La ville de New York donne son feu vert à la Journée contre la haine antisémite
La mesure n'a pas fait l'unanimité, des démocrates progressistes s'y sont opposés, accusant notamment d'islamophobie certains de ses partisans
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël

NEW YORK — Le Conseil de la Ville de New York a adopté, jeudi, une résolution qui déclare la date du 29 avril comme journée « End Jew Hatred », » alors même que les responsables œuvrent à enrayer des incidents antisémites qui se multiplient régulièrement dans la Grande Pomme.
Deux membres du Conseil ont voté contre cette mesure et quatre se sont abstenus, suscitant l’indignation des soutiens de la communauté juive. 41 personnes ont voté en sa faveur.
La résolution a été défendue par Inna Vernikov, une Juive élue sous l’étiquette du parti républicain et une opposante fervente à l’antisémitisme dans la politique de la ville. Elle a cité des chiffres de l’ADL (Anti-Defamation League) démontrant que les crimes antisémites avaient atteint un niveau record historique avec des incidents réguliers dans les rues de la ville de New York.
« Une tendance perturbante aux crimes de haine antisémites distingue dorénavant notre ville », a déclaré Vernikov lors de la réunion du Conseil. « Les choses sont devenues si graves que les Juifs américains commencent à mettre en doute leur sécurité et leur avenir dans notre ville et alors que des individus qui étaient visiblement Juifs, ont été agressés en plein jour pour leur foi, pour leur identité et pour leur religion, qui pourrait les en blâmer ? ».
Elle a expliqué que cette résolution visait à transmettre le message aux Juifs de la ville que « nous mettons de côté les différences politiques pour éradiquer la haine antijuive parce que nous reconnaissons tous que l’antisémitisme est inacceptable ».
La résolution n’a pas détaillé la manière dont la ville célébrera cette journée, chaque année.
Le sénat de New York avait introduit, l’année dernière, une législation similaire qui citait « End Jew Hatred », qui est une organisation qui prône l’adoption de législations aux niveaux des états et des localités pour combattre l’antisémitisme. Le groupe avait également rejoint des manifestations contre la haine antijuive aux côtés des leaders de la communauté de New York.
Proud to report that my resolution declaring April 29 as #EndJewHatred Day passed today in the Council….But not without controversy! With 2 NO’s and 4 abstentions! A NO to Ending Jew Hatred. Let that sink in! pic.twitter.com/1lfsNLJdCT
— Councilwoman Inna Vernikov (@InnaVernikov) April 27, 2023
Shahana Hanif, démocrate progressiste représentant Brooklyn, a indiqué qu’elle avait voté contre la résolution parce qu’elle était parrainée par « des organisations d’extrême-droite et par des personnalités islamophobes de droite ».
« Elles n’ont pas pris la défense des musulmans, elles n’ont pas pris la défense des trans de New York ou de qui que ce soit d’autre », s’est-elle insurgé.
« End Jew Hatred » dit vouloir éradiquer l’antisémitisme dans les sociétés occidentales, rejeter toutes les affiliations partisanes et le groupe refuse de se positionner sur d’autres problématiques.
Hanif est co-présidente du caucus progressiste du conseil de la ville et elle représente une partie de Boro Park, un quartier à l’importante population juive – avec de nombreux Juifs religieux identifiables.
Charles Barron, un autre démocrate de Brooklyn, a fait le choix de s’abstenir lors du vote, blâmant « l’inconsistance des membres de la communauté juive, et en particulier de ses leaders, s’agissant de dénoncer les haines, comme la haine du peuple palestinien, comme la mise à mort de femmes et d’enfants palestiniens par l’État d’Israël ou le vol de terres par Israël. »
Barron a aussi accusé les responsables de la communauté d’apporter leur soutien à l’apartheid en Afrique du sud.
L’ADL (Anti-Defamation League) a indiqué que Barron « s’associe aux groupes de haine antisémite et fait la promotion de positionnements anti-israéliens extrêmes avec l’intention de diaboliser l’État juif ».
Sandra Nurse, elle aussi représentante démocrate de Brooklyn, a également rejeté la résolution.
Rita Joseph (Brooklyn) s’est abstenue mais elle a déclaré plus tard regretter cette décision, affirmant qu’elle n’avait pas eu le temps de réexaminer correctement le texte proposé.
Vernikov et d’autres membres juifs du Conseil ont fustigé les opposants à la mesure.
« Il est absolument sidérant de constater qu’il y a des membres du Conseil qui ne veulent clairement pas éradiquer la haine antijuive. Votre antisémitisme est en train de percer », a dit Vernikov.
« Dans cette ville, qui d’entre vous peut nier que l’antisémitisme est devenu un véritable problème ? », a interrogé Kalman Yeger, un autre membre juif du Conseil.
Eric Dinowitz, président du caucus juif du Conseil a expliqué que « c’est tout simplement mensonger de dire que la communauté juive ne se tient pas aux côtés de nos frères et de nos sœurs dans les autres communautés et si vous ne le voyez pas, c’est simplement parce que vous ne voulez pas le voir ».
La police de New York a annoncé que 32 crimes de haine antijuifs avaient été commis le mois dernier, et 61 depuis le début de l’année.
A New York City, 263 crimes de haine prenant pour cible des Juifs avaient été enregistrés par la police en 2022 – une moyenne d’un incident antisémite toutes les 33 heures dans la Grande Pomme.
Ces incidents allaient des agressions violentes au harcèlement verbal et aux actes de vandalisme en passant par les graffitis antisémites.
Les groupes juifs en charge de la sécurité estiment, pour leur part, que de nombreuses agressions ne sont pas signalées.