relations avec ses homologues pour “faire pression sur les gouvernements concernés afin de renforcer la sécurité, le sentiment de sécurité, non seulement en mettant des gardes armés et plus d’armes à ces endroits, mais en donnant l’impression que nous n’allons pas laisser ces fous continuer à faire ce qu’ils font”, a-t-elle déclaré à JTA.
Dans l’impossibilité d’assister à la réunion, l’ambassadeur américain en Israël, David Friedman, a envoyé au comité une lettre dans laquelle il a affirmé que l’administration Trump était “résolue à lutter contre l’antisémitisme partout où il existe”. Le FBI, a-t-il écrit, a coopéré avec les Israéliens pour “identifier et arrêter ceux qui terroriseraient ou menaceraient le peuple juif aux États-Unis, que ces menaces proviennent des États-Unis, d’Israël ou du reste du monde.”
L’ancien membre de la Knesset, Dov Lipman, participait à la discussion israélienne et a déclaré qu’il était surpris par l’absence d’orateurs américains. Il a déclaré que la manière pour Israël de s’impliquer devrait être de demander “comment Israël peut-il vous aider ? Et non de projeter et de suggérer ce dont eux, ont besoin. Il doit y avoir un dialogue.”
L’ancien ambassadeur des États-Unis en Israël, Dan Shapiro, qui a récemment écrit un éditorial dans The Forward, affirmant aux Israéliens que “leur travail est d’écouter”, n’a pas assisté à la réunion mais a approuvé cette idée générale.
“Les événements de Pittsburgh et l’après ont fait ressortir l’importance d’un dialogue entre Israël et les juifs américains, respectueux, dans laquelle les Israéliens ne s’immiscent pas dans la politique américaine”, a-t-il déclaré.
Shapiro a déclaré que les Israéliens ne devraient pas critiquer des politiques spécifiques, comme la décision prise l’an dernier par la Maison Blanche d’éliminer le contrôle des groupes de suprématistes blancs d’un programme gouvernemental destiné à lutter contre l’extrémisme violent.
“Ce sont des problèmes que les Américains doivent résoudre eux-mêmes”, a déclaré Shapiro. “Ce qui est le plus utile après Pittsburgh, c’est la solidarité, le soutien et la compassion.”
Avital Leibovich, directrice du Comité juif américain en Israël, a déclaré qu’elle-même et les autres Américains ne se sentaient pas étouffés à la Knesset. “D’après mon expérience, s’ils avaient voulu dire quelque chose, ils l’auraient fait”, a-t-elle déclaré à propos de ses collègues.
Interrogé sur les raisons pour lesquelles son comité n’avait pas de relation avec la communauté juive américaine, Neguise a répondu que “quiconque demandait à parler” recevait une tribune, notant qu’à la fin de l’audience un représentant de l’ADL avait refusé de faire des remarques. La demande de Neguise a semblé surprendre le représentant de l’ADL, suggérant que les Américains n’avaient pas été invités à l’avance.
Lipman, cependant, pense que le silence des Américains pourrait n’être qu’un signe qu’ “ils préfèrent ne pas avoir cette discussion avec nous maintenant, et c’est normal. Je pense juste qu’il est essentiel que nous soyons sensibles à suivre leur exemple et à ne pas nous imposer de quelque manière que ce soit.”
Interrogée sur la réaction israélienne à l’attaque de Pittsburgh, Rebecca Dinar, porte-parole des fédérations juives d’Amérique du Nord, a déclaré à JTA que les juifs américains “venaient de subir la pire attaque de notre histoire et que nous ne pouvions pas nous laisser distraire par les vrais problèmes auxquels nous sommes confrontés.”
“Nos élus et les personnes de bonne volonté du monde entier doivent travailler ensemble pour arriver au jour où aucune communauté ne sera visée par de telles attaques”, a-t-elle déclaré. “L’antisémitisme, le racisme et la xénophobie sont des maladies qui infectent les sociétés et aboutissent à une tragédie, non seulement pour les juifs, mais pour toute l’humanité. Personne en Amérique ne devrait se reposer jusqu’à ce que le dernier vestige d’une telle haine soit éradiqué.”
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