La plateforme de streaming Twitch interdit le mot « sioniste » comme insulte déguisée
Le service annonce un changement alors qu'il fait l'objet d'une surveillance accrue, un législateur démocrate accusant la plateforme appartenant à Amazon d'"enhardir" l'antisémitisme
JTA – Une plateforme de streaming en direct très prisée par les joueurs de jeux vidéo a mis à jour sa politique relative aux discours haineux vendredi pour interdire le mot « sioniste » lorsqu’il est utilisé comme une insulte déguisée à l’encontre d’individus ou de groupes de personnes.
La décision de Twitch, une plateforme appartenant à Amazon ayant plus de 240 millions d’utilisateurs actifs, fait suite à une surveillance accrue, notamment de la part d’un législateur de premier plan qui a récemment adressé aux dirigeants de l’entreprise une lettre dans laquelle il affirme que la plateforme « enhardit » l’antisémitisme.
Dans un communiqué publié vendredi sur son blog officiel, l’entreprise explique : « Nous interdisons l’utilisation de termes qui, s’ils ne sont pas nuisibles ou abusifs pris isolément, peuvent être utilisés comme une insulte ou pour dénigrer d’autres personnes dans certains contextes. »
En vertu de cette politique, il est permis de dire « sioniste » pour commenter l’idéologie ou le mouvement politique qui a conduit à la fondation d’Israël, mais pas pour dénigrer les Juifs ou les Israéliens.
« L’utilisation du terme pour faire référence au mouvement politique, que ce soit pour le soutenir ou le critiquer, n’enfreint pas notre politique de conduite haineuse », a écrit Twitch dans son billet de blog. « Notre objectif n’est pas d’étouffer le débat ou la critique d’une institution ou d’une idéologie, mais d’empêcher la haine codée dirigée contre des individus et des groupes de personnes.
La page consacrée aux directives communautaires de la plateforme a été mise à jour afin d’expliquer plus en détail le fonctionnement de cette politique : « Nous considérons le mot ‘sioniste’ comme un substitut aux mots ‘juifs’ ou ‘Israéliens’ si le mot est utilisé dans un contexte visant à promouvoir le mal ou la violence, ou lorsqu’il est utilisé pour faire des comparaisons déshumanisantes ou perpétuer des stéréotypes antisémites. »
Le texte donne des exemples d’utilisations autorisées et interdites du mot. Ainsi, « les colons sionistes continuent d’empiéter sur les frontières palestiniennes » serait autorisé, mais « sioniste [nom d’animal] » ne le serait pas, a déclaré la société.
Au début du mois, le Représentant américain de New York Ritchie Torres connu pour être l’un des plus fervents défenseurs d’Israël au sein du parti démocrate, a demandé à Twitch de mettre un terme à ce qu’il a qualifié d’antisémitisme rampant sur la plateforme, sous peine de faire l’objet d’un examen minutieux de la part du Congrès. Torres a mis l’accent sur les récentes déclarations des principaux streamers de Twitch liées à la guerre entre Israël et le Hamas.
Par exemple, Torres a souligné qu’Hasan Piker, un streamer qui compte près de 3 millions de followers, a minimisé ou nié l’importance des violences sexuelles commises par les terroristes palestiniens du Hamas lors du pogrom du 7 octobre 2023. Piker a également déclaré que les juifs orthodoxes étaient des « consanguins » et a qualifié une personne juive de « chien de cochon assoiffé de sang ».
Le mois dernier, l’Anti-Defamation League (ADL) a aussi demandé à Twitch d’en faire davantage pour lutter contre l’antisémitisme sur la plateforme.
La décision de Twitch de restreindre l’utilisation du mot « sioniste » par certains utilisateurs fait suite à un changement de politique similaire opéré en juillet par Meta, le propriétaire de Facebook et d’Instagram.
Twitch a par ailleurs présenté des excuses le mois dernier après avoir laissé en place un obstacle à l’inscription qui, selon certains Israéliens, les empêchait d’utiliser la plateforme. La société a déclaré avoir mis en place une mesure de protection pour empêcher le partage de contenus violents après l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et qu’elle ne l’avait pas supprimée, ce qui rendait l’inscription plus difficile pour les Israéliens.