La police convoque le père d’un enfant qui a jeté des pierres, – pas l’enfant
Des médias palestiniens affirment que la convocation était adressée à l'enfant, la police israélienne l'a publiée prouvant qu'elle était adressée au père; Ahmad Tibi n'y croit pas
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Mardi, la police israélienne a tenté de lever le doute au sujet d’informations diffusées dans des médias palestiniens, selon lesquels elle aurait convoqué un garçon de quatre ans pour l’interroger sur la suspicion qu’il aurait lancé de pierres sur des policiers. La police a clairement fait savoir qu’elle avait convoqué le père du garçon, et non ce dernier.
Une photo de l’enfant originaire de Jérusalem, Mohammed Alian, tenant une convocation de police a été postée sur les réseaux sociaux lundi soir, et elle est rapidement devenue virale, entraînant une large condamnation d’élus arabes israéliens et d’officiels de l’Autorité palestinienne (AP).
Or, la police a publié un communiqué peu après dans le but de démentir la fausse information, en ajoutant une photo de la convocation, qui montrait qu’elle avait effectivement été adressée au père de l’enfant, Rabeea Alian.
« Malheureusement, cela s’inscrit dans le phénomène grave et dangereux qui a lieu dans la zone, où des petits enfants sont utilisés pour lancer des pierres sur les forces israéliennes. Ces attaques sont en partie réalisées sous le contrôle d’adultes et des membres de la famille qui se trouvent à proximité quand les incidents se produisent », a déclaré la police.
הילד מוחמד עליאן מעיסאוויה , בן ה4 עם אביו בדרך למשטרת סלאח אדין . קיבל זימון בכתב בגלל ׳זריקת אבנים׳. ילד בן 4. pic.twitter.com/PIKbSYuZEe
— Ahmad Tibi (@Ahmad_tibi) July 30, 2019
« Contrairement aux affirmations, étant donné que le mineur n’est pas en âge d’être responsable légalement, les officiers de police qui sont arrivés sur place ont seulement convoqué son père afin qu’il vienne au commissariat de police pour le mettre en garde et lui faire prendre conscience de sa responsabilité pour les actes et actions de son enfant », a ajouté la police.
Des témoins de la scène dans le quartier de Jérusalem Est d’Issawiya ont déclaré à des médias arabes que quand l’officier de police a délivré la convocation, il a dit au père de venir au poste de police avec son fils.
Même si la police a – clairement – fait savoir lundi soir qu’elle ne souhaitait pas parler avec l’enfant – qui a 5 ans, et non 4 – le père est venu avec son fils au commissariat local. En chemin, ils ont été accompagnés par des dizaines d’activistes et membres des médias qui ont filmé la marche et crié des mots d’encouragement à l’enfant, allant même jusqu’à lui donner des sacs de bonbons à tenir.
Un officier de police a rencontré le groupe de résidents d’Issawiya à l’entrée du commissariat et leur a dit qu’il n’avait pas besoin de son fils, mais seulement du père – pour lui expliquer qu’il « n’y a pas de sens qu’un enfant de 4 ou 5 ans lance des pierres ».

(AP Photo/Mahmoud Illean)
Après l’interrogatoire, le père a déclaré aux médias palestiniens que les officiers israéliens lui avaient dit de mieux s’occuper de son fils et qu’il était trop jeune pour être mêlé à des altercations avec l’armée.
« Je leur ai dit qu’il ne sait même pas ce qu’est l’armée », a-t-il dit.
Le député Ahmad Tibi, de la Liste arabe unie, était l’une des voix les plus critiques de la convocation, accusant les forces israéliennes de violer le droit international lié aux droits de l’enfant.
Et même quand on lui a présenté la copie de la convocation prouvant que le jeune enfant n’avait pas été convoqué au commissariat, Tibi n’a pas capitulé, insistant pour dire que la police n’aurait pas agi de la même façon si l’enfant avait été un ultra-orthodoxe ou un résident d’une implantation.
Cet épisode survient dans le cadre d’extrêmes tensions à Issawiya, où la police a mené une série d’opérations de grande ampleur pour réprimer la criminalité ces deux derniers mois. Les résidents affirment que les arrestations fréquentes et les raids ont rendu la vie quotidienne insupportable et plusieurs publications sur les réseaux sociaux font le tour des groupes palestiniens. Elles montrent des policiers en train de faire un usage excessif de la force et maintenir des habitants locaux.