La vie et l’œuvre de Bob Dylan présentées dans une nouvelle exposition israélienne
Le musée du peuple juif de Beit Hatfutsot célèbre l’un des juifs les plus influents du 20e siècle

TEL AVIV (JTA) – Comme beaucoup avant lui, Asaf Galay n’oubliera jamais la première fois qu’il a entendu Bob Dylan. C’était juste au moment de sa bar mitzvah et Galay, qui a grandi dans cette ville dans une famille de musiciens classiques, était un gentil garçon juif qui apprenait le violon.
Mais une fois entendu la musique de Dylan, tout a changé pour lui.
« J’ai dit à ma famille que je ne voulais jouer que de la guitare, raconte Galay en riant. C’était une grande déception pour eux. »
Il se trouve que Galay n’est pas devenu une rock star en grandissant, bien qu’il tâte toujours sa guitare. Aujourd’hui, il est conservateur au musée du peuple juif Beit Hatfutsot. Et le mois prochain, quand le musée de Tel Aviv fêtera sa réouverture à 100 millions de dollars, Galay a pensé qu’un moyen inspiré de lancer les festivités serait d’étudier la vie d’un autre gentil garçon juif : autrefois Robert Zimmerman, connu dans le monde entier sous le nom de Bob Dylan.
« Tout le monde connaît Bob Dylan : il est un personnage, et il était très important pour lui de rester un personnage énigmatique, dit Galay. Mais il y a aussi l’homme Robert Zimmerman, et qui il était en privé. »
Robert Allen Zimmerman est né le 24 mai 1941 dans une famille juive d’une petite ville du Minnesota. Ses quatre grands-parents étaient des immigrants d’Europe de l’Est.
Petit garçon, il était obsédé par le blues et le folk qu’il entendait dans la radio grésillante de la famille. Il a joué dans un groupe pendant le lycée, et quand il s’est aventuré dans la grande ville de Minneapolis pour l’université, il a rejoint le circuit folk local et a commencé à se faire appeler Bob Dylan.

Le nom fait référence, d’après Dylan, au poète Dylan Thomas, ainsi qu’au désir de se libérer des liens qui maintenaient ses parents et ses grands-parents.
« Vous êtes nés, vous savez, le mauvais nom, les mauvais parents. Je veux dire, cela arrive. Vous vous appelez comme vous voulez vous appeler. C’est le pays de la liberté », a-t-il déclaré lors d’un entretien avec CBS News en 2004.
Galay et son équipe à Beit Hatfutsot n’ont aucun désir de passer sous silence la relation compliquée de Dylan avec son héritage, dont l’anglicisation de son nom. La relation de Dylan à sa religion, comme sa voix emblématique et ses paroles à plusieurs niveaux, est compliquée.
Ce qui importe au musée, dit Galay, est que les paroles de Dylan ont une influence peut-être inégalée sur la vie américaine ; et ses chansons portent l’empreinte de son identité religieuse et spirituelle.
« Tant de personnes ont écrit sur Bob Dylan en tant que prophète, et l’influence juive de Bob Dylan et la pensée thématique juive, dit Galay. Mais nous n’avons pas essayé de trouver de nouveaux angles là-dessus. Nous voulions juste montrer ses sentiments, et la tradition de ce genre de musique. Ce qu’il a fait, c’est électrifier la musique folk. Il a rendu la musique folk sainte. »
La montagne russe de Dylan avec la religion est bien documentée. Il a grandi dans une petite communauté juive très unie à Hibbing, Minnesota. Il a fait sa bar mitzvah, est allé dans des colonies de vacances juives, et en Israël. Il a une fois été candidat pour rejoindre un kibboutz, mais sa candidature a été rejetée.
Il a également basculé dans les extrêmes radicaux : Dylan a rencontré Meir Kahane et a rendu hommage à l’énergumène de droite dans le magazine Time, puis s’est converti au christianisme et s’est considéré comme un évangélique « born-again ». Aujourd’hui, il fuirait toute religion organisée et n’appartiendrait à aucune église particulière.
Pour Galay, les racines juives de Dylan sont cependant indélébiles.
« La première fois qu’il s’est produit, c’était dans une colonie juive, au camp Herzl, dit Galay. Il est monté sur le toit et a commencé à jouer. Il n’était pas le violon sur le toit, il était la guitare sur le toit. »
L’exposition Dylan, justement intitulée « Forever Young », d’après l’une de ses chansons, explorera trois thèmes principaux : la révolution sociale que Dylan a lancée, son influence sur la musique dans le monde et sa propre relation complexe avec son identité juive. Dylan, qui veille farouchement sur sa vie privée, a refusé d’être impliqué, mais le musée a travaillé avec son manager pour collecter des films et des photographies rares et des douzaines de morceaux de musique.
Et le calendrier n’est pas une coïncidence. L’exposition, qui lancera la réouverture du musée du peuple juif Beit Hatfutsot sera inaugurée le 24 mai, le jour du 75e anniversaire de Bob Dylan. Ce sera la première exposition de Dylan de cette ampleur en Israël.
Galay espère que les visiteurs en sortiront aussi émus par les mots et les mélodies de Dylan qu’il l’a été quand il avait 13 ans.
« Nous voulions vraiment que l’exposition décrive sa carrière et son influence, dit-il. Dylan a créé une révolution pour la musique rock and roll. »
« Peu importe quelle genre de chanson il écrit, peu importe ce sur quoi il écrit, ce qui le rend différent, c’est qu’il a toujours eu un message. »
Cet article fait partie d’une série parrainée par le musée du peuple juif de Beit Hatfutsot, la seule institution du monde dévouée au partage de l’histoire complète du peuple juif avec des millions de visiteurs de tous les horizons.
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