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L’AIPAC boycotte Otzma Yehudit, parti « raciste et répréhensible »

Le lobby pro-israélien s'est aligné sur l'AJC pour décrier l'union du parti kahaniste extrémiste courtisé par Netanyahu, dénonçant des vues antinomiques avec les valeurs d'Israël

Benjamin Netanyahu à la conférence annuelle de l'AIPAC à Washington DC, le 6 mars 2018 (Crédit : Chip Somodevilla/Getty Images/AFP)
Benjamin Netanyahu à la conférence annuelle de l'AIPAC à Washington DC, le 6 mars 2018 (Crédit : Chip Somodevilla/Getty Images/AFP)

WASHINGTON — Dans de très rares commentaires portant sur la politique intérieure israélienne, l’AIPAC et l’AJC, deux importantes organisations juives, ont condamné l’accord récent de fusion entre la formation HaBayit HaYehudi et le parti extrémiste Otzma Yehudit – une alliance dans laquelle le Premier ministre Benjamin Netanyahu a fait figure d’intermédiaire.

Cet accord pourrait permettre l’entrée au sein de la 21e Knesset d’au moins un député du groupement qui avait été formé par les disciples de Meir Kahane, à l’issue du scrutin du mois d’avril.

Dans un communiqué transmis jeudi soir, l’AJC (American Jewish Committee) a expliqué que « les points de vue d’Otzma Yehudit sont répréhensibles. Ils ne reflètent pas les valeurs qui sont au coeur de la fondation même de l’Etat d’Israël ».

L’AJC a précisé que si l’organisation « ne commente habituellement pas les partis politiques et les candidats durant une élection », elle s’est sentie « dans l’obligation de s’exprimer ».

Itamar Ben Gvir, in blue, and Baruch Marzel, with beard, marching through Jaffa in 2011. (photo credit: Yossi Zeliger/Flash90)
Itamar Ben Gvir, en bleu et Baruch Marzel, avec une barbe, traversent Jaffa en 2011. (Crédit : : Yossi Zeliger/Flash90)

« Historiquement, les points de vue des partis extrémistes, ceux qui reflètent l’extrême-gauche ou l’extrême-droite, ont été fermement rejetés par les formations dominantes sur la scène politique, même si le processus électoral de la démocratie israélienne robuste a permis leur présence – quoique faible – à la Knesset », a expliqué le communiqué minutieusement rédigé.

Il n’a pas explicitement mentionné les noms de HaBayit HaYehudi ou de Netanyahu qui a joué un rôle dans le processus d’union entre les deux formations.

Michael Ben Ari (à droite) et Itamar Ben Gvir du parti Otzma Yehudit devant la Commission électorale centrale le 21 février 2019. (Yonatan Sindel/Flash90)

Vendredi, l’AIPAC (American Israel Public Affairs Committee), le puissant lobby pro-israélien, a retweeté le communiqué de l’AJC.

« Nous sommes d’accord avec l’AJC. L’AIPAC a mis en place depuis longtemps une politique qui consiste à ne pas rencontrer les membres de ce parti raciste et répréhensible », a noté l’organisation.

Le groupe n’a pas précisé si cette politique s’étendrait dorénavant à HaBayit HaYehudi.

Netanyahu doit s’exprimer lors de la conférence annuelle de l’AIPAC, fin mars.

Le chef de l’ADL (Anti-Defamation League) a également fustigé la fusion mercredi. « Le racisme n’a pas sa place, ni l’intolérance, en Israël ou dans n’importe quelle démocratie. L’ADL a dénoncé dans le passé la rhétorique de haine des leaders du parti Otzma Yehudit. Il est troublant qu’ils retrouvent une légitimité par le biais de cette union », a écrit sur Twitter Jonathan Greenblatt.

A LIRE : L’infâme effort de Netanyahu pour faire entrer les racistes à la Knesset

L’analyste politique israélienne Tal Schneider a pour sa part invoqué un tacle massif pour Netanyahu. « En ce qui concerne la relation entre le Premier ministre et les organisations juives de la diaspora, c’est une explosion supersonique », a-t-elle écrit.

Le comité central de HaBayit HaYehudi a voté à une majorité écrasante, mercredi soir, l’approbation d’une fusion avec Otzma Yehudit (« Pouvoir juif ») – qui est dirigé par l’ancien député de l’Union nationale Michael Ben Ari et les extrémistes d’extrême-droite Itamar Ben Gvir, Baruch Marzel et Bentzi Gopstein.

Les leaders d’Otzma Yehudit, (de gauche à droite) : Michael Ben Ari, Itamar Ben Gvir, Baruch Marzel et Bentzi Gopstein dans une vidéo de campagne de financement public, le 5 novembre 2018. (Capture d’écran : Otzma Yehudit)

Otzma Yehudit est le filleul spirituel du parti Kach qui avait été fondé par le rabbin Meir Kahane. Il avait été interdit à la Knesset sous les termes d’une loi fondamentale mettant hors-la-loi les incitations à la violence, et il avait plus tard disparu du paysage d’Israël. Kahane, immigrant américain, avait également créé la Ligue de défense juive qui, avant son assassinat en 1990, avait promu l’annexion immédiate des territoires disputés et l’expulsion des Arabes de Cisjordanie.

Le chef de la formation, Ben-Ari, décrit Kahane comme son rabbin et son professeur. Parmi les autres responsables du parti, l’ancien conseiller de Kahane, Marzel, un habitant de Hébron organisateur d’une soirée annuelle au tombeau de Baruch Goldstein qui, en 1994, avait massacré 29 Palestiniens au tombeau des Patriarches; Gopstein, un rabbin à la tête de Lehava, groupe notamment opposé au mariage entre Juifs et non-Juifs et Ben Gvir, un avocat qui défend les militants de droite accusés de terrorisme juif.

Les partis HaBayit HaYehudi, Ihoud Leoumi et Otzma Yehudit déposent leur liste commune « Union des partis de droite » auprès de la Commission électorale centrale le 21 février 2019. (Raoul Wootliff/Times of Israel)

Cette initiative a rencontré une opposition chez certains membres du parti religieux, opposition qui s’est amenuisée dans les heures qui ont précédé le vote – en partie en raison des adoucissements amenés dans l’accord par Netanyahu.

Suite à la décision prise mercredi matin par les responsables d’Otzma Yehudit d’accepter l’offre soumise par les chefs de HaBayit HaYehudi, Rafi Peretz et Bezalel Smotrich — qui ont vu leur faction d’extrême-droite recevoir la cinquième et la huitième places sur la liste d’union – les leaders de HaBayit HaYehudi ont eu des entretiens-marathon avec Netanyahu à son bureau de Jérusalem. Au cours de cette rencontre de sept heures, le chef du gouvernement a fait de son mieux pour adoucir l’accord, sur lequel il aura intensivement travaillé ces dernières semaines.

Rafi Peretz lors d’un événement du comité central de HaBayit HaYehudi à Petah Tikva, le 20 février 2019 (Crédit : Jacob Magid/Times of Israel)

Netanyahu a affirmé en public qu’un échec de l’union des partis de droite les plus modestes pourrait mener un grand nombre d’entre eux à ne pas franchir le seuil électoral, ouvrant la voie à un gouvernement d’alternance – qu’il a qualifié de « coalition de la gauche ».

Lors de cette rencontre, Netanyahu a promis de donner deux fauteuils ministériels au parti HaBayit HaYehudi si ses membres acceptaient de fusionner avec Otzma Yehudit. Une source de HaBayit HaYehudi a déclaré au Times of Israel que les ministères du Logement et de l’Education avaient été offerts par le chef du gouvernement. De plus, le Premier ministre a promis d’offrir la 28ème place sur la liste du Likud – réservée à un candidat choisi par Netanyahu – à un député de HaBayit HaYehudi.

Etabli en 2012 sous le nom d’Otzma Leyisrael par Ben Ari et Ayreh Eldad, un grand nombre de points de vue adoptés par le parti sont les mêmes qui sont soutenus par les députés les plus radicaux de la Knesset – annexion de la Cisjordanie toute entière et construction d’implantations sans restrictions, opposition à un Etat palestinien et mise en place d’opérations militaires punitives en réponse aux attentats terroristes et une plus grande emphase sur le caractère juif d’Israël dans les systèmes éducatif, social et judiciaire.

Le rabbin Meir Kahane (Crédit photo : Yossi Zamir/Flash90)

Toutefois, ce parti ultra-nationaliste ajoute à ces positionnements d’autres qui sont ouvertement racistes. Il soutient d’encourager l’émigration des non-Juifs d’Israël et d’expulser les Palestiniens et les Arabes israéliens qui refusent de déclarer leur loyauté et d’accepter un statut sous-égalitaire dans un Etat juif élargi dont la souveraineté s’étendrait à travers toute la Cisjordanie – la Judée-Samarie biblique. Il appelle également à mettre un terme au statu-quo fragile mis en oeuvre sur le mont du Temple qu’Israël maintient depuis la capture et l’annexion du territoire lors de la guerre de 1967 – sous les termes duquel les musulmans sont autorisés à priser sur ce lieu saint disputé, les Juifs ne pouvant pas le faire.

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