La technologie israélienne, au service de l’Afrique de l’Est
Les bonnes relations avec les pays africains facilitent l’implantation des technologies israéliennes, comme l’irrigation au goutte-à-goutte et les serres, dans les économies en développement
Des sacs de graines de la compagnie israélienne productrice de graines Hazera Genetics sont alignés sur les étagères d’un entrepôt.
Une autre maison est remplie de plastiques de StePac, une entreprise israélienne dont les sacs permettent de conserver des légumes plus longtemps.
Dans un troisième entrepôt se trouvent des rangées de tuyaux enroulés, avec chacun des trous réalisés par Netafim, entreprise israélienne pionnière dans l’irrigation au goutte-à-goutte.
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Les entrepôts contenant les toutes dernières technologies israéliennes d’agriculture ne sont pas situés dans l’Etat juif mais à 5 000 km de là, sur un large campus en dehors de Nairobi, la capitale du Kenya en pleine croissance. C’est de là qu’ils seront envoyés aux fermiers à travers l’Afrique de l’Est.
L’intermédiaire entre les labos israéliens et les champs africains est Amiran Kenya, une entreprise fondée en Israël (maintenant une filiale de la multinationale britannique Balton CP) qui apporte le savoir-faire israélien aux fermes d’Afrique de l’Est.
Créé en 1963, année de l’indépendance du Kenya, Amiran fournit des provisions aux fermiers de la plantation jusqu’à la moisson, sans oublier de soutenir aussi les petits producteurs dans toute la région.
« Nous avons mis en contact les fermes avec des experts israéliens pour structurer l’industrie », a déclaré Yariv Kedar, chef du département de l’agriculture chez Amiran.
« Si vous avez l’irrigation sans les graines, vous n’avez pas résolu le problème. Si vous n’avez pas pulvérisé les produits, vous n’avez pas résolu le problème. C’est une démarche holistique. »
Une grande partie de l’Afrique de l’Est représente un riche paysage verdoyant traversé de collines, de forêts et de sources comme le Nil ou le Lac Victoria.
Contrairement à Israël, dont les vastes étendues désertiques sont loin d’être idéales pour l’agriculture, le problème auquel les fermiers africains sont confrontés n’est pas le manque d’eau, selon Kedar, mais la dépendance prolongée à des méthodes de culture traditionnelles et inefficaces.
Les technologies israéliennes comme l’irrigation au goutte-à-goutte, un système dans lequel l’eau sort lentement de minuscules trous dans des tuyaux, évitant ainsi la perte d’eau par évaporation, fournit des avantages considérables même dans une Afrique de l’Est riche en eau, ce qui permet aux fermiers d’utiliser moins d’eau en hydratant le sol plus efficacement.
Les ventes africaines des tuyaux représentent 100 des 800 millions de dollars de ventes totales de Netafim, selon Yigal Mazor, le directeur des ventes pour l’Afrique.
« L’Afrique a toujours été importante, mais au cours des dernières années, elle est devenue un moteur de croissance pour Netafim », déclare Mazor. Si l’on regarde l’irrigation au goutte-à-goutte à l’échelle mondiale, économiser de l’eau n’est pas la priorité absolue. Pour le reste du monde, cela donne beaucoup plus d’avantages.
L’ambassadeur israélien au Kenya Gil Haskel explique qu’Amiran n’est pas la seule compagnie israélienne à percevoir des opportunités en Afrique de l’Est.
Plusieurs entreprises israéliennes, y compris le groupe de construction Solel Boneh, ont participé activement au développement de l’économie et des infrastructures du Kenya.
« Nous avons eu d’excellentes relations avec la plupart des pays avant leur indépendance parce qu’Israël luttait également pour obtenir son indépendance », a déclaré Haskel. « Nous nous sentons très bien accueillis. »
Mais sous l’impulsion de Kedar, qui a quitté il y a sept ans le producteur de produits chimiques Makhtesim Agan pour rejoindre Amiran, ce dernier a commencé à se concentrer sur des petits fermiers qui n’avaient pas accès aux technologies agricoles.
La signature d’un contrat avec Amiran permet d’obtenir un « Kit du fermier », qui fournit aux petits producteurs tout ce dont ils ont besoin, des graines en passant par les serres et les engrais.
Les kits, qui coûtent 3 300 dollars, permettent de cultiver une surface de 500 m2. En payant un surplus, Amiran propose aux fermiers un contrôle mensuel par des agronomes expérimentés.
La compagnie a vendu 7 500 kits depuis 2009 et, selon Kedar, environ 75 % des acheteurs rencontrent le succès, rentabilisant ainsi leur investissement et obtenant la production qu’ils souhaitent
La compagnie a vendu 7 500 kits depuis 2009 et, selon Kedar, environ 75 % des acheteurs rencontrent le succès, rentabilisant ainsi leur investissement et obtenant la production qu’ils souhaitent.
Kedar insiste sur l’objectif principal d’Amiran, qui est de réaliser des profits, non pas de faire de la charité.
En conséquence, la compagnie a continué à se consacrer aux méthodes conventionnelles d’agriculture incluant l’utilisation d’engrais chimiques et des pesticides.
Amiran propose ses Kits biologiques du fermier à un coût légèrement plus élevé, mais Kedar explique que le bio représente une toute petite part des ventes globales de la compagnie.
Restreindre l’agriculture biologique pourrait porter préjudice aux fermiers à long terme, selon John Cheburet, qui anime une émission à la radio produite par « le Fermier biologique », une organisation kényane promouvant les pratiques biologiques.
Même s’il félicite Amiran d’apporter les technologies développées en Afrique, Cheburet s’inquiète des campagnes de marketing des grands groupes de l’industrie agronomique qui donnent l’impression que les méthodes conventionnelles sont le seul moyen de produire.
« L’utilisation à long terme de produits chimiques a eu un impact sur la structure du sol », explique Cheburet. « Le marketing vous fait croire que soit vous utilisez des pesticides, soit vous êtes condamnés. Si vous avez des vendeurs, leur intérêt est de réaliser des ventes, et non pas de montrer aux fermiers une vision plus large de ce qu’est l’agriculture. »
Le représentant du département de l’agriculture biologique d’Amiran, Ami Ben-Israël, déclare que son service prend de l’envergure, mais que les fermiers manquent de connaissances sur les pratiques biologiques. De plus, le marché est limité dans les environs de Nairobi.
Sur les 1 000 Kits du fermier vendus l’année dernière, seuls 40 étaient biologiques, même si Ben-Israël espère une augmentation pour cette année.
« En Occident, les personnes connaissent bien la production biologique », souligne Ben-Israël, un Juif noir qui a enseigné les méthodes d’agriculture biologique en Antigua et au Ghana.
« Ici au Kenya, c’est relativement nouveau. Les consommateurs dans les régions rurales ne sont pas encore complètement sensibilisés au bienfait de la production biologique, cela a été un défi de vendre dans cette région. »
Même en gardant un œil sur les bénéfices, Kedar déclare qu’Amiran aide les fermiers kényans à avoir une vie meilleure. En 2010, les Nations unies ont récompensé Amiran d’un prix pour son aide à l’éradication de l’extrême pauvreté et de la faim, un des objectifs majeurs de développement des Nations unies pour l’Afrique.
« Nous développons et entraînons les petits fermiers à rattraper leur retard », explique Kedar. « Nous voulons qu’ils voient que l’on peut produire beaucoup, même sur une petite surface. »
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