La « non-Jewish nanny » d’une famille orthodoxe devient célèbre sur TikTok
Chanteuse d’opéra de formation, Adriana Fernandez gagne notamment sa vie en gardant des enfants juifs. Avec ses posts, elle devient une influenceuse "tsniout"
Adriana Fernandez présente le profil typique de la jeune artiste : chanteuse d’opéra de formation, elle passe des auditions, donne des concerts et cumule les petits boulots. C’est finalement l’autre carrière de Fernandez – le babysitting d’enfants juifs orthodoxes – qui lui vaut sa célébrité.
Ses anecdotes de baby-sitting en Floride, publiées sur Instagram et TikTok sur un compte qui peut se traduire par ”nounou pas juive” [the non-Jewish nanny], connaissent en effet un très grand succès.
Ces derniers temps, les réseaux sociaux ont plutôt eu tendance à être brutalement antisémites, aussi les publications de Fernandez offrent-elles un répit plus que bienvenu.
Respectueuses, curieuses et joyeuses, ses publications sont à son image. Elles montrent de quelle manière elle se familiarise avec la vie juive et ont fait d’elle une improbable influenceuse avec plus de 40 000 abonnés sur Instagram.
Habituellement, les gens deviennent des influenceurs pour l’argent : il ne faut pas sous-estimer l’attrait des cadeaux.
Mais ce n’est pas ce qui intéresse Fernandez, qui se concentre sur l’apprentissage de nouvelles coutumes, langues et aliments.
Âgée de 25 ans, la jeune femme a donc appris à se vêtir modestement, mais avec sa patte. En présentant ses looks, Fernandez a prouvé que le frum n’était pas forcement ringard. Et des marques de vêtements ont commencé à lui envoyer des jupes et des tops, en espérant qu’elle les présenterait en ligne.
Fernandez saupoudre ses publications d’aperçus sur la tsniout, ou l’art de se vêtir de manière modeste. Elle assure qu’il est possible de porter de jolies tenues, même dans le cadre de directives rigides. (Comme elle tient ses mots d’hébreu d’une communauté yiddish, Fernandez le prononce « tznius ».)
La jeune femme, mince, très souriante et pourvue de yeux de biche, est une baby-sitter très demandée.
Au lieu de mettre les enfants dont elle a la charge devant les écrans, elle leur apprend des choses et, à son tour, découvre une culture nouvelle. Elle leur sert des plats casher, alors même qu’il y a encore quelques années, elle ignorait jusqu’au sens du mot « casher ».
Fernandez est avide d’en apprendre toujours plus, qu’il s’agisse d’essayer des sheitels – des perruques yiddish – ou de déguster des harengs. (Un goût acquis, assure-t-elle.)
Il y a une douceur et une sincère soif d’apprendre dans ses vidéos.
Fernandez, qui a grandi à Sarasota, en Floride, évoque avec le Times of Israel la façon dont cette fille chrétienne est devenue la coqueluche juive des réseaux sociaux.
Son entretien avec le Times of Israel a été édité pour plus de clarté et de concision.
The Times of Israël : Comment en êtes-vous arrivée à faire du baby-sitting pour des familles orthodoxes ?
Adriana Fernandez : J’étais assistante technique à la FSU (Florida State University). J’enseignais la diction, et j’étais chanteuse. Quand j’ai décidé de faire du baby-sitting, il se trouve que ma première famille était juive. Elle m’a recrutée grâce à un site spécialisé dans le baby-sitting.
Avez-vous eu des amis juifs en grandissant ?
Non, je n’avais jamais eu d’amis juifs. Je me souviens qu’il y avait quelques enfants juifs dans ma classe, dont un qui portait une kippa.
Qu’y a-t-il dans cette culture qui vous attire ?
Je pense juste qu’elle me paraît saine à bien des égards. Quand j’ai commencé à travailler pour la communauté juive, je traversais une période difficile dans ma vie, avec une personne à l’opposé de toutes ces valeurs, presque athée. Je crois qu’il y a une vie après la mort, et je crois qu’il y a un Dieu. Je pense que cette culture est extrêmement intéressante.
Lorsque je parlais avec les enfants, je trouvais nos échanges très amusants, et eux aussi aimaient m’apprendre des choses. C’est très intéressant de les mettre en situation de m’apprendre des choses. La plupart du temps, ils me parlent de ce qui fait leur vie, de leurs projets artistiques, de leurs vacances.
Pensez-vous vous convertir ?
Eh bien, il se trouve que j’ai beaucoup de passions dans la vie qui n’iraient pas avec le style de vie juif. Par exemple, prenez l’opéra. Certes, il y a des chanteurs dans la communauté juive, mais ils ne chantent que pour les femmes. Et l’opéra est une très grande passion pour moi. L’enseignement est aussi une de mes grandes passions. Et certes, on peut faire toutes ces choses dans le judaïsme. Je crois que ce que j’apprécie avant tout, c’est d’avoir ces personnes autour de moi, qui sont une grande source d’inspiration morale.
Comment choisissez-vous ce que vous mettez en ligne sous forme de vidéos ?
Sincèrement, comme on peut le voir sur TikTok, la plupart des contenus que je publie le sont à chaud, comme lorsqu’on me voit monter en voiture après mon travail de nounou et m’exclamer : « Les enfants étaient tellement drôles aujourd’hui lorsqu’ils ont tenté de m’expliquer telle ou telle chose. »
Quelle est votre tessiture en tant que chanteuse d’opéra ?
Je suis soprano, plus proche d’une soprano lyrique légère. J’ai une audition pour le Palm Beach Opera : je chante déjà pour eux, mais je tente le concours d’entrée du programme d’apprentissage, un niveau supérieur, donc c’est excitant et un peu angoissant.
Donc, vous êtes nounou et chantez. Que faites-vous d’autre ?
J’enseigne dans une école à Delray. J’enseigne les comédies musicales Disney dans les écoles en qualité d’artiste enseignant. Je leurs apprends « Frozen » avec mon partenaire, qui est un bon danseur.
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Est-ce que ce sont des petits boulots jusqu’à ce que vous réussissiez en tant que chanteuse d’opéra?
Peut-être qu’un jour je gagnerai ma vie en chantant des leads, mais pour l’instant, je consacre une grande partie de mon énergie à l’enseignement, aux enfants et au marketing. Tout vient à point nommé. L’opéra est au point mort en été, c’est pourquoi je me suis lancée dans le babysitting. Je ne sais jamais où ma vie va me mener en ce qui concerne l’opéra : c’est tellement imprévisible. Je suis prête à saisir toutes les opportunités qui pourraient se présenter.
Que vouliez-vous faire lorsque vous étiez enfant ?
À la base, je voulais être orthodontiste. C’est surprenant, non ? Ensuite, j’ai réalisé que j’étais mauvaise en mathématiques et en sciences, et je me suis dit que je n’y arriverais pas. Au moment de choisir une voie pour l’université, j’ai auditionné pour une bourse de musique. Quand j’ai auditionné pour la FSU, je savais qu’il fallait que je sache chanter. Alors je me suis dit : « Eh bien, je vais me mettre au chant. » Et c’est ce que j’ai fait en premier cycle. Naturellement, j’en suis venue à penser « Ok, je serai donc chanteuse d’opéra, et j’enseignerai la musique et l’opéra, le chant. » C’est un peu ce que je fais.
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Que dire des commentaires de vos fans sur les réseaux sociaux ?
Les gens me disent parfois : « J’avais pris des distances avec ma foi, mais vos publications me rappellent de bons souvenirs, toutes ces bonnes choses que j’ai oubliées. » Ou encore, « Je m’habille davantage comme ça maintenant parce que tu sais le rendre joli et cela m’inspire. » Donc, on peut me voir comme une sorte d’influenceuse, et je mesure ce que c’est que d’avoir de l’influence. C’est la raison pour laquelle je fais ce que je fais. Les gens m’envoient des messages gentils pour me dire : « Merci beaucoup. Cela fait vraiment du bien à côté de tout cet antisémitisme dans le monde. »