La police sommée de maintenir les manifestants à l’écart des zones résidentielles
Sollicitant les agents, la ministre Silman veut garder les rassemblements à 2 kilomètres de distance des maisons la nuit et à 300 mètres le jour en raison du bruit
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
La ministre de la Protection environnementale Idit Silman a demandé, mardi, à la police israélienne d’interdire la présence des manifestants dans les zones résidentielles, évoquant le bruit occasionné par les rassemblements.
Des mouvements de protestation ont eu lieu dans tout le pays au cours des six derniers mois contre le plan de refonte radicale du système israélien de la justice qui, selon les critiques, portera gravement atteinte au caractère démocratique du pays.
Dans une lettre envoyée au commissaire Kobi Shabtai – dont le contenu a été rapporté par les médias israéliens – Silman a suggéré de tenir à l’écart les manifestants des zones résidentielles, et notamment de là où vit le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
« Tout en garantissant le droit démocratique à manifester, il n’est pas raisonnable que les citoyens souffrent de nuisances sonores déraisonnables et graves lorsqu’ils se trouvent dans leurs domiciles privés », a-t-elle écrit.
Silman a expliqué à Shabtai qu’au mois d’avril, la police avait demandé à son ministère de contrôler le niveau du bruit lors des mouvements de protestation organisés à Jérusalem, après les plaintes déposées par des résidents locaux.
Des rassemblements hebdomadaires ont été organisés devant la résidence officielle du président Isaac Herzog à Jérusalem, où des négociations entre représentants des partis de la coalition et de l’opposition ont eu lieu dans le cadre d’une initiative de recherche de compromis concernant le plan de refonte du système israélien de la justice.
Des manifestations se sont aussi tenues près des résidences privées de Netanyahu, ainsi qu’à proximité de la résidence officielle du Premier ministre et devant les habitations des ministres du gouvernement de la ligne dure.
Au mois d’avril, le ministère de l’Environnement a découvert que le niveau sonore, jusqu’à 22 heures, lors des manifestations de Jérusalem était de 77 sur l’échelle des décibels, une échelle logarithmique, ce qui représente 16 fois le niveau permis de 65 décibels pour cet horaire.
Après 22 heures, le bruit enregistré était de 64,3 décibels, soit cent fois plus que la limite permise de 45 décibels.
Silman a indiqué que l’utilisation d’appareils bruyants – mégaphones, cornes de brume, instruments de percussion et autres – à proximité des résidences et des institutions d’éducation « est à l’origine d’un bruit déraisonnable pendant la journée et de nuisances sonores graves pendant la nuit. Ce qui entraîne un handicap pour les personnes vivant à proximité si elles veulent étudier, se reposer, se remettre d’aplomb ou profiter de manière raisonnable de leurs biens ».
Elle a demandé à ce que les manifestants se tiennent à 300 mètres des zones résidentielles jusqu’à 22 heures et à deux kilomètres de ces dernières après 22 heures.
La police n’a pas encore répondu à cette requête, a dit la Douzième chaîne.
Selon la chaîne, des vérifications d’ordre sonore avaient été faites lors des mouvements de protestation contre le gouvernement précédent, des rassemblements qui regroupaient des activistes de droite à proximité de la maison du Premier ministre de l’époque, Naftali Bennett. Ces contrôles avaient aussi révélé que les manifestations étaient beaucoup trop bruyantes par rapport aux normes.
La police n’était pas passée à l’acte à ce moment-là.
Les responsables du mouvement de protestation ont exhorté les activistes à manifester devant les habitations des ministres de la coalition. Un rassemblement houleux a eu lieu mardi aux abords du domicile du ministre de la Justice Yariv Levin, pendant lequel six personnes ont été placées en détention par la police.
Silman elle-même a été la cible des manifestations contre le plan de réforme de système judiciaire, les protestataires se rassemblant près des événements en plein air où elle était conviée.
Lorsqu’elle était députée sous le gouvernement de Bennett, Silman avait affronté une vague de manifestations à proximité de son domicile et elle avait essuyé des menaces répétées lorsque son parti de droite avait décidé de rejoindre une coalition constituée de formations centristes, de gauche et arabe. Les gardes de la Knesset avaient renforcé la sécurité autour de Silman et d’autres législateurs de sa faction Yamina quand ils avaient été visés par des activistes de droite.