Lapid soutient l’initiative saoudienne pour une solution à deux Etats
Six ans après le discours de Netanyahu à Bar-Ilan, le chef de Yesh Atid choisit le même endroit pour attaquer "l'arrogance et l'irresponsabilité" du Premier ministre
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
Le président du parti Yesh Atid, Yair Lapid a déclaré dimanche qu’Israël devrait accepter l’Initiative de paix arabe, proposée en 2002 par l’Arabie saoudite, comme base pour les négociations avec les Palestiniens et le monde arabe.
Dans un long discours de politique étrangère, Lapid a fustigé le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour une « politique diplomatique qui a échoué », et a déclaré qu’il était inacceptable qu’Israël n’ait pas encore réagi au plan depuis 13 ans qu’il a été proposé par le roi saoudien Abdallah.
« Netanyahu ne nous donne pas de sécurité. Sa politique n’apporte pas la sécurité. Au cours des dernières années, il n’a causé que des dommages à la sécurité d’Israël », a affirmé Lapid.
Il a également accusé Netanyahu de nuire aux relations avec les États-Unis en ayant defié l’administration Obama à propos de l’accord sur le nucléaire iranien, affaiblissant ainsi la position d’Israël dans la région.
Il a affirmé que les efforts de Netanyahu afin de bloquer l’accord en s’adressant au Congrès américain sans coordination avec le président Barack Obama était un acte « arrogant et brusque. »
« Etre venu parler devant le Congrès derrière le dos du président, sous les auspices du Parti républicain, seulement parce que des élections approchent en Israël, est un acte d’irresponsabilité nationale, » a dit Lapid.
« Je ne sais pas si les Israéliens ont déjà saisi l’ampleur des dégâts causés par Netanyahu, non seulement sur l’accord mais aussi sur des implications plus larges. Un leader responsable, un Premier ministre responsable, qui se soucierait vraiment de la résilience nationale d’Israël, aurait agi tout autrement », a-t-il ajouté.
Lapid a déclaré que les préoccupations communes d’Israël avec les Etats du Golfe sur l’accord iranien auraient été saisies comme une opportunité pour la coopération régionale.
« Nous aurions proposé de travailler ensemble pour construire quelque chose qui fait cruellement défaut: Une stratégie globale et cohérente contre la menace posée par l’Iran au-delà de la question nucléaire, un pays qui tente de se positionner par le terrorisme comme une puissance régionale. »
Lapid a prononcé son discours dans le cadre d’une conférence d’hommes d’affaires à l’université Bar-Ilan, établissant des comparaisons avec le discours de Netanyahu dans le même etablissement en 2009 dans lequel le Premier ministre avait approuvé l’idée d’un Etat palestinien aux côtés d’Israël.
A l’époque, dans ce qui est connu comme son « discours de Bar-Ilan », Netanyahu avait accepté la proposition de la Feuille de route de geler la construction des implantations, mais avait exigé que tout futur Etat palestinien soit démilitarisé et sans contrôle de son espace aérien.
Lapid, dont le parti centriste Yesh Atid siège actuellement dans l’opposition, a annoncé qu’il se présentera contre Netanyahu pour le poste de premier ministre lors des prochaines élections, ce qui rend symbolique le choix du lieu.
Comme Netanyahu, Lapid a dit qu’un futur Etat palestinien doit être démilitarisé, mais n’est pas entré dans les détails sur des questions controversées telles que le droit au retour des réfugiés palestiniens et de leurs descendants, Jérusalem, ni le contrôle des lieux saints.
Lapid a reconnu qu’il y avait des failles dans l’initiative saoudienne, mais a dit qu’elle devait former la base pour les futures négociations.
« Les parties sont déjà d’accord sur l’essentiel: la séparation qui conduira Israël à fusionner les grands blocs d’implantations, des mesures de sécurité clairement définies et la création d’un Etat palestinien indépendant et démilitarisé », a-t-il dit.
Le Likud a riposté à Lapid en disant que son discours faisait preuve « d’ignorance et de naïveté. »
Le ministre de la Sécurité publique Gilad Erdan, un membre éminent du Likud, le parti de Netanyahu, a attaqué le plan sur Twitter, en disant : « Pour être clair, quand Lapid parle de la séparation d’avec les Palestiniens, il parle de retraits et d’évacuation [israéliens]. »
Le discours vient alors que Lapid tente de se présenter comme une alternative à Netanyahu, en se concentrant de plus en plus sur les questions relatives à la sécurité et à la diplomatie internationale.

Dans la campagne pour les élections à la Knesset en mars, Lapid avait proposé qu’Israël propose un accord régional, suggérant au Premier ministre de se rendre au sommet de la Ligue arabe au Caire.
« Un accord régional pourrait donner aux Egyptiens qui œuvrent déjà pour maintenir le calme au Sinaï, et aux Jordaniens qui ont également maintenu leur traité de paix avec nous, un rôle pour nous aider à assurer notre propre sécurité », avait-il dit à l’époque.
Adoptée par la Ligue arabe en 2002, l’Initiative de paix arabe a eu un grand succès puisque que l’organisation avait evoqué pour la première fois l’éventualité d’échanges de territoires entre Israël et les Palestiniens.
Le geste a été largement compris comme une prise en compte des réalités qui avaient changé sur le terrain et qui permettrait à Israël de conserver les principaux blocs d’implantations en Cisjordanie dans un futur accord sur le statut final.
Raphaël Ahren a contribué à cet article