L’ADL ‘dégoutée’ par la couverture antisémite d’un magazine vénézuélien
Le magazine illustre la supposée implication « israélite » dans un change de devise illégal avec un billet en forme d'étoile de David

La Ligue Anti-Diffamation (ADL) a exprimé son dégoût mercredi suite à l’utilisation de l’imagerie antisémite sur la couverture d’un magazine vénézuélien la semaine dernière.
Le 12 août, le magazine populaire Las Verdades de Miguel (« Les Vérités de Miguel ») a couvert la présumée utilisation illicite de devises étrangères par les entreprises, qui selon le magazine, était dirigée par des personnes « d’origine israélite ».
L’image qui orne la couverture du magazine présente une photo d’un Juif ultra-orthodoxe avec un billet d’un dollar plié en forme d’une étoile de David, avec le titre : « Les Rabbins de CADIVI » – une référence à l’organisme gouvernemental du Venezuela qui traite du change de devises.
« Depuis plusieurs années, nous avons vu des accusations et des thèmes antisémites qui apparaissent dans le discours de la population vénézuélienne » a déclaré le directeur de l’ADL Jonathan A. Greenblatt.
« Cette manifestation choquante et graphique de l’imagerie antisémite exposée publiquement dans les kiosques à journaux vénézuéliens est inacceptable et répugnant ».
Le Venezuela a été en proie d’une grave crise économique au cours des deux dernières années, exacerbée par la chute du prix du pétrole. L’économie du Venezuela devrait se réduire de 8 % cette année après une chute de 5,7 % en 2015, avec des pénuries alimentaires et de fournitures médicales et une inflation galopante à trois chiffres qui touchent la plupart des citoyens.
« A une époque où tout le Venezuela sent l’impact d’un préjudice économique grave, cette couverture de magazine non seulement alimente la base des vieux stéréotypes antisémites sur les Juifs sur le comportement peu scrupuleux envers l’argent, mais dangereusement pointe du doigt les Juifs qui profitent de cette crise et de l’enlisement de l’instabilité économique », a déclaré Greenblatt. « Ces manifestations conduisent à l’aggravation du sentiment d’isolement et d’insécurité de la communauté juive vénézuélienne ».
Le Venezuela a été en proie à un antisémitisme soutenu par le gouvernement. Le défunt président Hugo Chavez fasait un usage fréquent des discours antisémites pour critiquer ses adversaires, les accusant d’avoir des liens sionistes. Il avait demandé au service de renseignements du pays d’espionner la communauté juive du pays, et la radio d’Etat a souvent été utilisée pour diffuser des mensonges antisémites.
Lors de la campagne présidentielle de 2012, qui a été remportée Chavez, les médias d’Etat ont exhorté les Vénézuéliens à rejeter « le sionisme international ». Chavez lui-même a affirmé que l’agence des renseignements d’Israël, le Mossad, voulait le tuer.
Pendant les années Chavez, les organisations juives ont élaboré ensemble un plan avec les Juifs locaux pour organiser l’évacuation de la communauté juive du pays en cas de besoin.
Depuis le début du 21e siècle, le nombre de Juifs dans le pays a été divisé par deux pour arriver à moins de 10 000 Juifs.
En mai, l’ambassadeur du pays auprès des Nations unies a comparé Israël avec le régime nazi, en demandant si l’Etat juif avait prévu de « mener une solution finale » contre les Palestiniens. Il a présenté ses excuses plus tard.
Un récent sondage ADL a démontré que 30 % des personnes interrogées au Venezuela avaient des attitudes antisémites.