La star de tennis née en Israël porte une croix, mais reste « juive » aux yeux de sa mère
Denis Shapovalov a été le premier joueur de tennis né en Israël à atteindre les demi-finales de la Coupe Rogers au Canada, en battant Nadal en cours de route

MONTREAL — Le joueur de tennis canadien de 18 ans Denis Shapovalov est rentré dans l’histoire lors du tournoi de la Coupe Rogers de Montréal, la semaine dernière, en devenant le plus jeune compétiteur à atteindre le stade des demi-finales, suscitant également l’enthousiasme des médias pour s’être payé le luxe de battre la superstar Rafael Nadal en cours de route.
Né à Tel Aviv, Shapovalov est également devenu le premier joueur de tennis né en Israël à se hisser en demi-finales depuis que Harel Levy avait accédé en finale de la Coupe Rogers à Toronto, en l’an 2000, appelée alors la série Masters de tennis au Canada.
Levy était 144ème au classement mondial lorsqu’il était arrivé en finale du tournoi de la Coupe Rogers en l’an 2000, s’inclinant finalement devant le Russe Marat Safin. Pour obtenir son résultat historique, Shapovalov, 143ème au classement mondial, a également mis en difficulté des joueurs bien mieux classés lors du tournoi.
« J’ai vécu la meilleure semaine de ma carrière au tennis, en battant tellement de joueurs comme Nadal qui étaient mes idoles au cours de ma jeunesse », a expliqué Shapovalov au Times of Israël.
Shapovalov a été sorti du tournoi samedi en fin de soirée après avoir perdu sa rencontre en demi-finales face à la tête de série numéro quatre, l’Allemand Alexander Zverev.
Même s’il a perdu sa chance de concourir pour la Coupe, cette série de victoires a permis à Shapovalov de se hisser à la 66ème place au classement mondial de l’ATP et de remporter environ 220 760 dollars. Pour sa part, Levy avait terminé sa carrière à la 30ème place du classement.
Shapovalov et Levy ont plus qu’une statistique en commun – ils ont également partagé le même entraîneur. Oded Jacob, un ancien Israélien qui travaille maintenant auprès de Tennis Canada, a aidé à développer les carrières des deux athlètes ainsi que celles des stars de tennis israéliennes Dudi Sela — 90ème au classement mondial et qui a participé à la Coupe Rogers cette semaine après une performance exceptionnelle à Wimbledon — et Shahar Peer, qui a pris sa retraite cette année après avoir atteint le 11ème rang mondial à l’apogée de sa carrière en 2011.
Sous la tutelle de Jacob, Shapovalov avait remporté la prestigieuse coupe Davis junior en 2015 à Madrid.
‘J’ai vécu la meilleure semaine de ma carrière au tennis, en battant tellement de joueurs comme Nadal qui étaient mes idoles au cours de ma jeunesse’
Les parents de Shapovalov sont arrivés de l’Union soviétique en Israël dans les années 1990 et il est né à Tel Aviv en 1999. Sa mère, Tessa Shapovolova, qui est Juive, avait voulu émigrer vers Israël alors qu’elle était une joueuse de tennis d’élite issue de l’Union soviétique.
« Même si mon époux Viktor [et père de Denis] est grec orthodoxe et non juif, il avait envie tout autant que moi d’aller en Israël », dit Tessa Shapovalova.
Tessa a concouru dans des tournois de tennis en Israël et a entraîné de jeunes israéliens. Le frère aîné » de Denis, Evgeniy, a lui aussi vu le jour en Israël.
« Nous avons décidé de déménager à Toronto avant que Denis n’atteigne l’âge d’un an parce que c’était trop dangereux de continuer à vivre en Israël », explique Shapovalova.

La famille a choisi Toronto en raison, entre autres, de l’importante population juive qui y réside.
Tessa a enseigné le tennis pendant 10 ans au club de tennis de Richmond Hill avant d’ouvrir sa propre école, Tessa Tennis, dans une banlieue de Toronto, à Vaughn. C’est elle qui a appris à Denis son puissant revers d’une seule main qui, avec la force de son service, a fait le bonheur de ses fans la semaine dernière à Montréal.
« J’ai de nombreux joueurs juifs dans mon école. Et j’aurais également voulu que Denis joue pour le Canada lors des Maccabiades en Israël s’il n’avait pas eu cette place de premier plan en tant que joueur professionnel », dit Tessa.
Même s’il est né en Israël, les liens qu’entretient Shapovalov avec la Terre sainte – ou le judaïsme – restent flous.
« Mes parents ont eu une vie difficile et je respecte ce qu’ils ont été amenés à faire. J’adore jouer pour le Canada, mais je suis ami avec les joueurs de tennis israéliens que j’ai pu rencontrer comme Dudi Sela [qui a participé cette semaine à la Coupe Rogers], dit Shapovalov.
Shapovolov porte une croix autour de son cou lorsqu’il dispute une rencontre.
“Denis s’identifie à la religion de son père mais je le considère comme juif », dit Tessa.
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