La Suisse exhortée à désigner le Hamas comme organisation terroriste
Cette revendication n'est pas nouvelle, mais toutes les tentatives menées devant le Parlement pour une telle interdiction ont échoué jusqu'à présent
Les organisations juives de Suisse et plusieurs grands partis politiques ont réclamé une nouvelle fois lundi que la Suisse désigne le Hamas comme organisation terroriste à l’instar de l’UE ou des Etats-Unis, après qu’il a lancé une offensive sans précédent en Israël.
Lors d’un point de situation à Berne, le ministre suisse des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, a indiqué aux journalistes que le gouvernement allait en discuter mais que la situation juridique actuelle ne permettait pas à la Suisse de lister des organisations terroristes.
« Nous l’avions fait en 2015 pour Al-Qaïda dans une loi spéciale qui s’est arrêtée à la fin de l’année passée », a-t-il indiqué.
Dans un communiqué commun, la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) et la plateforme des Juifs Libéraux de Suisse (PLJS) ont à nouveau exhorté lundi le Conseil fédéral et le Parlement à « mettre enfin en œuvre une interdiction du Hamas ».
La Fondation suisse contre le racisme et l’antisémitisme (GRA) a aussi réclamé que le mouvement islamiste palestinien soit classé parmi les organisations terroristes, estimant que « le Hamas nie le droit à l’existence d’Israël, propage des idées antisémites et assassine des personnes juives sans distinction. »
L’UDC – la droite dure et premier parti de Suisse – demande lui aussi l’interdiction de l’organisation islamiste ainsi que l’arrêt de toute aide aux organisations palestiniennes.
Qui plus est, sur son compte X (ex-Twitter), l’UDC demande que les adhérents du Hamas et leurs sympathisants qui se trouvent en Suisse soient immédiatement placés sous surveillance des services de renseignement de la Confédération.
Le Parti des libéraux-radicaux (PLR) estime qu’il n’est plus possible de discuter avec le Hamas après les attaques de ce week-end. Quant à l’aide aux Palestiniens, le gouvernement fédéral doit s’assurer qu’elle « n’aide pas les terroristes ».
Ces revendications ne sont pas nouvelles, mais toutes les tentatives menées devant le Parlement pour une telle interdiction ont échoué jusqu’à présent.
Bons offices
Les autorités suisses attachent énormément de prix à leur rôle de bons offices, qui selon elles nécessite un dialogue avec toutes les parties et le Conseil fédéral (le gouvernement) estime qu’il ne peut interdire que des organisations qui le sont également par l’ONU.
De ce fait, seuls Al-Qaïda et l’Etat islamique et quelques organisations apparentées sont actuellement interdits en Suisse.
Ce n’est pas le cas du Hamas.
« La Suisse condamne sans équivoque, avec la plus grande fermeté, ces attaques terroristes du Hamas de ces dernières heures, d’une brutalité que l’on ne connaissait qu’à d’autres organisations terroristes », a déclaré M. Cassis.
« Cela ne nous permet pas d’inscrire simplement le Hamas sur une liste d’organisations terroristes », mais Berne pourrait revoir sa position si le Conseil de sécurité venait à en faire autant, a-t-il dit.
Dans un communiqué, la Suisse indique soutenir une « solution à deux Etats pour une paix durable » et se tenir à disposition pour soutenir diplomatiquement les parties et les Etats de la région pour oeuvrer à une désescalade.