L’AP pourrait demander à Israël de fermer la frontière d’Allenby
Israël contrôle le côté cisjordanien d'Allenby, mais des Palestiniens et certains étrangers y passent pour se rendre en Jordanie ou pour entrer en Cisjordanie
Lundi, le Premier ministre de l’Autorité palestinienne (AP) Mohammed Shtayyeh a suggéré que les Palestiniens pourraient bien être obligés de demander à Israël de fermer le point de passage frontalier d’Allenby.
Il a fait ce commentaire lors d’une réunion hebdomadaire du cabinet, des propos concernant l’épidémie de coronavirus en Cisjordanie.
« Nous serons peut-être contraints de fermer les points de passage dans les prochains jours », a déclaré Shtayyeh, notant qu’une telle mesure serait effectuée en coordination avec Israël et la Jordanie. « Nous espérons qu’il ne faudra pas en arriver là ».
Ibrahim Milhem, porte-parole du Premier ministre, a fait savoir que ce dernier faisait spécifiquement référence au point de passage d’Allenby entre la Cisjordanie et la Jordanie.
Israël contrôle le côté cisjordanien d’Allenby, mais des Palestiniens et certains étrangers y passent pour aller en Jordanie ou pour entrer en Cisjordanie.
Les Palestiniens auraient besoin d’Israël pour faire appliquer toute décision de fermer Allenby.
Shtayyeh a ajouté : « Pour la deuxième fois, je l’affirme. Quiconque de l’autre côté voulant entrer en Palestine sera autorisé à le faire et quiconque ici ayant besoin de voyager pourra le faire ».

Le Coordinateur des activités du gouvernement dans les territoires (COGAT), l’organe du ministère de la Défense responsable de la liaison avec les Palestiniens, n’a pas immédiatement répondu à la demande de commentaire concernant les remarques de Shtayyeh.
Depuis que le nouveau coronavirus est apparu en Chine à la fin de l’année dernière, plus de 105 000 cas confirmés ont été enregistrés, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Le virus a tué plus de 3 550 personnes, dont la plupart en Chine, même si des cas ont été recensés dans 101 pays et territoires.
Le Premier ministre de l’AP a également annoncé que le nombre total de personnes en Cisjordanie infectées par le virus était passé de 19 à 20 – tous les malades sont à Bethléem.
Plus tard lundi, son porte-parole a déclaré que cinq autres personnes avaient été contaminées, portant à 25 le total des personnes infectées en Cisjordanie. Il a dit que l’un des nouveaux cas confirmés ne venait pas de Bethléem, mais de la ville de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie.
Peu après que les autorités sanitaires palestiniennes ont confirmé les premiers cas en Cisjordanie, le président de l’AP Mahmoud Abbas a déclaré l’état d’urgence pour 30 jours.
Depuis, Shtayyeh a annoncé la fermeture des écoles et des universités, l’annulation de toutes les réservations hôtelières et des conférences, la fermeture de sites touristiques et religieux, l’interdiction des rassemblements publics et des manifestations, entre autres mesures.
Il a aussi déclaré qu’il n’autoriserait personne à quitter ou à entrer dans Bethléem, sauf en cas d’urgence.
Lundi, le porte-parole a annoncé que les dizaines de touristes restants à Bethléem partiront de la ville dans les prochains jours.
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux semblent montrer Bethléem transformée en ville fantôme.
هكذا بدت شوارع بيت لحم الساعة 2:30 ظهر اليوم / أهم شوارعها خالية من البشر ، لا يخرج أهلها على أحد ولا يصل اليهم أحد . رعب الكورونا شل المدينة pic.twitter.com/7pKEIw7tH7
— د. ناصر اللحام (@nasserlaham4) March 8, 2020
Bethléem, la destination la plus prisée des touristes en Cisjordanie, accueille l’église de la Nativité, un site vénéré par les chrétiens comme le lieu de naissance de Jésus Christ. De nombreux hôtels, magasins et restaurants dans la ville dépendent du tourisme pour subsister.
Dans le même temps, Abbas a déclaré lundi que l’émir qatari Tamim bin Hamad Al Thani avait donné des équipements médicaux d’une valeur totale de 10 millions de dollars aux Palestiniens « afin de lutter contre le coronavirus », a fait savoir Wafa, l’agence de presse officielle de l’AP.
L’article ne précisait pas si les équipements iraient en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ou seulement vers un seul de ces territoires.
Lundi, Younis al-Ati, le gouverneur de l’AP à Tobas, a également donné l’ordre de fermer tous les cafés, les boutiques, les salles et installations sportives intérieures dans la zone de Tobas.
Sa décision est intervenue après que le gouverneur de l’AP à Naplouse Ibrahim Ramadan a imposé des mesures identiques pour sa région.