L’argent qatari est arrivé à Gaza mais tous n’en ont pas encore vu la couleur
Mohammed Al-Emadi a indiqué que les versements destinés à 100 000 familles pauvres étaient retardés en raison de "problèmes techniques"

Tard dimanche, environ 10 millions de dollars qataris sont entrés dans Gaza. Lundi soir pourtant, des familles palestiniennes dans le besoin devaient encore recevoir de l’argent, ce qui a entraîné la frustration de certains.
L’envoyé de Doha, Mohammed Al-Emadi, était dans l’enclave côtière pour verser ces allocations, qui doit permettre d’aider des familles palestiniennes pauvres et éviter de porter les tensions dans la bande sous blocus à un point d’ébullition. Al-Emadi, qui est fréquemment en contact avec le Hamas, l’Autorité palestinienne et Israël au sujet de Gaza, est entré dans l’enclave côtière dimanche par le point de passage d’Erez, le seul point d’entrée entre l’Etat juif et le territoire.
Il a déclaré à la chaîne qatarie Al-Jazzera dimanche que 100 000 familles recevront chacune des paiements sous la forme d’un billet de 100 dollars.
Même si Al-Emadi et le comité de reconstruction de Gaza n’ont pas annoncé que les banques postales de Gaza distribueraient les billets lundi, de nombreux Palestiniens faisaient la queue devant des bureaux de poste dans l’espoir de collecter les fonds.
Kamal Musbah, âgé de 46 ans, a déclaré à l’AFP hier à midi qu’il avait attendu dès l’aube devant une banque postale dans la ville de Gaza.
« Nous n’avons aucune information pour l’instant », a-t-il dit.
Musbah et environ 200 autres personnes ont fait éclater leur frustration quand on leur a dit dans l’après-midi de revenir le lendemain.

Un responsable du Comité de Reconstruction de Gaza n’a pas répondu à nos multiples appels téléphoniques.
Un communiqué publié par Al-Emadi tard lundi sur le site internet du Comité de Reconstruction de Gaza a expliqué le retard par des « questions techniques ».
Lors du dernier voyage à Gaza de l’envoyé qatari à la mi-mai, des banques postales avaient distribué des billets de 100 dollars fournis par le Qatar à des dizaines de milliers de familles de l’enclave côtière.
A la fin de son déplacement, Al-Emadi a dit à des journalistes présents dans la ville de Gaza que Doha continuerait à apporter « une aide financière aux familles pauvres et modestes pour une période de six mois », notant qu’il proviendrait des 180 millions de dollars que l’Etat du Golfe a promis d’envoyer à Gaza une semaine auparavant.
Le Qatar a annoncé le 6 mai qu’il enverrait 480 millions de dollars vers la Cisjordanie et Gaza pour « aider le peuple frère palestinien à couvrir ses besoins basiques ». Des officiels de l’Autorité palestinienne ont ensuite dit que Doha verserait 300 millions de dollars, principalement en prêts, sur des comptes à Ramallah et 180 millions de dollars à Gaza.
Dans la bande de Gaza, 53 % des Palestiniens vivent dans la pauvreté, selon un rapport de juin 2018 des Nations unies. Selon l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA), la principale organisation qui fournit des services de santé, d’éducation et autres aux réfugiés palestiniens, 80 % dépendent de l’aide internationale.
Un officiel qatari, qui s’est exprimé sous condition d’anonymat, a déclaré à l’AFP lundi que Doha qui fournirait 15 millions de dollars supplémentaires pour des projets d’infrastructure liés à Gaza mais aussi un programme de versement d’espèces en échange de travail sous l’égide des Nations unies.
Un certain nombre de Palestiniens ont récemment commencé des emplois temporaires dans le cadre de ce programme.
Des officiels du Hamas ont dit que les fonds qataris pour les familles appauvries et d’autres projets liés à Gaza relèvent de l’accord de cessez-le-feu entre des groupes terroristes du territoire et Israël.
L’AFP a contribué à cet article.