La police hésite sur le motif raciste du viol d’une femme handicapée
Les procureurs ont finalement tranché en faveur du motif nationaliste, alors que la police avait dit la veille ne pas avoir de preuve ; la cour prolonge la détention du suspect palestinien jusqu’à jeudi
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
La police a modifié deux fois la feuille d’accusation d’un Palestinien suspecté du viol d’une Israélienne handicapée, tranchant finalement lundi en faveur de la motivation raciste, pendant une audience mouvementée sur une affaire lourdement politique.
Les comptes-rendus confus de la cour ont eu lieu un jour après l’annonce de la police disant que le viol en réunion d’une femme juive handicapée par trois hommes, un homme et un adolescent palestiniens et un Israélien, n’était probablement pas une attaque à motif nationaliste. Les deux Palestiniens ont été arrêtés la semaine dernière, l’Israélien est toujours recherché.
L’accusation présentée à la cour des magistrats de Tel Aviv comprenait initialement une clause sur le racisme et une demande pour détenir Imad Aldin Draghmah huit jours de plus.
Cependant, un représentant de la police a d’abord demandé que l’accusation de racisme soit retirée, puis peu après, qu’elle soit à nouveau incluse, citant les recherches en cours pour le troisième suspect.
La cour a ordonné que Draghmah reste en détention jusqu’à jeudi.
Le deuxième suspect palestinien est mineur, son cas sera donc traité par tribunal pour enfants de Tel Aviv.
La police avait annoncé mercredi dernier que deux Palestiniens avaient été arrêtés pour le viol d’une femme israélienne handicapée mentalement et physiquement à Jaffa ce mois-ci. Le troisième homme, citoyen israélien, serait également impliqué dans l’agression sexuelle.
Selon des informations, Draghmah a filmé l’attaque sur son téléphone portable. Il dément toutes les accusations contre lui.
Les hommes suspectés d’être impliqués auraient violé la jeune femme handicapée et abusé d’elle, lui aurait uriné et craché dessus, et crié des injures raciales pendant l’attaque, selon des articles précédents.
Les deux Palestiniens arrêtés sont originaires de Cisjordanie mais louaient un appartement à Tel Aviv, avait déclaré mercredi un porte-parole de la police au Times of Israël. Dragmah avait un permis pour vivre légalement à Tel Aviv, mais le mineur était en situation illégale, ont annoncé les autorités.
En raison des handicaps physiques et mentaux de la victime, la police a déclaré gérer l’affaire avec une sensibilité accrue et « précaution ».
L’incident a été politisé jeudi quand le Premier ministre Benjamin Netanyahu l’a utilisé pour dénoncer la gauche et les médias israéliens, qui n’avaient selon lui pas condamné l’attaque.
Le Premier ministre s’est rétracté vendredi et s’est excusé d’avoir tiré des conclusions avant la fin de l’enquête de la police.
Dans un post publié jeudi soir sur Facebook, Netanyahu avait déclaré que le « crime horrifiant » méritait une « condamnation totale », condamnation qui ne venait « pas des médias et pas de tout le spectre politique ».
Ce post avait été sévèrement condamné par les politiciens de gauche.
Vendredi, Netanyahu avait écrit que cet « incident, comme il a été annoncé, m’a causé un choc et une peine profonde. J’ai cependant eu tort de traiter le sujet avant l’enquête et je le regrette. »
Jeudi, avant le premier post de Netanyahu, la présidente du parti Meretz, Zehava Galon, avait écrit sur Facebook que l’incident était « si horrible, qu’il est même difficile de lire à ce propos, et impossible d’imaginer ce que la victime traversait à présent ».
Judah Ari Gross a contribué à cet article.