L’AP n’a pas renoncé au soutien de Trump, selon un haut-responsable
Husam Zomlot, qui pourrait être le prochain envoyé de l’AP aux Etats Unis, a expliqué que la Maison Blanche doit encore entrer en contact avec les Palestiniens mais qu’elle ne souscrit pas à l’idée que la nouvelle administration soutienne pleinement Israël
Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël

L’Autorité palestinienne pense que le président américain Donald Trump n’a pas abandonné les politiques mises en oeuvre depuis longtemps par Washington en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, a rapporté lundi un haut-responsable palestinien qui devrait devenir le prochain envoyé aux Etats Unis.
Husam Zomlot, un haut-conseiller politique du président de l’AP Mahmoud Abbas, a expliqué que l’administration Trump doit encore entrer en contact avec l’AP.
Mais malgré ce froid apparent, Ramallah ne tient pas pour acquis que Trump désirera s’aligner à coup sur avec l’aile droite israélienne, comme de nombreuses personnes l’ont prédit, a dit Zomlot.
« Nous nous attendons à ce que les politiques mises en oeuvre par les Etats Unis concernant l’illégalité des implantations, le statut de Jérusalem et les contours de la solution restent les mêmes », a continué Zomlot.
« Nous n’avons entendu parler d’aucun changement de ces politiques jusqu’à aujourd’hui. Elles resteront donc notre hypothèse de travail jusqu’à ce que nous soyons informés du contraire », a-t-il ajouté.
Durant la première semaine de la présidence de Trump, Israël a approuvé la construction de 2 500 nouvelles maisons dans les implantations de Cisjordanie ainsi que la construction de 566 unités de logement à Jérusalem-Est, et le Premier ministre a promis de continuer sur sa lancée.
Les Etats Unis doivent encore répondre aux annonces qui ont été faites. Interrogé à ce sujet, le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, a simplement répondu que Trump évoquerait la question avec Netanyahu lors de la visite aux Etats Unis du leader israélien au mois de février.
Zomlot a déclaré qu’il ne pensait pas que le silence de l’administration Trump était un signe d’approbation tacite de ces constructions.
« L’administration Trump n’est pas encore entièrement formée », a-t-il dit, soulignant que le secrétaire d’Etat Rex Tillerson n’avait pas encore pris ses fonctions.
« Un jugement est prématuré. Nous espérons qu’il sera bientôt prouvé que la surexcitation du gouvernement israélien est infondée », a-t-il poursuivi.
Zomlot a affirmé que l’idée selon laquelle Trump autoriserait tacitement des constructions dans les implantations israéliennes est une supputation infondée avancée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
« Ce n’est pas l’administration Trump qui agit en ce moment. C’est le gouvernement de Netanyahu qui agit, en pensant que dans cette période d’incertitude [entraînée par la transition présidentielle] il peut, en fait, redessiner la politique américaine et décider le président Trump à abandonner la solution à deux états, comme l’a fait [Israël] », a-t-il dit.
Netanyahu a récemment déclaré qu’il souhaitait donner aux Palestiniens « pas exactement un état avec une pleine autorité, mais plutôt un presque-état« , sans donner plus de détails.
Les Palestiniens ont toutefois clamé que l’engagement pris par Netanyahu de construire des habitations dans les implantations de Cisjordanie ne faisait que démontrer que le Premier ministre ne portait qu’un intérêt de pure forme à la solution à deux états.
David Friedman, nommé par Trump au poste d’ambassadeur en Israël, a exprimé son soutien aux implantations israéliennes et les a financées.
Il a également fait part de ses doutes sur une solution à deux états.
Interrogé sur le fait de savoir si la nomination de Friedman était un éventuel signal envoyé par la Maison Blanche, Zomlot a répondu : « Les ambassadeurs ne font pas les politiques nationales. Ils les transmettent. Ce ne sont pas des décisionnaires ».

Mais Zomlot a reconnu qu’il y a bien une « inquiétude » au sein de l’AP.
« Mais nous ne spéculons pas ici. Nous n’agirons que sur la base de nos informations et de nos contacts directs avec la nouvelle administration », a-t-il ajouté.
Le remplacement de Maen Areikat, qui représente actuellement les Palestiniens lors des rencontres avec les responsables américains, par Zomlot est encore incertain. Selon des rapports, il aurait été pressenti à ce poste à la veille d’un important congrès du Fatah.
Malgré le manque de contacts entre Ramallah et Washington, Zomlot a maintenu que l’AP « aura des contacts avec l’administration américaine une fois qu’elle sera constituée en entier ».
« Nous nous attendons à être invités à la Maison Blanche et au Département d’état une fois que la nouvelle administration sera entièrement opérationnelle. Nous sommes un partenaire essentiel des Etats Unis depuis des décennies et nous n’attendons aucun changement en cela », a-t-il dit.
Les Etats Unis pourraient se ‘disqualifier’ comme intermédiaires
Zomlot a souligné que, dans le passé, Trump avait déclaré qu’il souhaitait réaliser un accord de paix, et que quand le président avait nommé son gendre Jared Kusher au poste d’envoyé dans la région, il avait également fait part de son enthousiasme, affirmant que Kushner était en mesure de créer la paix.
Dans une interview diffusée lundi, Trump a semblé reconnaître pour la première fois que les revendications des Palestiniens devraient être traitées, disant qu’il y avait « deux parties en lice » dans la question de la relocalisation de l’ambassade américaine à Jérusalem.
Abbas avait averti que l’AP pourrait révoquer sa reconnaissance de l’état juif dans le cas d’un déménagement de l’ambassade.
Mais au vu des signaux envoyés par l’administration Trump, qui sembleraient indiquer que cette dernière ne serait pas aussi attachée à une solution à deux états que ne l’étaient les précédents gouvernements américains, Zomlot a averti que les Etats Unis pourraient de facto « se disqualifier eux-mêmes » dans leur travail de médiation entre Israéliens et Palestiniens.
« L’engagement des Américains, depuis 1991, tous les accords qu’ils ont écrits et qu’ils ont signés se fondent sur une solution à deux états et sur les frontières d’avant 1967 », a-t-il expliqué.

Zomlot a souligné que même si les Etats Unis devaient retirer leur soutien à une solution à deux états, l’AP continuera à la poursuivre, notamment en continuant à livrer des efforts bilatéraux dans l’arène internationale.
« [Est-ce que le retrait du soutien des Etats Unis] à la solution à deux états signifierait que ce serait terminé ? Non. Cela signifierait juste que nous devrions trouver une nouvelle stratégie pour atteindre ce même objectif ».
« Et nous croyons que la loi et le consensus au niveau international, comme cela a été confirmé encore une fois lors du vote de la Résolution 2334 au Conseil de Sécurité des Nations unies, le multilatéralisme et le rétablissement des parrainages politiques internationaux pour trouver une solution – comme cela s’est manifesté à Paris lors d’une conférence de paix il y a deux semaines – est la seule manière d’aller de l’avant », a-t-il estimé.
Les 70 pays qui se sont récemment réunis à Paris dans le cadre d’une initiative de paix française ont réaffirmé qu’une solution à deux états est la seule qui soit acceptable pour la communauté internationale.
Ils ont appelé les deux parties à oeuvrer dans ce sens.
Après la réunion à Paris, Abbas a indiqué qu’il rencontrerait dans un avenir proche le président français François Hollande pour voir comment faire avancer cette initiative.
Une initiative qui a été rejetée par Israël, qui a affirmé que seules des négociations bilatérales pourraient être fructueuses.
Au cours d’un entretien téléphonique avec Netanyahu, la semaine dernière, Trump a également déclaré que des pourparlers bilatéraux étaient le seul moyen d’avancer, selon un communiqué de la Maison Blanche émis après l’entretien des deux dirigeants.