Israël en guerre - Jour 373

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L’armée annonce le lancement de raids terrestres limités contre le Hezbollah à la frontière libanaise

Ces incursions visent à éliminer les infrastructures du groupe le long de la Ligne Bleue ; "Nous comprenons le désir d'une opération limitée, mais nous nous inquiétons des risques de dérives," dit un officiel américain

Une frappe israélienne dans le sud du Liban, une photo prise depuis le nord d'Israël, dans la matinée du 1er octobre 2024. (Crédit : AP Photo/Leo Correa)
Une frappe israélienne dans le sud du Liban, une photo prise depuis le nord d'Israël, dans la matinée du 1er octobre 2024. (Crédit : AP Photo/Leo Correa)

L’armée a lancé des raids limités dans le sud du Liban, dans la nuit de lundi à mardi, prenant pour cible les terroristes et les infrastructures du Hezbollah situés le long de la frontière nord d’Israël. Le cabinet de sécurité avait approuvé, quelques heures auparavant, les plans déterminant la nouvelle phase de la guerre menée par Israël contre le groupe terroriste libanais – avec le soutien des États-Unis.

Aux premières heures de la matinée, mardi, Tsahal a indiqué qu’une incursion « ciblée et limitée » avait commencé quelques heures plus tôt, prenant notamment pour cible les infrastructures du Hezbollah qui sont installées dans un certain nombre de villages libanais, le long de la frontière – et qui constituent une menace immédiate pour les villes israéliennes situées de l’autre côté de la Ligne bleue, ont ajouté les militaires.

Les soldats en opération sur le terrain, dans le sud du Liban, sont aidés par l’armée de l’air et par les unités d’artillerie, a noté Tsahal, qui a ajouté que cette opération s’appuyait sur des plans qui ont été élaborés par l’état-major et par le Commandement du nord.

La présence des troupes israéliennes au Liban a été confirmée plusieurs heures après que des informations contradictoires ont fait leur apparition sur les réseaux sociaux et dans certains médias arabes s’agissant de l’entrée effective des forces israéliennes sur le sol libanais. Les troupes libanaises ont alimenté les rumeurs en se retirant à environ cinq kilomètres de la frontière, lundi en fin de journée, faisant apparemment le choix de se tenir à distance, comme elles l’ont toujours fait lors de conflits majeurs avec Israël.

Avant l’annonce faite par Tsahal, un responsable israélien avait déclaré au Times of Israel que l’administration américaine avait été informée de l’objectif de cette opération limitée, qui est d’éliminer les positions du Hezbollah le long de la frontière nord – ce qui permettrait de mettre en place les conditions nécessaires à un accord diplomatique spécifiant que les hommes du groupe terroriste devront se tenir au-delà du fleuve Litani, conformément à une résolution qui avait été adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU.

De la fumée s’élève du site d’une frappe aérienne israélienne qui a ciblé un quartier de la banlieue sud de Beyrouth tôt le 1er octobre 2024. (Crédit : Fadel ITANI / AFP)

Tentant apparemment d’apaiser les inquiétudes des États-Unis concernant le raid, deux responsables israéliens ont déclaré au site d’information Axios que l’opération serait limitée dans le temps et dans sa portée et qu’elle n’avait pas pour objectif d’occuper le Sud-Liban.

Alors que les États-Unis avaient fait part de leur préoccupation, lundi, face à la possibilité qu’une opération terrestre – même limitée – s’élargisse et qu’elle ne dégénère, l’administration Biden a semblé faire part de son soutien à l’incursion terrestre par le biais d’un entretien téléphonique qui a eu lieu entre le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, et le ministre de la Défense Yoav Gallant.

« Nous nous sommes accordés sur la nécessité de démanteler les infrastructures du groupe terroriste, le long de la frontière, afin de garantir que le Hezbollah libanais ne sera pas en mesure de commettre des attaques du type 7 octobre qui prendront pour cible les communautés du nord d’Israël », a expliqué Austin dans un compte-rendu de l’appel entre les deux hommes qui a été rendu public par le Pentagone.

Au cours de leur échange téléphonique, les deux hauts-responsables ont discuté des dernières opérations militaires menées par Israël et Austin « a clairement indiqué que les États-Unis soutenaient le droit à l’auto-défense d’Israël ».

S’il a semblé apporter son soutien à l’opération menée par Tsahal, Austin a néanmoins souligné que l’incursion n’était pas une fin en soi.

« J’ai réaffirmé qu’une résolution diplomatique était nécessaire pour garantir que les civils pourront bien retourner chez eux en toute sécurité, des deux côtés de la frontière », a-t-il déclaré dans le communiqué.

Le secrétaire américain a également « clairement établi que les États-Unis sont bien préparés à défendre leurs soldats, leurs partenaires et leurs alliés face aux menaces qui émanent de l’Iran et des organisations terroristes soutenues par l’Iran, et qu’ils sont déterminés à empêcher toute exploitation ou tout élargissement du conflit », a poursuivi le communiqué qui a ajouté qu’Austin « a répété les graves conséquences qui pourraient attendre l’Iran si Téhéran devait choisir de lancer une attaque militaire directe contre Israël ».

S’adressant au Times of Israel dans la nuit de lundi à mardi, un haut-responsable américain a souligné que si l’administration Biden comprenait et acceptait les visées d’Israël dans le cadre de cette incursion limitée, Washington craint toujours un enlisement de l’armée israélienne au Liban, redoutant également la possibilité d’un élargissement de la mission, le temps passant. Il a toutefois fait remarquer qu’Israël nourrissait la même préoccupation concernant d’éventuelles dérives.

Un autre officiel américain, qui a partagé le même point de vue, a souligné qu’Israël avait présenté son invasion au Liban, en 1982, comme une incursion « limitée » – et que celle-ci s’était transformée en une occupation du Sud-Liban qui avait duré 18 ans.

Ce début de l’offensive terrestre de Tsahal a lieu environ deux semaines après l’intensification des combats avec le Hezbollah et après le lancement de l’opération « Flèches du Nord », au début du mois de septembre. Leur objectif : permettre aux habitants du nord du pays de retourner chez eux après leur évacuation au mois d’octobre dernier, une évacuation qui avait été décidée en raison des tirs de roquette du groupe terroriste du Hezbollah, qui pilonne depuis quasi-quotidiennement le secteur.

Ce retour des résidents des communautés qui s’étendent le long de la frontière avec le Liban fait partie des « objectifs de guerre » qui ont été fixés par les autorités israéliennes dans le cadre de « l’opération épées de fer ».

Des soldats israéliens travaillent sur un véhicule blindé de transport de troupes (APC) dans le nord d’Israël, le 30 septembre 2024. (Crédit : AP Photo/Leo Correa)

Au début du mois de septembre, des milliers d’appareils de communication appartenant à des membres du Hezbollah avaient explosé, mettant hors d’état de nuire environ 1 500 terroristes – une opération dont l’origine a été largement attribuée à Israël.

L’État juif a ensuite procédé à des frappes ciblées et répétées pendant plusieurs jours, tuant la majorité des dirigeants du Hezbollah. Vendredi, l’armée de l’air israélienne a éliminé Hassan Nasrallah, le chef de longue date du Hezbollah, lors du bombardement, à l’aide de bombes anti-bunker, du quartier-général souterrain du groupe terroriste qui était situé sous des immeubles résidentiels de la banlieue de Beyrouth.

Dans un communiqué qui a été émis mardi matin, les militaires ont souligné qu’ils « continuait leurs opérations visant à atteindre les objectifs de la guerre », ajoutant qu’ils faisaient « tout ce qui est nécessaire pour défendre les citoyens d’Israël et pour permettre aux citoyens du nord d’Israël de retourner dans leurs foyers ».

Alors que les combats s’intensifiaient, l’armée avait averti qu’elle pourrait lancer une offensive terrestre limitée au Liban – ce qui a amené lundi le Premier ministre par intérim du pays, Najib Mikati, a tenté d’écarter cette perspective dans un effort désespéré, en déclarant que le gouvernement libanais était prêt à faire appliquer pleinement la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies datant de 2006 qui visait à mettre un terme à la présence des hommes armés du Hezbollah au sud de la rivière Litani.

Le Premier ministre intérimaire du Liban, Najib Mikati, lors d’une déclaration à la presse, à Beyrouth, le 29 septembre 2024. (Crédit : Bureau de presse du Premier ministre libanais/AFP)

Il n’a toutefois pas indiqué s’il était parvenu à un accord avec le Hezbollah sur la question – et il n’a pas précisé comment il proposait de mettre en œuvre la résolution 1701 des Nations unies, qui interdit au Hezbollah de maintenir une présence militaire au sud du fleuve Litani, sans recourir à la force contre le groupe terroriste qui contrôle effectivement le Sud-Liban.

Dans les heures qui ont précédé les raids limités, plusieurs pays européens ont commencé à évacuer leurs diplomates et leurs concitoyens du Liban. L’Allemagne a envoyé un avion militaire pour évacuer les parents des diplomates et autres, tandis que la Bulgarie a fait décoller un avion, sur ordre du gouvernement, qui sera chargé de ramener sur son territoire un premier groupe de ressortissants.

Le Royaume-Uni a fait savoir qu’il avait affrété un vol commercial pour ses citoyens désireux de quitter le Liban. Ce vol devrait partir de l’aéroport international Rafic Hariri, à Beyrouth, dans la journée de mercredi et d’autres liaisons suivront en fonction des demandes d’évacuation. Le Canada, pour sa part, a dit avoir réservé 800 places sur des vols commerciaux pour ses ressortissants souhaitant partir du pays. Environ 45 000 Canadiens se trouvent actuellement au Liban, et le prochain vol devrait décoller mardi.

Un homme et ses deux enfants débarquent en Bulgarie après avoir évacué le Liban, à l’aéroport de Sofia, le 30 septembre 2024. (Crédit : Nikolay Doychinov/AFP)

Au même moment où les militaires annonçaient le début de leurs raids à l’intérieur du Liban, les médias d’État syriens ont fait savoir que le système de défense antiaérienne du pays avait intercepté des « cibles hostiles » dans le ciel, dans les environs de Damas, après une explosion dont la déflagration avait été entendue dans la capitale.

La chaîne de télévision d’État a ensuite indiqué qu’un de ses présentateurs avait été tué dans, a-t-elle dit, « trois séries de frappes israéliennes » dans la région de la capitale. Rendant hommage à son présentateur, Sadaa Ahmad, la chaîne a déclaré qu’il était « tombé en martyr lors de l’agression israélienne qui a pris pour cible la capitale Damas ».

Citant une source militaire, le média a ajouté que deux autres personnes avaient également été tuées et que neuf personnes avaient été blessées. Des informations qui n’ont pas été commentées par Tsahal, qui ne s’exprime que rarement sur les signalements de frappes aériennes à l’intérieur de la Syrie.

Par ailleurs, les sirènes d’alerte à la roquette ont continué à se faire entendre périodiquement dans le nord d’Israël dans la soirée de lundi et aux premières heures de la matinée, mardi – parallèlement aux informations qui ont fait état de frappes israéliennes dans le sud du Liban et à Beyrouth.

Trois roquettes ont été lancées depuis le Liban en direction de la ville israélienne de Shtula peu avant minuit, activant les sirènes au sein de la communauté située à la frontière. Les roquettes sont toutes retombées dans des champs. L’attaque a été revendiquée par le Hezbollah.

Des sirènes ont également résonné au sein de la localité de Misgav Am, en Haute-Galilée, et à ses alentours. La frappe n’a fait ni blessé, ni dégâts.

Tsahal a indiqué, plus tard, que dix roquettes avaient été tirées depuis le Liban. Certaines ont été interceptées par le système de défense antiaérienne du Dôme de fer, d’autres sont retombées dans des champs.

Dans la matinée, trois autres roquettes ont été lancées depuis le Liban vers la Haute Galilée. Deux ont été interceptées tandis que la troisième a touché un champ situé aux abords de Baram, ont noté les militaires.

L’armée de l’air israélienne a aussi intercepté un drone qui volait au-dessus de la mer Méditerranée, à des dizaines de kilomètres à l’Ouest de la côte israélienne du centre du pays. Elle n’a pas précisé la provenance du drone.

Peu avant minuit, l’armée israélienne avait demandé aux civils libanais de fuir trois sites situés dans la banlieue sud de Beyrouth – un bastion du Hezbollah connu sous le nom de Dahiyeh – alors qu’elle se préparait à effectuer des frappes dans la zone. Les médias libanais ont signalé que de fortes explosions avaient été entendues dans toute la ville.

S’adressant à l’AFP sous couvert d’anonymat, un responsable libanais de la sécurité a déclaré qu’Israël avait mené au moins « six ou sept frappes » dans la banlieue sud de la capitale libanaise.

Le ministère libanais de la Santé a indiqué qu’au cours des dernières vingt-quatre heures, au moins 95 personnes avaient été tuées et que 172 avaient été blessées au cours des frappes israéliennes qui ont visé les régions du sud du pays, dans l’Est de la vallée de la Bekaa et à Beyrouth.

Dans le sud du Liban, les médias libanais et une source palestinienne ont déclaré qu’Israël avait pilonné un bâtiment du camp palestinien d’Ain El-Hilweh, à proximité de Saïda.

Cela a été la première frappe à prendre pour cible ce camp surpeuplé, le plus grand des camps de réfugiés palestiniens du Liban, depuis que les hostilités transfrontalières ont éclaté il y a maintenant près d’un an.

L’attaque visait Mounir Maqdah, le commandant de la branche libanaise de l’aile armée du Fatah palestinien, une branche appelée la Brigade des martyrs d’Al-Aqsa, selon deux responsables palestiniens proches des services de sécurité. Le sort qui a été réservé à Mounir Maqdah reste pour le moment indéterminé.

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