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Analyse

La Syrie et l’Egypte sur le radar d’Ankara

"Notre approche actuelle est de maintenir de bonnes relations avec tout le monde, sauf si le conflit est inévitable", a déclaré un responsable turc

Illustration du drapeau de la Turquie (Crédit : domaine public)
Illustration du drapeau de la Turquie (Crédit : domaine public)

La Turquie a réussi le mois dernier à mettre fin à des conflits de politique étrangère dommageables avec Israël et la Russie, mais l’Egypte et la Syrie seront des dossiers bien plus compliqués pour Ankara dans sa volonté de renouer avec ses alliés régionaux.

Les rapports de la Turquie avec l’Egypte s’étaient dégradés depuis l’éviction en 2013 par l’armée du président Mohamed Morsi, soutenu par le régime islamo-conservateur turc.

Et en Syrie voisine, la Turquie a fait du départ du président Bachar al-Assad une condition sine qua non à la fin de la guerre civile de plus de cinq ans qui a vu quelque 2,7 millions de réfugiés fuir vers la Turquie.

Mais l’accession de Binali Yildirim au poste de Premier ministre en mai s’est traduite par une approche plus conciliante de la politique étrangère turque que celle de son prédécesseur Ahmet Davutoglu.

« Nous allons continuer à augmenter le nombre de nos amis en sauvegardant les intérêts de notre région et de notre pays », a déclaré cette semaine M. Yildirim devant les cadres de son parti de la justice et du développement (AKP).

La Turquie a renoué en juin avec Israël après six ans de froid en raison de l’abordage mortel d’une flottille turque à destination de Gaza en mai 2010.

Le Mavi Marmara, navire turc participant à la flottille pour Gaza, visant à briser le blocus maritime imposé par Israël, en mai 2010. (Crédit : CC BY Free Gaza Mouvement/Flickr)
Le Mavi Marmara, navire turc participant à la flottille pour Gaza, visant à briser le blocus maritime imposé par Israël, en mai 2010. (Crédit : CC BY Free Gaza Mouvement/Flickr)

Dans la foulée, Ankara a mis fin à une crise avec la Russie après que le président Recep Tayyip Erdogan eut envoyé une lettre à son homologue russe Vladimir Poutine, exprimant ses regrets après la destruction par la chasse turque d’un avion de combat russe en novembre, à la frontière turco-syrienne.

Les dernières ouvertures diplomatiques de la Turquie sont destinées à lui permettre de renouer avec sa politique de « zéro problème avec les voisins », une diplomatie qui avait défini les premières années du mandat de M. Erdogan comme chef du gouvernement.

Cependant elle s’était détériorée pour devenir ce que les critiques du régime turc baptisèrent avec ironie la politique de « problèmes avec tout le monde », alors que les espoirs des Turcs de se trouver des régimes amis issus des « printemps arabes » étaient anéantis.

« Notre approche actuelle est de maintenir de bonnes relations avec tout le monde, sauf si le conflit est inévitable », a expliqué à l’AFP un responsable turc sous couvert d’anonymat.

Après le début du soulèvement syrien en 2011, la Turquie avait gardé le dialogue avec Damas mais M. Erdogan est vite devenu l’un des plus farouches opposants d’al-Assad.

Normalisation avec la Syrie ?

Dans une déclaration fracassante mais vague, Binali Yildirim a affirmé mercredi que son gouvernement souhaitait renouer avec Damas : « Nous avons normalisé nos liens avec Israël et la Russie, mais je suis sûr que nous allons revenir à la normale avec la Syrie aussi ».

Toutefois rien n’indique un tournant dans la politique turque à l’égard d’al-Assad, bête noire de M. Erdogan, qui soutient les rebelles syriens.

D’autant que M. Yildirim a mis les points sur les i mercredi soir: « Si vous nous demandez si l’on préfère Assad ou Daech (l’organisation Etat islamique), nous ne pouvons choisir ni l’un ni l’autre », a-t-il dit à la BBC, « ils doivent tout les deux partir ».

La Turquie a aussi nié les rumeurs sur une médiation de l’Algérie en vue d’un rapprochement entre Ankara et Damas.

Pour Aaron Stein, chercheur résident à l’Atlantic Council, un « assouplissement de la Turquie sur al-Assad » a pourtant commencé l’été dernier après qu’Erdogan a annoncé que celui-ci pouvait conserver son poste pendant six mois, jusqu’à la finalisation de la transition politique réclamée par la communauté internationale.

« Avant, la Turquie insistait pour qu’il quitte ses fonctions au début de la période de transition », a-t-il dit.

De l’avis des observateurs, une diplomatie discrète, semblable à celle menée avec Israël, pourrait également être menée afin de réparer les pots cassés avec le Caire, même si le chef de l’Etat turc écarte pour l’heure une telle réconciliation à laqeulle pousse l’Arabie Saoudite, qui est en train de devenir l’un des plus proches alliés de la Turquie.

Un responsable de l’AKP à Ankara a déclaré ce mois-ci que la Turquie allait bientôt envoyer une mission en Egypte pour tenter de surmonter les tensions. « Si Dieu le veut, un apaisement aura lieu avec l’Egypte aussi », a ainsi déclaré Saban Disli.

La Turquie est certainement en train de recalibrer sa politique étrangère, a commenté Aaron Stein, mais d’ajouter aussi que la réconciliation avec l’Egypte serait difficile.

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