La Turquie compare (encore) Netanyahu à Hitler
Ces propos ont été tenus alors que le président turc pro-Hamas a lui semblé menacer d'envahir Israël

Quelques heures après que le président turc pro-Hamas Recep Tayyip Erdogan a semblé menacer d’envahir Israël en soutien aux Palestiniens, le ministère des Affaires étrangères, à Ankara, a comparé le Premier ministre Benjamin Netanyahu au führer nazi Adolf Hitler dans un communiqué émis dans la journée de lundi.
« Tout comme Hitler le génocidaire a connu sa fin, le génocidaire Netanyahu connaîtra lui aussi sa fin », a fait savoir le ministère, selon l’agence de presse d’État Anadolu.
« Et de la même manière que les génocidaires nazis ont été appelés à rendre des comptes, ceux qui cherchent à détruire les Palestiniens devront également répondre de leurs actes », a continué le communiqué. « L’Humanité toute entière se tient aux côtés des Palestiniens. Vous ne parviendrez pas à détruire les Palestiniens ».
Ces déclarations ont été les dernières d’une série où Ankara, au fil des ans, a comparé Israël aux nazis et Netanyahu à Hitler.
De plus, le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan a écrit sur X que « notre président est devenu la voix de la conscience de l’Humanité ».
« Ceux qui cherchent à réduire au silence cette voix juste et en particulier les cercles sionistes internationaux – avec parmi eux Israël – sont dans un état de panique terrible », a-t-il estimé. « L’Histoire s’est toujours terminée de la même manière pour tous les auteurs de génocide comme pour tous leurs partisans ». On ne sait pas si Fidan faisait aussi référence au génocide des Arméniens par la Turquie en 1915.

Dimanche soir, Erdogan avait semblé menacer Israël d’invasion pour mettre un terme à la guerre qui, depuis presque dix mois, oppose l’État juif au Hamas à Gaza, une guerre qui avait été déclenchée par le pogrom commis par le groupe terroriste sur le sol israélien, le 7 octobre.
La Turquie « doit être très forte de manière à ce qu’Israël ne puisse jamais faire subir toutes ces choses aux Palestiniens », avait indiqué le chef turc en évoquant la guerre. « Tout comme nous sommes entrés au [Nagomy-]Karabakh, tout comme nous sommes entrés en Libye, nous pourrions devoir faire la même chose aujourd’hui. Il n’y a rien que nous ne puissions faire. Nous devons seulement être forts ».
Ces paroles, qui ont été prononcées lors d’une réunion du parti qui était organisée à Rize, ont été les dernières d’une série de déclarations incendiaires faites par Erdogan au sujet d’Israël depuis le massacre du 7 octobre et depuis le début de la guerre qui a suivi à Gaza.
En 2020, la Turquie, qui était déjà placée sous la direction d’Erdogan, avait fourni un soutien militaire à l’Azerbaïdjan pendant un conflit de 44 jours qui avait trouvé son origine dans une dispute territoriale avec l’Arménie et le territoire dissident de la république d’Artsakh, mieux connue sous le nom de république du Haut-Karabakh. L’armée turque n’était pas intervenue directement mais elle avait fourni une aide, qui avait compris le déploiement de mercenaires syriens et la livraison de drones.
En 2020 également, la Turquie avait adopté un mandat d’un an qui prévoyait de déployer des troupes en Libye en soutien au gouvernement libyen qui était reconnu par les Nations unies, alors que le pays était en proie à une guerre civile.

En tant que membre de l’OTAN – organisation qui comprend notamment les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, l’Allemagne et d’autres alliés proches d’Israël – Erdogan se heurterait presque certainement à une opposition déterminée s’il devait tenter de passer à l’action militaire dans le contexte de la guerre à Gaza.
Il a affiché de forts désaccords avec ses alliés occidentaux, ces derniers mois, après les avoir accusés à plusieurs reprises de soutenir un plan israélien présumé qui viserait à « faire se propager » de façon intentionnelle la guerre dans tout le Moyen-Orient.
En riposte à la dernière menace qui a été proférée par Erdogan, le ministre des Affaires étrangères israélien, Israel Katz, a comparé le leader turc à feu le dictateur irakien Saddam Hussein dont le régime avait été renversé lors d’une guerre dirigée par les États-Unis, en 2003. Il avait été ultérieurement exécuté par un tribunal irakien après avoir été capturé et jugé.
« Erdogan emprunte le chemin de Saddam Hussein et il menace d’attaquer Israël. Il devrait toutefois se souvenir de ce qui s’est passé à ce moment-là et il devrait se souvenir de comment tout ça s’est terminé », a écrit Katz sur X.

Les relations entre Erdogan et Netanyahu ont été caractérisées par de nombreuses prises de bec en public dans un contexte d’alliance sous forme de montagnes russes entre Israël et la Turquie.
Les attaques avaient cessé quand les liens entre Jérusalem et Ankara s’étaient réchauffés.
Au mois de mai, Erdogan avait annoncé que la Turquie mettait fin au commerce avec Israël, indépendamment de sa nature.
Ces derniers mois, Erdogan est allé jusqu’à prétendre que Jérusalem s’en prendrait à Ankara une fois que l’État juif aurait atteint son objectif de guerre à Gaza – celui de détruire les capacités militaires et de gouvernance du groupe terroriste dans la bande et d’obtenir la remise en liberté des otages qui avaient été kidnappés par les hommes armés lors du pogrom du 7 octobre.
Dans un discours qui avait été prononcé devant le Parlement turc, au mois de mai, Erdogan avait déclaré à son parti qu’Israël « ne s’arrêtera pas à Gaza ».
« A moins qu’on ne l’arrête… cet État voyou et terroriste s’en prendra, tôt ou tard, à l’Anatolie », avait-il assuré à ce moment-là, jurant que la Turquie « continuera à se tenir aux côtés du Hamas qui combat en faveur de l’indépendance de la terre qui lui appartient ».
Depuis le début de la guerre qui avait commencé par le massacre commis par les hommes armés du Hamas dans le sud d’Israël – le groupe terroriste avait tué près de 1 200 personnes et ils avaient kidnappé 251 personnes, qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza – le leader turc a rencontré le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, à Istanbul, où il a encouragé les Palestiniens à s’unir contre Israël. Il a aussi comparé Israël à l’Allemagne nazie et Netanyahu à Hitler.

Au mois de janvier, Katz avait déjà réagi quand Erdogan s’était vanté d’avoir soumis des documents en soutien à la requête contre Israël qui avait été déposée par l’Afrique du sud devant la Cour internationale de Justice, où Pretoria accuse Jérusalem de génocide.
« Le président de la Turquie, le pays qui a commis le génocide arménien et qui a pensé que le monde garderait le silence sur ce sujet, est ‘fier’ aujourd’hui d’avoir transmis à la Cour de La Haye des documents qui accusent Israël de génocide », avait-il écrit sur X.
« Nous vous avons entendus. Nous n’avons pas oublié l’holocauste arménien et les massacres des Kurdes par la Turquie. C’est vous, les véritables auteurs de génocide. Nous nous défendons contre vos amis barbares », avait-il ajouté dans une publication furieuse.
Cela fait des décennies qu’Israël rejette la demande de l’Arménie qui supplie l’État juif de reconnaître officiellement le génocide qui avait eu lieu sous l’empire ottoman – Jérusalem tente ainsi de ne pas entraîner une détérioration de ses liens avec la Turquie et l’Azerbaïdjan, qui nient qu’un génocide s’est en effet produit.