Lapid compte boycotter la cérémonie d’allumage des flambeaux de Yom HaZikaron
Le chef de l'opposition a dit à Miri Regev, chargée de la cérémonie : "En 3 mois, vous avez divisé la société israélienne, aucun faux feu d'artifice ne pourra le cacher"
Le chef de l’opposition Yair Lapid a annoncé qu’il n’assisterait pas à la traditionnelle cérémonie d’allumage des flambeaux qui marque la fin de Yom HaZikaron et le début de Yom Haatzmaout en raison des divisions sociétales qui ont été créées, selon lui, par le gouvernement avec son programme de refonte radicale de l’appareil judiciaire.
Dans un message adressé à la ministre des Transports Miri Regev, il a affirmé qu’il aimait l’État d’Israël – « mais en trois mois, vous avez divisé la société israélienne et aucun faux feu d’artifice ne pourra le cacher », a-t-il ajouté.
« Si l’unité nationale vous était si chère, vous n’auriez pas démantelé notre démocratie, vous auriez plutôt travaillé pour le bien des citoyens israéliens », a-t-il ajouté.
Mardi, des informations ont laissé entendre que Regev avait décidé que la retransmission en direct de la cérémonie serait remplacée par l’enregistrement d’une répétition de l’événement, la ministre issue du Likud étant inquiète face à la possibilité que la cérémonie d’allumage des flambeaux soit perturbée par des manifestants anti-gouvernementaux. Elle a précisé plus tard qu’un enregistrement ne serait diffusé qu’en cas de « dysfonctionnement extrême ».
Plus tôt dans la journée, Lapid avait déclaré que les chaînes de télévision publiques ne devaient pas accepter une telle proposition, insistant sur le fait que la cérémonie d’allumage de la torche « n’est pas une émission de propagande ».
« La décision prise par Lapid de ne pas assister à la cérémonie d’allumage des flambeaux creuse le fossé [dans la société] et conduit à encore plus de haine inutile entre nous », a tweeté en réponse le ministre de la Culture Miki Zohar, membre du parti Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
« En ces jours difficiles pour notre nation, ceux qui se considèrent comme des leaders doivent œuvrer en faveur de l’unité et mettre fin à la haine qui règne entre nous », a ajouté Miki Zohar.
Netanyahu s’était lui-même abstenu de participer à la cérémonie l’année dernière, alors qu’il était chef de l’opposition.
La cérémonie du Yom HaAtzmaout est normalement un événement apolitique officiellement supervisé par le président de la Knesset, et les Premiers ministres ne sont généralement pas invités à y prendre la parole. Bien que des informations récentes aient indiqué que Netanyahu envisageait d’assister à la cérémonie et de s’y exprimer – ce qu’il avait fait à plusieurs reprises dans le passé – il semblerait, selon d’autres sources de presse, que Netanyahu ne prononcera pas de discours, peut-être en raison des tensions nationales qui perdurent, et qu’il se contentera de diffuser un message préenregistré.
« Je n’ai pas l’intention d’autoriser quoi que ce soit d’illégal », a déclaré Regev lors d’une conférence de presse mercredi. « Tous ceux qui ont l’intention de perturber, de nuire à la cérémonie ne seront pas là. Nous ne le permettrons pas. »
La décision du chef de l’opposition fait suite à de graves tensions sociétales sur le projet controversé de réforme judiciaire du gouvernement. Plusieurs familles endeuillées ont même demandé à certains ministres et députés du gouvernement de ne pas assister aux cérémonies de Yom Hazikaron.
S’exprimant mercredi lors d’une réunion de faction de son parti Yesh Atid, Lapid avait exhorté les manifestants à ne pas protester durant le Yom HaZikaron, un message repris par le leader de HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz.
« Nous rendrons hommage à ceux grâce à qui nous sommes ici aujourd’hui et nous saluerons les familles endeuillées. J’en appelle à l’ensemble de la nation israélienne : Ne transformez pas les cimetières militaires en zones de conflit », avait ainsi déclaré Gantz lors d’une réunion de faction.
Eli Ben-Shem, président de l’organisation Yad Labanim, a mis en garde contre le risque d’affrontements verbaux, voire physiques, si certains ministres et députés n’ayant pas servi dans l’armée assistaient à des cérémonies organisées dans des cimetières militaires à l’occasion de Yom HaZikaron.
« Ils doivent faire preuve de bon sens, sans quoi nous assisterons à une catastrophe. Les cimetières [militaires] sont le saint des saints de l’État d’Israël. Si nous devions assister à des actes de violence et à des cris sur les tombes de nos enfants, j’en mourrais », a déclaré Ben-Shem à Kan Radio.
Mardi, le ministre de la Défense Yoav Gallant a rencontré des groupes de familles endeuillées qui organisent des événements à l’occasion de Yom Hazikaron, afin de discuter avec eux de leur opposition à la présence de membres du gouvernement lors des événements nationaux. Gallant a fermement contesté l’idée que les responsables politiques n’assistent pas aux cérémonies auxquelles ils ont l’habitude de prendre la parole.
Yom Hazikaron, qui débutera le 24 avril au soir, est l’occasion pour une grande partie de la population israélienne de se rendre sur les tombes de leurs proches, tués au cours de leur service militaire ou lors d’attaques terroristes.
De nombreux membres de familles militaires endeuillées se sont joints aux manifestations nationales contre la réforme judiciaire controversée du gouvernement, mais d’autres soutiennent la coalition actuelle et son programme législatif.