L’Afrique du Sud rétrograde ses liens avec Israël et n’aura plus d’ambassadeur
Lindiwe Sisulu dit que Pretoria maintiendra désormais un bureau de liaison à Tel Aviv sans "mandat politique, sans mandat commercial et sans mandat de coopération au développement"
La ministre sud-africaine des Affaires étrangères a déclaré que son pays n’enverrait pas de nouvel ambassadeur en Israël après la fin du mandat de son dernier envoyé son retour au pays l’année dernière.
« Nous sommes en train de suivre la résolution de déclassement du parti au pouvoir et la première étape est terminée », a déclaré Lindiwe Sisulu, ministre des Relations internationales et de la coopération.
Ses commentaires ont été formulés dans un discours prononcé à Johannesburg mercredi et ont été publiés sur le site Web de son bureau vendredi dernier.
« Notre ambassadeur est de retour en Afrique du Sud et nous ne le remplacerons pas », a-t-elle dit. « Notre bureau de liaison à Tel Aviv n’aura aucun mandat politique, aucun mandat commercial et aucun mandat de coopération au développement. Il ne sera pas chargé du commerce et des activités commerciales. Le Bureau de liaison se consacrera aux services consulaires et à la facilitation des relations interpersonnelles. »
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a déclaré le mois dernier que le pays était « en train » de déclasser son ambassade en Israël, tout en notant la volonté de Pretoria de s’engager avec les deux parties dans le conflit israélo-palestinien.
Les autorités israéliennes ont confirmé samedi matin que l’Afrique du Sud n’a « aucune intention de nommer un nouvel ambassadeur pour le moment ».
Des sources diplomatiques ont déclaré au site d’information Ynet que, selon elles, les nouveaux propos de la ministre des Affaires étrangères à ce sujet visaient à consolider les votes musulmans pour le parti au pouvoir dans le pays, l’African National Congress (ANC) lors des élections législatives de mai.
En décembre 2017, l’ANC, lors de sa conférence nationale bisannuelle de Johannesburg, a adopté à l’unanimité une résolution demandant au gouvernement de transformer l’ambassade de Pretoria à Ramat Gan en « bureau de liaison ».
Des militants pro-palestiniens locaux et de hauts responsables politiques de l’ANC, y compris Sisulu, ont depuis lors demandé à plusieurs reprises que la décision soit appliquée.
Le dernier ambassadeur sud-africain en Israël, Sisa Ngombane, a terminé son mandat l’année dernière et Jérusalem ne s’attend pas à ce que Pretoria envoie un remplaçant dans un avenir proche, ce qui pourrait être décrit comme une détérioration de fait des relations bilatérales.
Ramaphosa a déclaré que l’approche de son gouvernement « est éclairée par notre préoccupation face à la violation continue du droit du peuple palestinien à l’autodétermination et au refus du gouvernement d’Israël d’entamer des négociations significatives pour trouver une solution juste et pacifique à ce conflit ».
« Nous sommes également préoccupés par la résurgence des affrontements et des conflits dans la région et par le grave coût humanitaire d’une intransigeance accrue », a-t-il dit.
L’ancien ambassadeur Sisa Ngombane a été rappelé à Pretoria le 14 mai dernier pour protester contre la mort d’au moins 55 Palestiniens lors de violents affrontements avec les forces israéliennes à la frontière avec Gaza. Le groupe terroriste du Hamas qui dirige la bande de Gaza a déclaré plus tard que la plupart des morts étaient ses membres.
Il est ensuite revenu brièvement pour s’occuper de ses affaires personnelles avant de partir définitivement.
Les dirigeants juifs d’Afrique du Sud ont qualifié la décision du gouvernement de rappeler son ambassadeur « d’outrageante », et déclaré qu’elle montrait « une politique de deux poids deux mesures grossière contre l’Etat juif », demandant que cette mesure soit reconsidérée.
« En rappelant son ambassadeur, l’Afrique du Sud renonce à jouer un rôle significatif dans la recherche d’une solution au conflit. »
Raphael Ahren a contribué à cet article.