Lapid fustige la CPI pour avoir assimilé Netanyahu à Sinwar : « impardonnable »
Le procureur de la Cour pénale internationale a demandé des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et trois terroristes du Hamas - Yahya Sinwar, Mohammed Deif et Ismaïl Haniyeh
Le chef de l’opposition Yair Lapid a rejeté lundi la décision du procureur général de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, de demander des mandats d’arrêt contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant, ainsi que contre les dirigeants terroristes du Hamas, indiquant qu’Israël « n’acceptera pas de comparaison avec le Hamas ».
Le procureur de la CPI a demandé plus tôt dans la journée des mandats d’arrêt contre Netanyahu, Gallant et trois dirigeants du groupe terroriste palestinien du Hamas – Yahya Sinwar, Mohammed Deif et Ismaïl Haniyeh – pour des crimes contre l’humanité présumés, au huitième mois de la guerre dans la bande de Gaza déclenchée le 7 octobre suite aux massacres barbares perpétrés par la branche palestinienne des Frères musulmans aidée de complices civils.
« Il n’est pas possible d’émettre des mandats d’arrêt contre Netanyahu, Sinwar et Deif. Il n’y a pas de comparaison possible, nous ne pouvons pas l’accepter et c’est impardonnable », a-t-il expliqué, qualifiant la décision de « terrible échec politique ».
« J’attends de l’administration américaine qu’elle condamne les mandats d’arrêt. Je pense qu’ils nous soutiendront », a déclaré Lapid.
Le président Isaac Herzog a lui qualifié de « plus que scandaleuse » la décision du procureur Khan. « Pris de mauvaise foi, ce geste unilatéral représente une mesure politique unilatérale qui enhardit les terroristes dans le monde entier », a écrit Herzog sur X, « et viole toutes les règles fondamentales de la Cour conformément au principe de complémentarité et à d’autres normes juridiques ». Il a qualifié de « scandaleuses » toutes les tentatives visant à établir un parallèle entre les dirigeants du Hamas et le gouvernement démocratiquement élu d’Israël.
« Nous n’oublierons pas qui a déclenché cette guerre et qui a violé, massacré, brûlé, brutalisé et enlevé des citoyens et des familles innocents », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il attendait de « tous les dirigeants du monde libre qu’ils condamnent catégoriquement cette mesure et la rejettent fermement ».
Le ministre du cabinet de guerre Benny Gantz a aussi critiqué cette décision. Gantz a affirmé que l’armée israélienne respectait le droit international dans ses combats à Gaza et a qualifié la décision de « crime aux proportions historiques ».
« L’État d’Israël mène l’une des guerres les plus justes de l’histoire moderne à la suite d’un massacre répréhensible perpétré par le [groupe terroriste palestinien du] Hamas le 7 octobre », a rappelé Gantz dans un communiqué.
« Alors qu’Israël se bat avec l’un des codes éthiques les plus stricts de l’Histoire, tout en respectant le droit international et en s’enorgueillissant d’un système judiciaire indépendant et solide, établir un parallèle entre les dirigeants d’un pays démocratique déterminé à se défendre contre un terrorisme abject et les dirigeants d’un groupe terroriste sanguinaire constitue une profonde distorsion de la justice et une faillite morale flagrante », a déclaré Gantz.
« La position du procureur consistant à demander des mandats d’arrêt est en soi un crime aux proportions historiques dont on se souviendra pendant des générations », a noté Gantz.
Réclamer des mandats contre « le Premier ministre et le ministre de la Défense de l »Etat d’Israël aux côtés des abominables monstres nazis du Hamas », des « assassins et violeurs du Hamas » qui « sont en train de commettre des crimes contre l »humanité contre nos frères et sœurs » est une « attaque frontale » et « un déshonneur historique qui restera à jamais gravée dans les mémoires », affirme le ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz, dans un communiqué.
La décision du procureur général est « l’une des plus grandes disgrâces morales de l’histoire de l’humanité », a déclaré le ministre de la Justice, Yariv Levin.
« La décision, dont l’objectif est de refuser à l’État d’Israël le droit à l’autodéfense, et la comparaison entre les dirigeants d’Israël et les nombreux meurtriers à la tête du Hamas sont une expression claire de l’antisémitisme moderne et de la haine des Juifs, où qu’ils se trouvent », a-t-il affirmé dans un communiqué. « L’État d’Israël continuera à mener une juste guerre de défense contre le terrorisme, de la manière la plus morale qui soit et conformément au droit international », a promis Levin.
« Les citoyens d’Israël, et nombre de nos amis dans le monde, soutiennent aujourd’hui fermement le Premier ministre, les dirigeants du pays, Tsahal et les forces de sécurité », a-t-il ajouté dans une déclaration où le nom de Gallant est ostensiblement omis.
Les ministres d’extrême-droite Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir ont pour leur part accusé le procureur général de la CPI d’antisémitisme.
« Nous n’avons pas vu une telle démonstration d’hypocrisie et de haine des Juifs comme celle affichée par le tribunal de La Haye depuis la propagande nazie », a déclaré le ministre des Finances, Smotrich. « Les nazis parlaient aussi au nom de la ‘moralité’ et il n’y avait rien d’autre que de l’antisémitisme. » Smotrich a apporté son soutien à Netanyahu et à Gallant. « Les mandats d’arrêt à leur encontre sont des mandats d’arrêt pour nous tous », a-t-il souligné.
Ben Gvir a demandé à Israël de cesser de participer aux procédures judiciaires internationales « antisémites » de La Haye. « Le Premier ministre et le ministre de la Défense doivent ignorer le procureur antisémite et ordonner un assaut intensifié contre le Hamas jusqu’à ce qu’il soit complètement anéanti », a-t-il déclaré.
Un haut responsable diplomatique israélien a déclaré au site d’information Ynet que la décision du procureur général de la CPI de demander des mandats d’arrêt contre le Premier ministre et Gallant pour crimes de guerre est « une décision hypocrite et embarrassante au niveau international ». L’article précise que même si la décision était attendue, les responsables de Jérusalem ont été « choqués » lorsqu’elle est tombée.
La décision du procureur général de la CPI est une décision que « l’État d’Israël ne veut pas et ne peut pas accepter », a déclaré la chef du parti Avoda Merav Michaeli lors de la réunion hebdomadaire de son parti à la Knesset.
« Il est tout simplement scandaleux de mettre les dirigeants israéliens sur le même plan qu’un groupe terroriste ignoble et cruel. C’est quelque chose que nous ne pouvons accepter en aucune circonstance », a-t-elle déclaré.
Attaquant Netanyahu, Michaeli a déclaré qu’Israël subissait « une série d’échecs politiques sans précédent : des menaces d’embargo sur l’État d’Israël, des menaces et des considérations de sanctions économiques par les pays occidentaux, par l’ONU, allant même jusqu’à des sanctions sur des Israéliens à titre individuel ». « Et presque une décision d’imposer des sanctions à une unité militaire par les États-Unis, notre grand ami », a-t-elle ajouté, faisant référence au fait que Washington a envisagé, mais s’est finalement abstenu, d’imposer des sanctions au bataillon Netzah Yehuda de l’armée israélienne. « Chaque jour où Netanyahu reste au pouvoir […] il réduit à néant des décennies de sionisme, de sécurité et de construction de l’État d’Israël », a-t-elle déploré.
Le procureur Karim Khan a déclaré dans un communiqué avoir demandé des mandats d’arrêt contre Netanyahu et son ministre de la Défense, pour des crimes tels que « le fait d’affamer délibérément des civils », « homicide intentionnel » et « extermination et/ou meurtre ».
« Nous affirmons que les crimes contre l’humanité visés dans les requêtes s’inscrivaient dans le prolongement d’une attaque généralisée et systématique dirigée contre la population civile palestinienne (…) », a affirmé Khan en référence à Netanyahu et Gallant.
Les accusations portées contre les terroriste du Hamas, concernent Yahya Sinwar, Mohammed Deif et Ismaïl Haniyeh et incluent « l’extermination », « le viol et d’autres formes de violence sexuelle » et « la prise d’otages en tant que crime de guerre ».
Khan n’a pas émis lui-même de mandats d’arrêt mais a formulé des réquisitions. Ce sont les juges de la CPI qui devront décider s’il donnent suite à ses demandes.
Si les juges de la CPI décident d’émettre le mandat d’arrêt contre Benjamin Netanyahu, cela signifie qu’en théorie, n’importe lequel des 124 États membres de ce tribunal serait obligé de l’arrêter s’il se rendait sur leur territoire.
Mais même si le mandat d’arrêt pourrait compliquer certains déplacements des dirigeants israéliens, la CPI ne dispose d’aucune force de police pour faire appliquer ses mandats et s’appuie sur la volonté de ses Etats membres de jouer le jeu.
La CPI avait ouvert une enquête en 2021 sur Israël mais aussi le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens, pour de possibles crimes de guerre dans les Territoires palestiniens.
Elle l’a ensuite étendue « à l’escalade des hostilités et de la violence depuis les attaques du 7 octobre 2023 » perpétrées par le Hamas sur le sol israélien.
M. Khan a appelé à plusieurs reprises à la libération de tous les otages de Gaza et a mis en garde contre une opération militaire israélienne à Rafah.
À la mi-novembre, cinq pays ont demandé une enquête de la CPI sur la guerre entre Israël et le Hamas, M. Khan affirmant que son équipe avait rassemblé un « volume important » de preuves sur des « incidents pertinents ».
La guerre à Gaza a éclaté lorsque le Hamas a envoyé 3 000 terroristes armés en Israël, le 7 octobre, pour mener une attaque brutale au cours de laquelle ils ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage 252 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées à Gaza. Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.
Le ministère de la santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, affirme que plus de 35 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent, bien que seuls quelque 24 000 décès aient été identifiés dans les hôpitaux.
Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza. L’armée israélienne affirme avoir tué plus de 13 000 membres du groupe terroriste à Gaza, en plus d’un millier de terroristes à l’intérieur d’Israël le 7 octobre et dans les jours qui ont suivi l’assaut.
Il y a plus d’une centaine d’otages toujours retenus par le Hamas et ses complices dans l’enclave – tous ne sont pas en vie.