Lapid : Si nous agissons comme nos ennemis, nous deviendrons comme eux
Lors d'une conférence à l'université Reichman, le chef de l'opposition a estimé que les alliés occidentaux ne croient plus qu'Israël est "le seul représentant fiable des valeurs démocratiques et libérales au Moyen-Orient"
Le chef de l’opposition Yair Lapid a estimé jeudi, lors de la conférence « Democracy Under Fire » de l’université Reichman, qu’Israël est en danger « existentiel » parce que ses alliés occidentaux ne croient plus qu’il est « le seul représentant fiable des valeurs démocratiques et libérales au Moyen-Orient ».
« Le gouvernement américain, l’Union européenne et les pays libéraux ne croient plus que nous sommes un pays sain, sérieux et libéral » qui est « lié par le droit international », a-t-il déclaré, affirmant que bien qu’il mène « la guerre la plus juste de l’histoire », Jérusalem « ne parvient pas à rallier le monde à notre cause ».
« Ce qui se passe sous nos yeux est une avalanche. L’Espagne, la Norvège, l’Irlande et la Slovénie ont déjà annoncé la reconnaissance unilatérale d’un État palestinien, et d’autres pays sont sur le point de le faire », a-t-il poursuivi.
Lapid a affirmé avoir récemment rencontré le conseiller à la sécurité nationale d’un pays d’Europe centrale, qui l’a averti que si des mandats d’arrêt internationaux étaient délivrés à l’encontre de dirigeants israéliens, il n’aurait « aucune marge de manœuvre » et que les autorités judiciaires de son pays ont déclaré que « dès que Netanyahu atterrira à Paris, Berlin ou Madrid, il faudra l’arrêter ».
« Personne ne m’accusera d’être un grand fan de Netanyahu, mais il s’agit d’un désastre politique. Cela n’aurait pas dû se produire et aurait pu être évité », a-t-il ajouté, rejetant la tendance à accuser tous les critiques d’antisémitisme et se plaignant que, bien qu’il ait « reconnu haut et fort que nous avons le droit de nous défendre », le gouvernement a dilapidé le crédit « presque infini » dont il disposait depuis le 7 octobre.
« Pour relâcher la pression, nous nous disons que nous connaissons Amichaï Eliyahu et [Shlomo] Karhi et [Nissim] Vaturi, qu’ils ne savent pas de quoi ils parlent et qu’ils n’ont aucune influence. Ce n’est pas vrai. Ne faites pas de suppositions – ce sont des ministres du gouvernement, ils sont hauts placés dans la coalition, le monde n’est pas dupe, il voit la vérité : c’est notre gouvernement. C’est son chemin », a-t-il déclaré.
S’opposant aux déclarations des membres d’extrême droite du gouvernement selon lesquelles « en temps de guerre, des valeurs telles que la dignité humaine ou le respect du droit international sont une complaisance libérale occidentale », Lapid a déclaré que « si nous agissons comme [nos ennemis], nous deviendrons comme eux. Les valeurs ne sont pas quelque chose que l’on garde seulement quand c’est pratique. Les valeurs et les principes sont conçus précisément pour les moments difficiles. Si nous renonçons à nos valeurs, ce pays est en danger existentiel ».