Israël en guerre - Jour 344

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La reine de Jordanie estime que la crise humanitaire à Gaza est « voulue »

Dans une interview à CNN, Rania a déclaré : « Les Palestiniens ont connu 156 "7 octobre" », assurant que le largage d'aide humanitaire ne remplaçait pas "un acheminement à grande échelle"

La reine Rania de Jordanie écoute un discours du Premier ministre néerlandais Mark Rutte à La Haye, aux Pays-Bas, le 21 mars 2021. (Crédit : AP Photo/Peter Dejong)
La reine Rania de Jordanie écoute un discours du Premier ministre néerlandais Mark Rutte à La Haye, aux Pays-Bas, le 21 mars 2021. (Crédit : AP Photo/Peter Dejong)

La reine Rania de Jordanie a déclaré que la crise humanitaire « scandaleuse et honteuse » qui sévit dans la bande de Gaza, où les Nations Unies mettent en garde contre le risque de famine pour les 2,2 millions de Palestiniens, était « tout à fait prévisible… et voulue. »

Devant les caméras de CNN, Rania, qui est née au Koweït de parents palestiniens, n’a pas donné de détails car elle a été interrogée sur un autre sujet par l’animatrice Christiane Amanpour.

Un peu plus tard au cours de l’interview, interrogée sur la façon dont elle envisageait la coexistence des Israéliens avec le Hamas suite au massacre perpétré par le groupe terroriste le 7 octobre, Rania a esquivé.

« Je dirais qu’aussi dévastateur et traumatisant qu’ait été le 7 octobre, cela ne donne pas à Israël le droit de commettre atrocité après atrocité. Israël en a fait l’expérience le 7 octobre. Depuis, les Palestiniens ont connu 156 « 7 octobre ». C’est ce qu’ils vivent tous les jours. »

La guerre à Gaza a éclaté lorsque des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont fait irruption en Israël par voie terrestre, aérienne et maritime, avant de tuer près de 1 200 personnes et de faire 253 otages, en majorité des civils tués chez eux ou lors d’un festival de musique, souvent avec une extrême cruauté et de nombreuses agressions sexuelles.

Déterminé à éliminer l’organisation terroriste, Israël a riposté par une offensive terrestre et aérienne à grande échelle qui, selon le ministère de la Santé du Hamas à Gaza, aurait jusqu’à présent fait plus de 31 000 victimes.

Ces chiffres, qui ne peuvent pas être vérifiés de manière indépendante, pourraient comprendre civils et membres du Hamas tués à Gaza, y compris par des roquettes terroristes égarées. L’armée israélienne revendique par ailleurs la mort de plus de 13 000 terroristes à Gaza depuis le début de la guerre, auxquels s’ajoute le millier de terroristes abattus en territoire israélien le jour du 7 octobre.

Rania a pointé du doigt « l’un des gouvernements les plus durs et racistes de toute l’histoire d’Israël », reprochant au Premier ministre Benjamin Netanyahu d’avoir soutenu le Hamas afin d’empêcher l’Autorité palestinienne de progresser en vue de la constitution d’un État et de « maintenir son peuple dans cet état perpétuel de peur d’une menace existentielle qui n’existe pas ».

S’adressant à Amanpour depuis la base aérienne du roi Abdallah II, où des cargaisons d’aide humanitaire étaient en cours de préparation pour un parachutage à Gaza par l’armée américaine, en coordination avec la Jordanie, l’Égypte et la France, Rania a réitéré ses précédents appels à un « cessez-le-feu immédiat et durable ».

Le communiqué publié lundi par ls services de la reine Rania indique que les forces armées jordaniennes ont, depuis le début de la guerre, effectué 38 largages aériens en solo sur Gaza et 46 avec des partenaires.

Rania a qualifié l’opération de parachutage de recours « à des mesures désespérées pour faire face à une situation désespérée ».

« Ce ne sont que des gouttes d’eau dans un océan de besoins non satisfaits », a-t-elle déclaré, insistant sur le fait que ces efforts ne remplaceront jamais « un accès humanitaire à grande échelle ».

« Dans l’état actuel des choses, il y a des tonnes de nourriture dans des camions qui se trouvent encore à des kilomètres de populations qui meurent de faim. La faim n’est pas une catastrophe naturelle. C’est un désastre causé par l’homme, un désastre israélien. Ce sont des privations infligées volontairement », a-t-elle affirmé.

Sur cette image obtenue auprès du Commandement central des États-Unis (CENTCOM), des militaires se préparent à charger de l’aide humanitaire à bord d’avions C-130 de l’US Air Force dans un lieu tenu secret, le 5 mars 2024, dans le cadre d’une opération conjointe entre les États-Unis et la Jordanie. (Crédit : Handout/US Central Command/AFP)

« Depuis le début de cette guerre, Israël a retiré tout ce qui était nécessaire au maintien de la vie humaine », a déclaré Rania dans l’interview diffusée lundi, ajoutant que « les vivres, le carburant, les abris et médicaments et même l’eau » manquaient en ce sixième mois de guerre.

« On tue des enfants en très grand nombre et au ralenti : cela dure depuis cinq mois déjà. Des enfants qui étaient en bonne santé il y a cinq mois de cela sont en train de dépérir sous les yeux de leurs parents », a-t-elle déclaré.

Dans des interviews à CNN tout aussi passionnées dans les mois qui ont suivi le début de la guerre à Gaza, suite à l’attaque funeste du Hamas le 7 octobre, Rania avait déjà qualifié la tentative d’Israël d’éliminer le groupe terroriste de « myope et de peu rationnelle », donnant par ailleurs le sentiment de nier la réalité des atrocités – pourtant prouvées et documentées par le Hamas lui-même – perpétrées dans le sud d’Israël.

(De gauche à droite) Le prince héritier Al Hussein bin Abdullah II, le roi Abdallah II de Jordanie, le président américain Joe Biden, la première dame américaine Jill Biden et la reine Rania Al Abdullah posent pour les photographes à leur arrivée à la Maison Blanche, à Washington, DC, le 12 février 2024. (Crédit : Jim Watson/AFP)

Après l’Égypte, en 1979, la Jordanie a été le deuxième État arabe à faire la paix avec Israël en 1994. Depuis, des milliers de manifestants ont demandé à Amman de revenir sur son traité de paix avec Israël à cause de la guerre contre le Hamas.

La Jordanie, dont la population serait composée d’au moins 50 % de Palestiniens, se montre nerveuse face à la guerre à Gaza : les relations bilatérales, déjà tendues, se sont encore détériorées.

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