La Suède veut évaluer l’ampleur du racisme au sein de sa société
Le gouvernement souhaite cartographier la haine raciste en se focalisant tout particulièrement sur l'antisémitisme, l'islamophobie, le racisme anti-noir, anti-tsigane ainsi que le racisme à l'encontre de la minorité Sami
Le gouvernement suédois a annoncé vendredi vouloir dresser la carte des différentes formes de racisme dans la société et évaluer le niveau d’intolérance des Suédois envers les minorités.
En présentant sa feuille de route, la ministre en charge de l’Égalité Paulina Brandberg a dit qu’elle souhaitait particulièrement se pencher sur l’ampleur de ce phénomène à l’école.
« Le racisme et la discrimination affectent les élèves afro-suédois à l’école […] Les jeunes Roms n’osent pas parler ouvertement de leur identité et les Sami [peuple autochtone du Grand Nord] sont victimes de crimes de haine » en ligne et hors ligne, a énuméré la ministre lors d’une conférence de presse.
« Les enseignants disent entendre des élèves proférer des insultes verbales à l’encontre de personnes en raison de leur couleur de peau, de leur appartenance religieuse ou de leur origine ethnique », a abondé le ministre de la Santé et des Affaires sociales Jakob Forssmed pendant la conférence. « C’est profondément inquiétant ».
Et les effets de ces actes sur les enfants qui en sont victimes sont graves, a-t-il ajouté : « c’est l’identité même, l’existence même, qui est remise en question et offensée ».
Le gouvernement veut donc cartographier l’ampleur du racisme en Suède et se focaliser sur le racisme anti-musulman, antisémite, anti-noir, anti-tsigane ainsi que le racisme à l’encontre de la minorité Sami.
Le but est de « rendre visible, et pouvoir combattre, la vulnérabilité de certains groupes », a souligné la ministre de la Culture Parisa Liljestrand.
Le gouvernement suédois de droite a accédé au pouvoir en octobre 2022 avec l’appui des Démocrates de Suède (extrême-droite), sur la base d’un programme de coalition prévoyant une forte réduction de l’immigration.
La guerre a Gaza a aussi alimenté le racisme en Suède, ont fait valoir les ministres.
« Nous voyons des élèves juifs dont les casiers à l’école sont marqués de croix gammées, nous voyons de jeunes musulmans confrontés à la haine et aux menaces sur les réseaux sociaux », a déclaré Paulina Brandberg.
Selon le Conseil national de la prévention du crime (Bra), 2 695 plaintes pour incitation à la haine ont été reçues par la police en 2022, dont 53 % de nature raciste ou xénophobe.
En Suède, 27 % de la population, soit plus de 2,8 millions de personnes, sont d’origine étrangère, selon les chiffres de l’autorité suédoise de statistiques SCB pour 2023.