Lapid demande le report de la démolition du village bédouin de Khan al-Ahmar
Le ministre des Affaires étrangères a déclaré que le nouveau gouvernement avait besoin de temps pour étudier en profondeur les conséquences de cette décision

Le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid a envoyé dimanche une demande au secrétaire du Cabinet Shalom Shlomo et au procureur général Avichai Mandeblit demandant un nouveau report de la démolition imminente de Khan al-Ahmar, un village bédouin de Cisjordanie construit illégalement selon Israël.
Lapid précise que le nouveau gouvernement n’a pris ses fonctions que récemment et « n’a pas encore eu le temps d’examiner la question en profondeur de manière indépendante et sans s’appuyer sur les conclusions du gouvernement précédent ».
Par conséquent, a-t-il écrit, notant que la démolition est une « question particulièrement sensible », le gouvernement demande plus de temps « pour examiner les conditions nécessaires à l’évacuation de l’avant-poste et pour mener une enquête significative et approfondie de tous les aspects juridiques et des conséquences internationales de cette action.
En 2018, la Cour suprême a approuvé la démolition du village situé non loin de Maaleh Adumim et qui abriterait moins de 200 bédouins. Depuis 2018, le gouvernement, dirigé par le Premier ministre de l’époque Benjamin Netanyahu, a demandé une série de reports de la démolition.
Dans le passé, plusieurs partis de droite de la coalition actuelle – dont Yamina, formation du Premier nouveau ministre Naftali Bennett et Tikva Hadasha du ministre de la Justice Gideon Saar – ont critiqué Netanyahu pour son incapacité à mettre en œuvre la démolition.
En décembre 2019, le ministre des Finances Avigdor Liberman s’était moqué de Netanyahu pour ne pas avoir démoli le village par crainte que cela ne déclenche une enquête de la Cour pénale internationale. « J’appelle le Premier ministre Netanyahu à se ressaisir, à cesser les pirouettes politiques ; à cesser de chercher des excuses pour ne pas faire quelque chose, et à prendre la décision immédiate d’expulser Khan al-Ahmar », écrivait à l’époque Liberman.

L’État affirme que les structures, principalement des cabanes et des tentes de fortune, ont été construites sans permis et constituent une menace pour les habitants du village en raison de leur proximité avec l’autoroute.
Mais les villageois vivent sur le site depuis les années 1950 – date à laquelle le territoire était sous contrôle jordanien – et y sont arrivés après que l’État israélien les a expulsés de leurs maisons dans le Néguev.
Les résidents de Khan Al-Ahmar affirment qu’ils n’avaient alors guère d’alternative que de construire sans permis israéliens, car ces permis ne sont presque jamais délivrés aux Palestiniens dans certaines parties de la Cisjordanie, comme Khan Al-Ahmar, où Israël a le plein contrôle des affaires civiles.
Une fois le village démoli, les habitants devraient être transférés à plusieurs kilomètres à l’est, près de la ville palestinienne d’Abu Dis. Le site de relocalisation a été raccordé à l’eau, à l’électricité et aux égouts, et dispose d’une école afin de remplacer l’institution actuelle financée par l’Italie, construite à partir de pneus recouverts de boue et devenue un symbole pour le village.
L’année dernière, l’ONG de droite Regavim a demandé à la Cour suprême de forcer le gouvernement à aller de l’avant au sujet de la démolition. Le gouvernement a répondu en novembre en demandant à nouveau plusieurs mois pour examiner la situation et mieux préparer la démolition.
En réponse à la lettre de Lapid dimanche, Regavim a accusé Bennett de revenir sur ses promesses de campagne et de capituler devant Lapid.
« L’annonce de Lapid est une initiative politique destinée à signaler à Bennett et à ses partenaires qu’aucune de leurs promesses électorales ne peut être tenue », a déclaré l’organisation dans un communiqué. « Ni dans le Néguev, ni en Galilée, ni à Khan al-Ahmar. » Regavim a appelé Bennett « à montrer qui est aux commandes. Nous vous demandons d’évacuer Khan al-Ahmar immédiatement ! »