La police disperse une réunion d’association de parents d’élèves à Jérusalem-Est
Le ministre à la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a dit que cette rencontre - un "sommet terroriste" - était illégale au vu de ses liens présumés avec l'Autorité palestinienne
Les agents de la police israélienne ont dispersé une rencontre de parents d’élèves organisée samedi dans le quartier d’Issawiya, à Jérusalem-Est, agissant sous les ordres du nouveau ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qui avait estimé que cette réunion s’apparentait à « sommet terroriste » financé par l’Autorité palestinienne (AP).
Le quotidien israélien Haaretz a fait savoir, samedi, qu’un document signé par le ministre avait été présenté aux parents présents, indiquant que cette rencontre était « une violation de la loi » en raison de la participation « d’activistes » de l’AP.
Dans la publication, une déclaration de Ben Gvir qui estime qu’il est temps de stopper les activités menées par l’AP dans la capitale et qu’il ne faut « plus permettre à l’AP d’organiser des sommets terroristes à Jérusalem ».
Le président de la commission des parents d’Issawiya a dit à Haaretz que cette rencontre avait été organisée pour discuter du manque d’enseignants dans les écoles du quartier et que suite à ce raid policier, il avait été convoqué, ainsi que deux autres parents, en vue d’un interrogatoire dans la journée de dimanche.
« Nous avons organisé une réunion de l’association des parents d’élèves et la police est venue en nous montrant une ordonnance d’Itamar Ben Gvir ; elle nous a dit que notre réunion était illégale parce qu’elle était liée à l’Autorité palestinienne », a noté Mahmoud Faiz.
« J’ai répondu à l’officier de police qu’il s’agissait d’une commission choisie par les parents d’élèves et que nous n’avons aucun lien avec l’Autorité palestinienne », a-t-il continué, évoquant le manque de professeurs dans les écoles. « Nous ne voulons pas que nos enfants se retrouvent dans les rues ».
Il est difficile de préciser le lien qui aurait existé entre cette réunion et l’AP.
Israël avait interdit à l’Autorité palestinienne d’organiser des activités officielles à Jérusalem-Est en 2001, conformément à l’Accord intermédiaire signé entre Israël et les Palestiniens sur la Cisjordanie et sur la bande de Gaza, signé en 1995, qui n’autorise pas l’AP à opérer sur le sol israélien.
Israël a capturé Jérusalem-Est à la Jordanie pendant la Guerre des six jours de 1967, élargissant ultérieurement sa souveraineté sur la partie orientale de la ville – une initiative qui n’a jamais été reconnue par la plus grande partie de la communauté internationale. L’État juif considère la ville toute entière comme sa capitale tandis que les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est comme capitale de leur futur État.
En 2021, la police était intervenue dans un centre pour femmes, à Jérusalem-Est, à l’occasion de la Journée internationale des Femmes, l’accusant d’avoir mis en place un événement illégal. Deux années auparavant, les autorités israéliennes étaient entrées dans un centre culturel français, à Jérusalem, pour interrompre un événement organisé pour la fête des Mères, prétendant qu’il impliquait une association soutenue par l’AP.
Le mois dernier, Ben Gvir a réussi à obtenir un contrôle sans précédent sur les forces de l’ordre dans le cadre de son nouveau ministère de la Sécurité nationale grâce à un accord conclu avec le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu, le Likud, dont le gouvernement a pris le pouvoir à la fin du mois de décembre.
Dans une version remodelée et élargie du ministère de la Sécurité intérieure existant, Ben Gvir s’est adjugé de nouveaux pouvoirs par le biais de législations passées et à venir. Par ailleurs, il a obtenu la promesse de prendre le contrôle de la police des frontières.
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Un accord de coalition qui signifie que Ben-Gvir, député d’extrême-droite qui a été condamné à de multiples reprises pour soutien à un groupe terroriste et pour incitations au racisme, sera chargé d’orchestrer les opérations sensibles en Cisjordanie, de réprimer les émeutes et les manifestations palestiniennes et qu’il aura également la responsabilité de gérer les mouvements de protestation sur le sol israélien.
Une législation adoptée le mois dernier à la demande de Ben Gvir a accordé au leader d’Otzma Yehudit un large contrôle politique sur la police israélienne en lui accordant notamment la capacité de mettre en place les politiques générales en termes de maintien de l’ordre et en renforçant l’influence du ministre dans les enquêtes.
Sa formation ultra-nationaliste a aussi obtenu l’assurance que plusieurs législations seront avancées. Parmi elles, un texte qui viendrait changer la responsabilité juridique des militaires et des personnels de sécurité dans les actions entreprises dans le cadre de leur travail ; un autre qui prévoit l’application de la peine de mort pour les terroristes condamnés, qui permettra également de retirer la nationalité aux attaquants et de les expulser ; un troisième qui examinera la possibilité de revoir à la baisse les conditions d’emprisonnement des prisonniers palestiniens détenus pour terrorisme et un quatrième qui interdirait le drapeau palestinien dans les institutions financées par l’État et dans celles des autorités municipales locales.